" Nous pouvons nous attendre à tout de la part de la Russie, qui ne respecte aucune loi, et nous devons être préparés à ce genre de situation ", a rétorqué jeudi la première ministre finlandaise Sanna Marin. " Je ne pense pas que la Russie va utiliser ces armes à dessein, mais les bombardements en Ukraine frappent des usines chimiques et cela peut provoquer une catastrophe ", a souligné son homologue slovène Janez Jansa.
Risque de pénuries alimentaires
Sur le front économique, les Occidentaux se sont concertés jeudi pour répondre aux risques de pénuries alimentaires mondiales à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, deux exportateurs majeurs de blé.
" Les pénuries alimentaires vont se concrétiser ", a mis en garde le président américain Joe Biden à Bruxelles après les sommets du G7 et de l’Otan, assurant que les Etats-Unis comme le Canada, gros producteurs de céréales, allaient augmenter leurs exportations en conséquence.
Le Canada, quatrième producteur mondial de pétrole, a aussi annoncé jeudi une augmentation d’environ 5% de ses exportations de pétrole pour répondre " aux demandes d’aide " de ses " alliés, aux prises avec des pénuries " en raison du conflit en Ukraine.
Résolution " historique " de l’Assemblée générale de l’ONU
Une seconde résolution " historique " mais qui reste non contraignante: l’Assemblée générale de l’ONU a adopté jeudi à une écrasante majorité de 140 voix un nouveau texte qui " exige " de la Russie l’arrêt " immédiat " de son " agression " contre l’Ukraine. Lors d’un vote de cette Assemblée réunie depuis mercredi au siège des Nations unies à New York, 140 pays ont voté pour, 38 se sont abstenus et cinq ont voté contre, dont la Russie, la Syrie et la Corée du Nord.
Quelques applaudissements ont retenti dans l’amphithéâtre. Mais sans commune mesure avec l’accueil d’une première résolution adoptée le 2 mars par cette même Assemblée regroupant les 193 Etats membres de l’Organisation. Ce jour-là, lors d’un vote " historique ", 141 pays avaient approuvé un premier texte non contraignant qui " exige(ait) que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ". Cinq Etats – les mêmes que jeudi – avaient voté contre et 35 s’étaient abstenus, dont plusieurs pays d’Afrique et d’Amérique latine.Jeudi, l’Assemblée générale a donc adopté cette seconde résolution intitulée " conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine ", présentée par Kiev et initialement préparée par la France et le Mexique.
Parallèlement à l’Assemblée, Moscou avait soumis mercredi au vote des 15 membres du Conseil de sécurité une résolution sur la " situation humanitaire " en Ukraine, pays qu’elle a attaqué et envahi le 24 février. La Russie et la Chine avaient voté pour et les 13 autres pays s’étaient abstenus pour montrer, selon des diplomates, que le texte russe était " inacceptable ". Au contraire, l’ambassadeur de Moscou à l’ONU Vassily Nebenzia avait défendu " une résolution non politisée "!
100.000 militaires américains en Europe
Sanctions sur l’or russe
Sur le front économique, les pays du G7 et de l’Union européenne vont sanctionner toute transaction impliquant les réserves d’or de la Russie, pour éviter que Moscou ne contourne ainsi les mesures d’isolement financières prises par les Occidentaux, a annoncé la Maison Blanche. " Nous voulons fermer toute possibilité pour la Russie d’utiliser son or pour soutenir sa devise ", le rouble, a expliqué un haut responsable américain. Washington a aussi annoncé jeudi de nouvelles sanctions financières contre la Russie, visant le monde politique, des oligarques et l’industrie de défense.
Les pays du G7 ont aussi assuré jeudi qu’ils " ne ménageraient pas leur efforts " pour que Vladimir Poutine " rende des comptes " pour l’invasion de l’Ukraine, surtout s’il s’avère que les Russes ont commis des crimes de guerre.
Des munitions au phosphore
Sur le terrain, au moins cinq personnes sont mortes, dont deux enfants et huit autres ont été blessées dans des frappes russes dans la région de Lougansk, dans l’Est, a indiqué le gouverneur de la région, Serguiï Gaïdaï. Le gouverneur a ajouté que le bilan risquait de " s’avérer bien supérieur ". " L’aviation russe a commencé à larguer des bombes au phosphore sur Roubijné ", a-t-il accusé. Dans son message à l’Otan, le président ukrainien a relayé ces accusations: " Ce matin (…) il y a eu des bombes russes au phosphore. Des adultes ont été tués et des enfants ont été tués à nouveau ".
" L’enfer " de Marioupol
Sur le terrain, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov affirmait que sa milice paramilitaire, qui combat aux côtés de l’armée russe, avait pris la mairie de la ville assiégée et bombardée de Marioupol dans le sud-est de l’Ukraine, avant de publier une vidéo où il n’est question que d’un bâtiment officiel de la périphérie de cette grande ville. " Inch’Allah, Marioupol sera bientôt complètement nettoyé ", a lancé le Tchétchéne. Mais dans une vidéo publiée quelques heures plus tard, il assure que les forces de Moscou " ont complètement nettoyé les quartiers résidentiels de la partie orientale de la ville ". Les images montrent un groupe de soldats hissant un drapeau à l’effigie du dirigeant tchétchène sur un bâtiment endommagé. " Les soldats ont hissé un drapeau au-dessus du bâtiment du bureau du procureur du district de Levoberejny, le dernier libéré ", a-t-il écrit.
Cette ville portuaire sur la mer d’Azov, lourdement bombardée et où des témoins ont décrit des cadavres jonchant les rues, serait le cas échéant la première agglomération significative à être prise par la Russie, après une offensive d’un mois qui a vu l’armée russe à la peine face à la résistance acharnée des Ukrainiens, armés par l’Otan.
https://youtu.be/4JGFzEYTt3A
Les Ukrainiens accusent en effet les Russes de " déporter " des habitants de Marioupol vers la Russie. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a évoqué 6.000 habitants emmenés vers des " camps de filtration russes ". Ces accusations étaient invérifiables dans l’immédiat, mais le ministère russe de la Défense a de son côté affirmé que " 8.500 habitants de Marioupol ont pu être évacués sans aucune participation de la partie ukrainienne le 23 mars ", selon l’agence Interfax.
Au moins six civils ont été tués et 15 autres blessés jeudi dans un bombardement russe à Kharkiv, deuxième ville du pays (nord-est) selon le gouverneur régional Oleg Syniegoubov. Le bombardement, effectué avec des " armes de longue portée ", a touché un bureau de poste près duquel des habitants locaux recevaient de l’aide humanitaire, a-t-il précisé sur Telegram, dénonçant un nouveau " crime des occupants russes ".