Le patriarche de Constantinople Bartholomée Ier, le primat des églises orthodoxes, a rencontré mardi à Varsovie des réfugiés ukrainiens pour leur témoigner sa solidarité et dénoncer l’agression russe contre leur pays. Arrivé en Pologne à l’invitation du président Andrzej Duda, qu’il a rencontré lundi, il avait dénoncé le même jour la guerre en Ukraine " injuste " et " infondée ".

Lors d’un discours à l’université catholique Stefan Wyszynski, il a qualifié " d’inimaginables " les destructions causées " par cette invasion horrible, dans la nation ukrainienne et dans le monde entier ". " Si toute guerre mérite condamnation, une guerre entre orthodoxes est absolument inacceptable ", a dit le dignitaire religieux de 82 ans venu dans une église orthodoxe à Varsovie pour prier pour la paix. Il a par la suite déplorer " la crise d’unité " traversée actuellement par les chrétiens orthodoxes.

Église ukrainienne autocéphale

Les églises orthodoxes nationales sont autocéphales, mais le patriarche œcuménique de Constantinople est reconnu comme leur autorité spirituelle à l’échelle mondiale. Quant à la population ukrainienne, en grande majorité orthodoxe, elle est divisée entre les fidèles du patriarcat de Moscou et ceux de la nouvelle Église indépendante de la tutelle russe. Le patriarche Bartholomée e reconnu formellement en janvier 2019 l’indépendance de cette dernière ce qui a provoqué une réaction violente de la hiérarchie orthodoxe moscovite. Celle-ci y a vu un " schisme " et a rompu tous ses liens avec Constantinople. Aujourd’hui, son chef, le patriarche Kirill, justifie l’invasion russe de l’Ukraine.

Une majorité des églises orthodoxes nationales ont graduellement reconnu l’Église ukrainienne, mais l’Eglise polonaise s’en est abstenue jusqu’à présent. Mardi, Bartholomée a été reçu par le président de l’épiscopat catholique polonais, l’archevêque Stanislaw Gadecki. Ce dernier a appelé à la " solidarité spirituelle et œcuménique avec la nation martyre ukrainienne ", dénonçant " la soif irrépressible de domination et le mépris pour la vie et la dignité humaine qui ont ressuscité les démons destructeurs du passé ".

Avec AFP