Le pape François a appelé dimanche les dirigeants à " entendre le cri de paix des gens " en cette " Pâques de guerre ", évoquant à nouveau l’Ukraine " martyrisée ", lors de la prière de Pâques, Place Saint-Pierre, au Vatican. (AFP)

 

 

Dans les abris antiaériens de Kharkiv, des marionnettes et des poèmes

Dans une station de métro transformée en abri antiaérien à Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, deux marionnettistes font vivre un conte de fées à des pantins, sous le regard envoûté d’une dizaine d’enfants et de leurs parents.Tout un casting de marionnettes, parmi lesquelles un roi à moustache et un troupeau de cochons, s’animent sous les mains expertes d’Oleksandra Chlykova et Anton Andriouchtchenko pour raconter l’histoire de princesses " différentes ".Une manière de faire un peu oublier aux enfants et à leurs parents les nombreux bombardements russes sur la deuxième plus grande ville d’Ukraine.

A l’aide de leurs téléphones portables, les marionnettistes arrachent quelques rires et même des exclamations à leur public captivé.

A la fin du spectacle, Oleksandra s’incline devant cette petite foule et invite les enfants à venir jouer avec les marionnettes.

" Se produire en direct, c’est toujours une émotion qui est dans le moment présent ", raconte Mme Chlykova. " Nous échangeons nos émotions et nous retrouvons notre bonne humeur. C’est difficile de le décrire, il faut le ressentir ".

 

A 21 km de la frontière russe

Dans le collimateur de Moscou depuis que le président russe Vladimir Poutine a annoncé retirer ses troupes de la région de Kiev pour se concentrer sur l’est de l’Ukraine, Kharkiv connait chaque jour des frappes meurtrières.

Les stations de métro de cette ville située à seulement 21 kilomètres de la frontière russe ont été transformées en immenses abris souterrains.

Samedi, deux personnes ont été tuées et 18 autres blessées dans un bombardement ayant visé le centre-ville, selon les autorités locales. Et, de même source, dix personnes sont mortes et 35 autres ont été blessées vendredi au cours d’une frappe contre un quartier d’habitation.

Dans les stations de métro, les matelas et les couvertures côtoient habits, jouets, affaires de toilettes. Les wagons ont été transformés en dortoirs.

 

Spectacle de poésie dans un bunker

Pour Oksana, 37 ans, le spectacle de marionnettes a été une éclaircie bienvenue. " De la vérité et de l’humour, ça vous donne un regain (d’énergie) et ça vous rend heureux ", dit cette mère accompagnée de ses deux filles.

Elles vivent dans un abri souterrain non loin de là, mais ont fait le déplacement pour ne pas manquer les marionnettistes.

" Quand vous assistez à ce spectacle, vous vous souvenez des histoires et, ensuite, cela change la façon dont vous regardez le monde ", confie-t-elle.

 

De l’autre côté de la cité, un autre spectacle, cette fois de poésie, prend place dans un bunker aux briques blanches, où s’entassent les lits improvisés.Serguiï Jadan lit à voix haute quelques vers, avec en fond sonore une mélodie, sous un néon violet.Devant lui, une petite assemblée suit avec attention le monologue lyrique et surréaliste, aux énigmatiques figures animales.

Ce poème est une " berceuse brutale ", qui s’inspire d’un livre pour enfants, raconte M. Jadan, une célébrité de la scène littéraire en Ukraine, où la poésie est un sport national.

" Une personne ne peut pas vivre avec seulement la guerre ", dit-il. " C’est très important (pour les Ukrainiens) d’entendre un mot, d’être capable de chanter ensemble, d’exprimer une certaine émotion. "

AFP

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des réfugiées ukrainiennes travaillant dans un atelier de couture à Strasbourg grâce à un plan organisé par la Fédération des entreprises d’insertion afin de trouver un emploi à ces femmes qui ont fui la guerre en Ukraine. En Ukraine, ils étaient étudiants universitaires ou gérants d’un fast-food. En France, elles travaillent dans la couture ou dans les espaces verts : à Strasbourg, les contrats d’insertion aident les réfugiés à repartir de zéro pour s’intégrer, et " pourquoi pas ", " rester ". (AFP)

 

 

Les gens attendent un tramway à l’extérieur de la gare principale de la ville de Dnipro, dans le centre de l’Ukraine, où un responsable de la ville a déclaré la veille que les restes de plus de 1500 soldats russes étaient conservés dans ses morgues, le 15 avril 2022.

