D’année en année, la même tradition se poursuit au Mzaar. Sous un soleil frappant, s’installent des stands locaux, des produits de la terre, au son des rythmes enivrants de la musique. La célébration de la fête de l’Assomption, le 15 août (la fête de la Vierge) se fait aussi, en soirée, sous le ciel illuminé de mille feux d’artifice. Cette ambiance de bonne humeur en plein été relève des traditions annuelles de ce lieu accueillant, marqué par la joie de vivre et les retrouvailles. Cet été, l’événement se déroule du 5 au 21 août 2022.

L’organisatrice de l’événement, Nicole Wakim, atteste cette énergie de vivre et le succès de cet événement cet été, après une longue période tumultueuse et la période de confinement. Elle partage avec Ici Beyrouth son enthousiasme à la vue de la foule qui emplit l’espace de l’exposition et les restaurants de la région:

" Il existe plus de cent participants à l’exposition, des domaines de la décoration, de la mode, de la joaillerie, sans compter les boutiques à concept, les créateurs… Une partie de l’exposition englobe des artisans libanais alors que l’autre partie comprend tout ce qui est nourriture et boissons, restaurants, pubs, produits libanais et produits du terroir.

Par rapport à la situation actuelle au Liban, on ressent que les gens ont vraiment envie de respirer, à commencer par l’air frais de la montagne, et puis de sortir un peu de l’engrenage de Beyrouth, de la morosité et de la crise économique, ainsi que des problèmes d’eau et d’électricité, de la pénurie d’essence et surtout de la chaleur. On se retrouve ici après une longue absence, surtout que c’est une période post-Covid où pour la première fois, on remarque qu’il y a une telle affluence. C’est un retour en toute énergie. On a également tenu à faire les feux d’artifice cette année, après avoir reçu une petite donation. On a jugé nécessaire de garder espoir et de revivre. "

 

Le recyclage créatif de Plastic Lab 

Ils portent en eux l’expertise des connaisseurs, l’énergie de la jeunesse, la résilience de ceux qui vivent au Liban et le pouvoir de la persévérance et de l’espérance. Ils sont les trois piliers de l’équipe Plastic Lab et leur équipe grandit de jour en jour, soudée par un esprit dynamique et créatif, un travail consciencieux et une expertise de leurs domaines respectifs complémentaires.

Rencontré au cours de l’exposition au Mzaar Summer Festival, Ralph Borgi, ingénieur mécanique spécialisé en solutions environnementales, cofondateur de Plastc Lab – aux côtés de Rami Sbeih, biochimiste, initiateur de l’idée et de Ralph Sbeih, ingénieur civil, expert en planning environnemental et infrastructure – décrit avec enthousiasme le processus de travail et répond aux questions d’Ici Beyrouth :

Comment votre activité est-elle née ?

Nous avons débuté en tant que petite entreprise au Liban. Nous avons rejoint l’incubateur Berytech en 2020 pour le programme " Cleanergy ", en plus d’une compétition avec " Makesense ", lancée par l’Institut français. Nous avons gagné les compétitions et les fonds nous ont aidés à développer notre business. Nous avons actuellement un dépôt de 800 mètres à Halat. Cela s’est répercuté positivement sur notre capacité de production, l’augmentation du nombre des employés et l’expansion de l’équipe.

Qu’en est-il des modèles que vous concevez et du genre de matériel utilisé ?

On trie le plastique par genre et par couleurs, ce qui nous permet d’avoir une plus grande flexibilité et des modèles adaptés aux souhaits et aspirations des clients. Le matériel est donc conçu à partir du plastique purement recyclé à 100 %. Nous utilisons essentiellement deux types de plastique, du type 2 et du type 5. Le type 2 est conçu à partir de bouchons de bouteilles d’eau potable et de bouteilles de liquide à vaisselle et de shampoing tandis que le type 5 comprend des genres de détergents.

Quelle est votre valeur ajoutée ?

Comme on vient de le mentionner, notre matériel est basé sur du plastique pur à 100 %, sans métal ajouté, ni déchets organiques ou aliments. De plus, les catégories de couleur que nous créons nous permettent d’obtenir différents modèles adaptés aux choix de nos clients. Les meubles seront donc faits sur mesure et adaptés aux besoins des acquéreurs.

Quel est votre but ultime ?

Le but de Plastic Lab est de transformer les déchets en plastique en matériau de construction et fourniture. En termes de matériel de construction, nous produisons et vendons des modèles de murs en briques-lego, chaises et chaises pliantes, tables, bancs, tabourets, corbeilles ou poubelles, tables de pique-nique, lampes de chevet, boîtes à mouchoirs, etc. Ces modèles sont les nôtres, mais nous sommes également ouverts à tout genre de collaboration avec un créateur de produits qui pourrait créer un modèle spécifique ou répondre à une exigence particulière d’un acheteur. Nous travaillons actuellement en vue de l’obtention de certificats afin de pouvoir exporter.

Quels sont les bénéfices pour un pays comme le Liban surtout que nous sommes en pleine corruption ?

La situation au Liban nous est aussi difficile qu’elle l’est à tout le monde. Cependant, les personnes qui trient le plastique, les papiers, ou tout genre de matériel à la maison n’avaient pas pu voir l’aboutissement de leurs efforts en un produit quelconque. Il y a trois ans, tout genre de déchets était mélangé, sans tri apparent ; les déchets organiques, solides, recyclables étaient finalement mixés. Tout le travail accompli à la maison se trouvait vain.

Aujourd’hui, avec Plastic Lab, les gens peuvent s’identifier plus à cet aboutissement et seront dotés d’une plus grande motivation pour continuer à faire le tri parce qu’ils réalisent qu’il existe un produit tangible devant eux, un produit qu’ils peuvent voir, toucher et utiliser.