Une lecture objective et stratégique de la guerre de la Russie contre l’Ukraine nécessite de mettre aux vestiaires toutes nos croyances, nos tendances politiques et nos idéologies.

Il est bien connu que la guerre de propagande de chacun des belligérants dans un conflit vise à détruire le moral de l’autre, à justifier la guerre qu’il mène et à lui en faire porter la responsabilité, aussi bien au cours des opérations militaires qu’au cours des négociations menant à l’arrêt de des hostilités.

Par conséquent, il ne sert à rien de polémiquer et de prendre parti sur ces questions et d’autres, telles que les erreurs militaires de l’un et de l’autre, le caractère et la moralité des dirigeants, la démocratie vs la dictature…

Pourquoi la solution est pour bientôt, dans quelques jours ou au maximum dans quelques petites semaines ?

1) Parce que la Russie est une superpuissance, tout au moins sur le plan militaire et nucléaire. L’Occident et/ou l’OTAN ne peut prendre aucune mesure militaire sérieuse pour vaincre la Russie, car cela mènerait à une troisième guerre mondiale qui pourrait conduire à l’utilisation d’armes nucléaires.

L’Occident est donc contraint de se suffire de fournir aux Ukrainiens du matériel militaire incapable de renverser le rapport de forces, de l’argent, de la nourriture, de l’aide humanitaire, etc. qui leur permettent de tenir temporairement, pas plus.

2) Parce que la politique des sanctions est vaine face à des États totalitaires dirigés par une seule personne. L’exemple iranien est édifiant à cet égard.

3) Parce que renverser Poutine de l’intérieur est très peu probable, voire impossible, et de toute façon, prendrait beaucoup de temps.

4) Parce que l’économie mondiale est globalisée et que les pays sont devenus interdépendants. Par conséquent, les sanctions économiques contre la Russie constituent certes un fardeau pour l’économie russe, mais en même temps elles ont des retombées graves sur l’économie mondiale : contraction du commerce mondial ; réduction de la  croissance ; prix élevés des denrées alimentaires et de l’énergie ; et craintes de stagflation…

5) Parce que le président Biden a essuyé un échec en essayant de compenser la pénurie mondiale d’énergie (pétrole et gaz) et l’augmentation en flèche de ses prix, par le truchement de la levée des sanctions contre le Venezuela, par l’accélération des négociations avec l’Iran en vue d’un accord avec elle, et par sa requête en direction des pays du Golfe afin d’augmenter leur production, à savoir que toutes ces initiatives visent à émousser la carte des hydrocarbures dont dispose la Russie.

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6) Parce que la poursuite de la guerre aura pour conséquence une crise alimentaire dans certains pays du monde, et de surcroit la famine dans certains d’entre eux, ce qui peut conduire à des perturbations sécuritaires et même à des révolutions dans ces pays, déstabilisant de ce fait certaines régions du monde.

7) Parce que le nombre d’immigrants ukrainiens dans les pays européens augmentera avec la prolongation de la guerre et imposera un fardeau " croissant " aux pays d’accueil. De plus, la destruction de l’Ukraine augmentera au fil du temps, ce qui décuplera le prix de sa reconstruction pour l’Occident, et conduira de ce fait à la prolongation du séjour des immigrés ukrainiens dans les pays d’accueil avec la possibilité que certains d’entre eux s’y installent définitivement.

8) Parce que l’autorité ukrainienne a besoin urgemment de mettre fin à la guerre après sa déception concernant le niveau de l’aide occidentale qui s’est avérée limitée et incapable de modifier le rapport de force en sa faveur, malgré l’affichage de la volonté inébranlable du peuple ukrainien de confronter la Russie et de résister à son occupation.

9) Parce le président Poutine a besoin de mettre fin à une guerre qui ne semble pas se dérouler comme il l’avait prévue et pour qu’elle ne se transforme pas en une longue guerre d’usure qui épuiserait la Russie, accroîtrait son isolement international et détériorerait ses relations avec ses alliés et partenaires.

10) Parce que l’Union européenne ressent plus que jamais la nécessité de s’affirmer en tant que superpuissance, en consolidant son unité et en comptant sur ses propres forces sur le plan militaire, afin de se passer de la protection américaine et de redéfinir ses relations avec les USA sur la base d’un véritable partenariat et non en tant que subordonnée. Géopolitiquement, les intérêts de l’Europe peuvent diverger des intérêts américains concernant certaines questions.

Pour toutes ces raisons, il est clair que la prolongation de la guerre est préjudiciable à l’intérêt de tous les partis. Ils ont donc tous intérêt à mettre fin à la guerre dans les plus brefs délais.

Mais quelles seraient les grandes lignes d’une solution négociée ?

1) La région du Donbass reliée à la Crimée sous contrôle de la Russie lui sécuriserait la navigation dans la mer d’Azov et la mer Noire, ce qui constitue pour elle un enjeu géostratégique de première importance.  Cette région passerait sous influence russe, via son annexion pure et simple à la Russie ou en lui donnant un statut d’autonomie dans le cadre de l’État Ukrainien.

2) Des garanties occidentales de la neutralité ukrainienne en ne l’incluant pas dans l’OTAN et/ou en dotant l’Ukraine d’un statut de neutralité copié sur le modèle de l’Autriche ou de la Suède.

3) Des garanties russes documentées et fiables à l’Europe que la Russie n’étendrait pas son influence à d’autres pays européens et qu’elle respecterait leur intégrité territoriale et leur souveraineté.