 

 

 

" Ô Russie, puissance sacrée! ": une ville ukrainienne conquise doit se soumettre à l’envahisseur

 

Dans la cour de l’école de la petite ville ukrainienne de Volnovakha, cité ravagée par les combats et prise par Moscou, c’est désormais l’hymne russe qui retentit devant les écoliers. Sous le regard de soldats armés.Les enfants, plusieurs dizaines, se tiennent en rang devant l’établissement à l’occasion de la cérémonie de reprise des cours, un mois après la conquête de la bourgade par l’armée russe et ses alliés séparatistes.Ici, il n’y a plus électricité ni réseau téléphonique, ont constaté les journalistes de l’AFP lors d’un voyage organisé par l’armée russe.Partout, les maisons sont en ruines, témoignant de la violence de la bataille pour cette ville, située à mi-chemin entre la capitale séparatiste de Donetsk et le port de Marioupol, assiégé depuis un mois et demi par les forces russes.Dans le langage employé par la Russie, Volnovakha a été " libéré " des " néonazis " ukrainiens et la vie doit donc reprendre son cours. "Il est temps d’apprendre, dépêchez-vous les enfants ! ", déclare à ses camarades une petite fille aux joues roses, micro à la main et rubans blancs dans les cheveux.

L’hymne russe et celui des séparatistes

Derrière elle, des responsables sont debout près d’un drapeau russe et d’un autre aux couleurs des séparatistes. Un peu à l’écart, mais visible de tous, un soldat encagoulé et casqué surveille la scène, pistolet-mitrailleur entre les mains.

Quand l’hymne russe, hérité de l’URSS, retentit, les enfants écoutent, sans entonner ce chant qu’ils ne connaissent sans doute pas encore. Idem avec l’hymne des séparatistes.

" Ô Russie – notre puissance sacrée! (…) Gloire immense et forte volonté, sont ton héritage à jamais! ", chantent les hauts-parleurs, rares appareils à recevoir du courant.

La conquête russe le 11 mars de Volnovakha avait permis d’achever l’encerclement par le nord de Marioupol, port stratégique de la mer d’Azov, déjà attaqué depuis l’est et l’ouest.

" Bouclier humain "

Avant cela, pendant deux semaines, les défenseurs ukrainiens de la ville ont subi un déluge de feu.

Dans les rues, aujourd’hui, beaucoup d’habitations, de magasins et d’infrastructures civiles ont subi d’importantes destructions.

Pour le camp russe, ces destructions, ici comme ailleurs en Ukraine, sont la preuve que l’adversaire utilise la population comme " bouclier humain ".

Un mois après, des débris jonchent encore partout Volnovakha. Devant un hôpital éventré, des arbres ont été coupés en deux par la mitraille.

L’école N°5, située dans le centre-ville, a aussi subi des tirs. Plusieurs salles du bâtiment ont été soufflées.

" On a survécu à l’horreur, il y a eu des bombardements terribles ", raconte Lioudmila Khmara, 52 ans, une employée de l’école. Pourtant, elle veut rester car " on n’est jamais mieux que chez soi ".

Elle dit vouloir que Volnovakha fasse " partie de la Russie " et que " personne ne l’oblige " à parler ukrainien, dans cette région du Donbass très majoritairement russophone.

Moscou justifie son intervention militaire en Ukraine comme un devoir de protection des " Russes " du Donbass.

La lettre " Z "

Son armée ne laisse ici rien au hasard, même en l’absence de résistance armée : chars et véhicules militaires russes, ornés de la lettre " Z ", patrouillent dans Volnovakha, au milieu de civils à vélo.

L’hôpital municipal fonctionne lui tant bien que mal, malgré d’importants dégâts et en l’absence d’électricité.

Dans la pénombre, une infirmière, Natalia Nekrassova-Moukhina, 46 ans, affirme que ses patients, enfants, adultes et personnes âgées, viennent principalement pour soigner des blessures par éclats d’obus.  Les habitants qui restent sont toujours en mode survie.

" On n’a pas de gaz, pas d’eau, pas d’électricité et pas de réseau. On vit comme dans un trou ", lâche Lioudmila Dryga, 72 ans, une ouvrière à la retraite.

Svetlana Chtcherbakova, 59 ans, dit avoir tout perdu dans l’incendie de sa maison. " On n’a reçu qu’une fois de l’aide humanitaire, c’est tout ", affirme, la voix tremblante, l’ancienne responsable de la sécurité d’un supermarché.

Un employé des chemins de fer, Anton Varoucha, 35 ans, estime, lui que moins de la moitié des habitants de sa rue sont revenus vivre à Volnovakha, bourgade qui comptait avant quelque 20.000 habitants.

" Je ne sais pas encore si je vais rester. Pour l’instant, j’ai des parents ici qui sont vieux et malades ", dit-il. " On essaye d’écouter différentes stations de radio pour comprendre ce qu’il se passe. Mais c’est difficile d’avoir d’autres sources d’information " sans internet ni électricité.

