Pour survivre, les clubs libanais ont souvent recours aux investissements personnels de leurs présidents et des membres de leurs conseils d’administration. Plusieurs écueils structurels empêchent aujourd’hui les clubs de football libanais de se développer.

Dans ce contexte de faiblesse des recettes, les présidents de clubs et leurs conseils d’administrations sont souvent contraints d’investir des montants importants, provenant de leurs ressources personnelles, pour financer les besoins des clubs.

Comme dans la section basketball, qui a vu l’éclosion ces récentes saisons de jeunes joueurs tels que Mark Khoueiry et Rudy Hajj Moussa, la section football accorde une grande importance à la formation des jeunes pour renforcer l’équilibre économique et sportif de Sagesse. Élie Yahchouchi, président du club de la Sagesse, explique dans un entretien avec Ici Beyrouth, que "nous sommes une équipe de milieu de tableau. La saison dernière, notre budget était de 175.000 dollars, cette année nous l’avons à peu près doublé, et notre but est de finir dans les 6 premiers. Nous visons à devenir champion du Liban d’ici trois ou quatre ans. Nous sommes en train de travailler sur la formation de jeunes joueurs en vue d’en faire des champions. Nous cherchons à créer de la synergie au sein des différentes équipes du club, dès les plus jeunes catégories".

La Sagesse a en outre réglé son problème d’endettement de ces dernières années et n’a plus aucune dette. Une véritable prouesse de gestion réalisée par la direction actuelle, qui nous a en outre assuré ne recevoir aucun financement de la part de partis politiques. Pour d’autres clubs, la donne est différente. Ici Beyrouth n’a pas pu avoir la confirmation du club, mais plusieurs sources du milieu du football libanais affirment que Ahed, champion du Liban 2022, est en partie financé par le Hezbollah.

Le football libanais est souvent dépendant des investissements personnels des dirigeants de ses clubs pour survivre financièrement. Photo : Fédération Libanaise de Football

Les nombreux écueils structurels du football libanais

Plusieurs écueils se dressent face à la professionnalisation et au développement du football libanais. D’abord, la juridiction actuelle imposée aux clubs est un frein à leur professionnalisation et à leur pérennité économique. Yahchouchi explique que "tant que le système juridique au Liban est tel quel, avec la possibilité pour les clubs sportifs de n’être que des associations, nous ne serons jamais professionnels. Les associations ne peuvent pas générer de profits. Le changement de statut des clubs vers des entreprises commerciales ne nécessite qu’une session parlementaire. Sans le passage aux entreprises commerciales pour les clubs, nous n’avancerons pas."

Ensuite, les stades utilisés les dernières saisons dans le Championnat du Liban sont pour la plupart en gazon artificiel. Ces surfaces génèrent un plus grand risque de blessures pour les joueurs. De plus, les joueurs libanais s’habituent à ce type de gazon et sont par conséquent moins à l’aise sur le gazon naturel sur lequel ils jouent lors d’échéances internationales avec la sélection. Interrogé par Ici Beyrouth à ce sujet, Élie Yahchouchi souligne que "le gazon artificiel est certes un problème. Mais ces terrains ne sont pas un frein pour réussir à avoir de bons résultats sportifs. Utiliser la qualité des pelouses comme prétexte à nos mauvais résultats est une mauvaise approche."

De plus, plusieurs joueurs libanais sont liés par des contrats à vie avec leurs clubs. Selon Yahchouchi, "ces types de contrats doivent être supprimés pour permettre une plus libre circulation des joueurs, dont tout le football libanais profitera".

Enfin, la qualité de l’arbitrage a longtemps été un sujet de questionnements, qui plonge en permanence le football libanais dans des crises. Yahchouchi explique que "le manque de confiance dans l’arbitrage est un véritable problème. Nos arbitres ne sont pas mauvais, mais font des erreurs. Notre public a été marqué par les victoires d’Ansar dans les années 90. Cette période a créé un précédent de manque de confiance des supporters envers l’arbitrage. Des formations doivent être faites aux arbitres. Il devrait y avoir du sang-neuf à la fédération au sein de l’arbitrage, avec un superviseur international des arbitres locaux, pour homogénéiser les décisions arbitrales, afin qu’une même situation de jeu soit toujours sifflée de la même façon dans le championnat local. Je préconise également la hausse des salaires des arbitres pour les professionnaliser. Il est important de créer de la confiance entre le public, les joueurs et les arbitres. Cette confiance contribuera grandement à développer le football libanais."

[email protected]