Dans un Yémen exsangue par 8 ans de conflits, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite qui soutient le gouvernement yéménite contre les rebelles houthis a annoncé un cessez-le-feu à partir de mercredi pendant le mois de jeûne du ramadan, alors que des pourparlers s’ouvrent à Ryad.

Espoirs du Ramadan

" La coalition annonce par la présente l’arrêt des opérations militaires au Yémen à partir de 06h00 (03h00 GMT) mercredi 30 mars 2022 ", a-t-elle indiqué dans un communiqué publié mardi soir par l’Agence de presse saoudienne. Ce cessez-le-feu " coïncide avec le début de consultations entre Yéménites, dans le but de créer les conditions propices à leur succès et un environnement favorable pour le mois sacré du Ramadan pour faire la paix ", a ajouté le commandement de la coalition dans son communiqué. Le ramadan commence début avril dans le monde musulman.

Ryad accueille mercredi des pourparlers sous l’égide du Conseil de coopération du Golfe, qui regroupe six pays. Mais sans la participation des Houthis qui ont refusé de se rendre en territoire " ennemi ". Les rebelles Houthis, après avoir mené vendredi seize attaques contre le royaume, avaient annoncé samedi une trêve unilatérale de trois jours. Les insurgés, soutenus par l’Iran, ont proposé de rendre cette trêve permanente si Ryad lève le " blocus " sur le Yémen, cesse ses raids aériens et retire ses forces du pays en guerre depuis 2014.

La coalition internationale contrôle l’espace aérien et maritime du Yémen, et seuls les vols de l’ONU sont autorisés via l’aéroport de Sanaa. Une situation que les Houthis qualifient de " blocus ". " Je suis très reconnaissant du soutien unanime exprimé à l’égard des efforts des Nations unies pour une désescalade immédiate et un règlement politique du conflit ", avait tweeté avant l’annonce du cessez-le-feu l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg.

Échange de prisonniers

Mardi, Ryad avait dit attendre des " mesures sérieuses " de la part des Houthis, notamment un échange de prisonniers, avant de se prononcer. Les insurgés avaient annoncé dimanche soir un accord portant sur la libération de 1.400 prisonniers détenus par le gouvernement contre 823 détenus par les Houthis, parmi lesquels 16 Saoudiens, trois Soudanais et le frère du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi. " Un accord d’échange de prisonniers a été conclu par le biais des Nations unies ", avait tweeté le représentant des Houthis, Abdelkader Al-Mourtada. Le responsable de ce dossier côté gouvernemental, Hadi Haig, avait toutefois précisé sur Twitter que l’accord était " encore à l’étude ". Le dernier échange de prisonniers avait permis la libération de 1.056 personnes en octobre 2020.

Le Comité international de la Croix Rouge et du Croissant Rouge (CICR) au Yémen, qui gère les échanges de prisonniers, s’est félicité des progrès dans les discussions. " Mais nous sommes également conscients que les négociations de ce genre pendant un conflit actif sont complexes et prennent du temps ", a ajouté à l’AFP un porte-parole du CICR, Basheer Omar. L’Iran, de son côté, avait estimé mardi que le cessez-le-feu proposé par les Houthis avant celui de la coalition était un " message fort ". " En cas d’approche positive et sérieuse (de la coalition dirigée par Ryad), le projet de cessez-le feu peut constituer une bonne base pour mettre fin à la guerre actuelle ", a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires Étrangères, Saïd Khatibzadeh.

La coalition dirigée par l’Arabie saoudite intervient au Yémen depuis 2015 pour soutenir le gouvernement internationalement reconnu, après que les Houthis se sont emparés de la capitale Sanaa l’année précédente. Les rebelles ont pris le contrôle de la majeure partie du nord du pays, le plus pauvre de la péninsule arabique et voisin de la riche monarchie saoudienne. Avec près de 380.000 morts, des millions de déplacés et une grande partie de la population au bord de la famine, la guerre a provoqué au Yémen l’un des pires drames humanitaires au monde selon l’ONU.

Avec AFP