AFP

 

 

 

 

 

A Boutcha, les gendarmes français font parler les morts

Un gendarme français, accroupi, fait vrombir dans le ciel de Boutcha un drone photographique. A ses pieds, la fosse commune s’étend sur 14 mètres dans la terre sableuse. Déjà 70 corps y ont été retrouvés.Dix-huit experts de l’Institut de Recherches criminelles de la Gendarmerie nationale (IRCGN) sont chargés depuis mardi de mettre en place une chaîne d’examen et d’identification sur le site de la plus importante fosse commune découverte à ce jour dans cette ville du nord-ouest de Kiev.Ces gendarmes interviennent d’ordinaire en France sur des scènes de crime, des accidents de la route ou des catastrophes naturelles. Plus occasionnellement, ils sont déployés à l’étranger, comme après l’explosion du port de Beyrouth en août 2020.

 

 

En combinaisons blanches ou uniformes bleu marine, un masque ou un passe-montagne pour se protéger de l’odeur de mort, ils extraient en un peu moins d’une heure trois corps.Chacun est ensuite disposé sur une table d’examen, protégée des regards par une tente blanche siglée " IRGCN ".A l’intérieur, six enquêteurs français pratiquent les premières et décisives " constatations ". A ce stade il s’agit d’un examen visuel, de la prise de photos et de vidéos ainsi que de mises sous scellés d’échantillons ADN.Leur mission, sous la houlette du colonel François Heulard, est de déterminer en priorité la date et la cause probable de la mort: par balle, explosion, calcination, voire mort naturelle.   Cet examen préliminaire dure environ trente minutes.

 

 

Entre chaque exhumation, les gendarmes français, assistés de leurs collègues ukrainiens pour la logistique et la sécurisation du périmètre, font des pauses pour boire, souffler et échanger.Chaque corps est ensuite remis dans une housse et emporté dans un camion frigorifique, pour une autopsie dans un institut spécialisé. Deux médecins légistes français font partie de l’équipe des 18 experts envoyés en Ukraine.Le " laboratoire mobile ADN " de la gendarmerie, qui permettra de recueillir les premiers échantillons destinés aux identifications de ces corps, est lui garé à proximité.Ensuite, il faudra également constater la présence de mutilation et d’éventuels autres actes de barbarie. Ces éléments matériels précis et circonstanciés permettront de nourrir les enquêtes locales et internationales qui ont été, ou seront ouvertes pour crimes de guerre.Car cette opération d’assistance française, " en accord avec les autorités ukrainiennes, pourra également contribuer à l’enquête de la Cour pénale internationale ", avait indiqué lundi les ministères français des Affaires étrangères et de l’Intérieur.

 

 

Les habitants de Boutcha ont enterré eux-mêmes ces corps pendant la sanglante occupation de la ville par l’armée russe, qui s’en est finalement retirée le 30 mars, après près d’un mois de présence.  Quelques jours après son départ, des journalistes de l’AFP ont vu une vingtaine de corps d’hommes habillés en civil, l’un les mains liées, éparpillés dans une rues. Des dizaines d’autres ont été découverts depuis, tout comme plusieurs fosses communes.  Les massacres de Boutcha ont provoqué des condamnations horrifiées du monde entier et poussé les alliés de Kiev à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie.Le site choisi pour creuser la fosse commune sur laquelle travaillent les Français l’avait été à la fois pour sa proximité avec une église et la morgue de la ville, explique à l’AFP le prêtre de la paroisse, Andriï Holovine.

 

 

Au sixième jour de l’opération d’exhumation, " 70 corps ont été trouvés, " en majorité des civils, ainsi que ceux d’un policier et de deux soldats ", précise de son côté le procureur de Boutcha, Rouslan Kravtchenko.Dans une tombe séparée, marquée d’une croix de fortune, les corps d’une femme et de deux enfants de quatre et 11 ans ont aussi été exhumés, ajoute-t-il. "Selon les premières constatations, il s’agit des corps d’une famille dont le véhicule a brûlé après avoir été touché par un tir de blindé russe ", explique Rouslan KravtchenkoSelon le maire de Boutcha, Anatoli Fedorouk, plus de 400 corps au total ont été découverts dans sa ville depuis le retrait des troupes russes.AFP

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un kiosque à souvenirs à Odessa, sur la mer Noire, exposant à la vente des cartes de voeux et autres gadgets portant des caricatures Vladimir Poutine et la Russie. (AFP)

Ivan Denchenko (gauche), 19 ans, et Daryna Mazur, 21 ans, qui travaillent au café Kiit, posent pour une photo dans la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine. Après avoir fui la capitale Kiev, Demchenko et son amie ont commencé à vendre du café depuis une fenêtre du rez-de-chaussée à Lviv. Six jours plus tard, le bouche à oreille du café Kiit qu’ils avaient ouvert s’était répandu et leurs tranches de tarte au poulet et à l’ananas s’épuisaient rapidement. (AFP)

Une affiche portant des images de célébrités occidentales dans une rue de la ville portuaire d’Odessa en guise de remerciement pour leur soutien et leur action en faveur de l’Ukraine.

Une autre réfugiée de Kiev, Iryna, vend des livres d’occasion dans la ville de Lviv.

Bravant la police, un manifestant russe tient une pancarte sur laquelle il a inscrit " Russie réveille-toi, pardonnez-nous l’Ukraine, non à la guerre " pour protester contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie, dans le centre de Moscou. (AFP)

Une bannière géante et un drapeau ukrainien ornent la façade de l’Altes Museum lors d’un spectacle de soutien à l’Ukraine à Berlin. (AFP)

Une plaque endommagée représentant les armoiries de l’Ukraine dans la cour de l’école incendiée du village de Bohdanivka, au nord-est de Kiev. Le " trident " ukrainien, appelé " Tryzub " représente en même temps le trident du prince Volodymyr, premier saint slave, ainsi qu’un gerfaut fondant sur une proie en piqué. Le symbole remonte aux origines nordiques des premiers fondateurs d’un Etat slave, lorsque le prince viking (ou Varègue pour les Byzantins) Riourik avait fondé Kiev au 9ème siècle.

Les obsèques d’un officier militaire membre du groupuscule ultranationaliste " Secteur droit ", un corps des volontaires ukrainiens, dans une église de Lviv. (AFP)

 

 

 

 

 

Vingt yachts russes immobilisés aux Pays-Bas

Les autorités douanières néerlandaises ont annoncé mardi avoir immobilisé 20 yachts dans des chantiers navals aux Pays-Bas, après les sanctions décidées contre la Russie et le Bélarus. "À la suite des sanctions contre la Russie et le Bélarus, les douanes ont placé 20 yachts dans 9 chantiers navals et commerçants sous surveillance accrue ", ont déclaré les autorités douanières dans un communiqué. "Parce que ces 20 yachts sont sous surveillance accrue, ils ne sont pas autorisés à être livrés, transférés ou exportés ", ont expliqué les autorités douanières.La plupart de ces navires de luxe, 14, sont en construction, deux sont en stockage et quatre en maintenance.La longueur des navires varient de 8,5 à 120 mètres. "Pour deux de ces yachts, il a été établi qu’ils sont liés à une personne figurant sur la liste des sanctions de l’UE ", ont précisé les douanes. Un autre yacht fait l’objet d’une enquête.Les autorités douanières néerlandaises avaient déjà annoncé mercredi l’immobilisation de 14 yachts, construits notamment pour des " bénéficiaires effectifs russes ".Plusieurs pays européens ont récemment annoncé la saisie de yachts visés par les sanctions depuis le début de l’invasion russe en Ukraine le 24 février.AFP

 

 

 

 

Le " Rêve " brisé

Sous un hangar en forme de croissant brisé à l’aéroport de Gostomel au nord de Kiev, le plus grand avion du monde gît plié et brisé, monument immuable de la bataille que la Russie a menée pour prendre pied vers la capitale de l’Ukraine. 
Le 27 février, l’armée russe avait détruit l’unique exemplaire de l’avion " Mriya ", le plus gros du monde fabriqué par Antonov, lors des combats qui ont eu lieu à l’aérodrome de Gostomel, près de Kiev, théâtre de combats acharnés.Cet appareil, l’An-225, unique au monde, qui mesurait 84 mètres de long et pouvait transporter jusqu’à environ 250 tonnes de fret à une vitesse pouvant atteindre 850 km/h, avait été baptisé " Mriya ", " Rêve " en ukrainien.Initialement construit dans le cadre des programmes aéronautiques soviétiques, notamment pour le transport de la navette spatiale Bourane, l’An-225 avait fait son premier vol en 1988.Après plusieurs années d’inactivité faute de moyens suite à la chute de l’Union soviétique, le seul exemplaire existant avait effectué un vol d’essai en 2001 à Gostomel, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest Kiev.  Il était depuis exploité par la compagnie aérienne ukrainienne Antonov Airlines.Cet avion a joué un rôle essentiel dans la distribution de masques à travers le monde pendant la crise du Covid-19, et servait régulièrement à l’Otan et aux compagnies pétrolières pour le fret de gros volumes.

 

 

 

 

 

 

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