Les Fabulous Series frappent de nouveau au Casino du Liban, repoussant encore une fois les limites de la performance artistique et de la beauté que l’on pensait atteintes au spectacle précédent. C’est ainsi qu’après le "Formidable Aznavour" et l’envoûtante "Histoire d’amour" de Barbara, nous arrive la féérie orientale "Viva la Divas" avec la grande Soumaya Baalbaki.

Sur un répertoire minutieusement choisi par le maestro Harout Fazlian – concepteur de tout le projet des Fabulous Series – et dans une scénographie magique évoquant la splendeur orientale, navigue la voix de velours de Soumaya Baalbaki sur les répertoires patrimoniaux des plus grandes divas et compositeurs arabes. Oum Koulthoum ouvre le bal avec "Alf Layla w layla" et le voyage s’engage et se poursuit sur les pas de Leila Mourad, Asmahan, Feyrouz, Sabah, Warda el-Jazairiya et les compositions de Ziad Rahbani.

Les spectateurs totalement envoûtés entrent dans une transe artistique et accompagnent la voix de la chanteuse de leurs propres voix, reproduisant avec leurs corps les harmonies ondulatoires de ces mélodies enchanteresses. Toute la salle vibre de concert avec l’exceptionnel orchestre, sous la baguette du maestro Harout Fazlian.

Les dialogues s’engagent entre les instruments, la légèreté du nay répondant à la mélancolie du oud ou encore les longues plaintes des violons au son consolateur du qanoun. "Cela faisait longtemps que nous n’avions joué aux sources mêmes de ces partitions, leur rendant leur texture et leurs nuances colorées; longtemps que notre orchestre n’avait pleinement pris part au spectacle, étant le plus souvent relégué à un rôle d’accompagnateur", témoignent les musiciens eux-mêmes. C’est là que la sensibilité et le talent artistique du chef d’orchestre interviennent, la baguette du "Maestro" devenant le pinceau du peintre et la partition de musique, une toile de maître.

Soumaya Baalbaki quant à elle illumine la scène comme une gemme qui brille dans la lumière de la lune, puis de l’aube et du lever du soleil évoluant en arrière-plan sur l’écran derrière un léger voile translucide. Sa voix cristalline tout en rondeur et en chaleur nous ramène dans des lieux de ravissement et de bien-être, où nous étions fiers de notre langue, de notre patrimoine et de notre pays. Interview avec le chef d’orchestre, le maestro Harout Fazlian.

Vous en êtes à la troisième représentation des Fabulous Series. En quoi cette soirée a-t-elle été particulière?

En effet, "Viva la Divas" est le troisième spectacle des Fabulous Series. Si les deux premiers concerts étaient francophones, c’est par un simple concours de circonstances, puisque le concept même de ces Series est de proposer un bouquet de registres différents, répondant aux affinités diverses du public libanais. Néanmoins, ce troisième concert, sur le registre classique oriental, a remporté un succès unanime brassant bien au-delà des affinités personnelles des spectateurs. Ce troisième spectacle a réellement démontré que l’attente du public était au niveau de la qualité et non pas du registre en lui-même.

Quels sont d’après vous les secrets de la réussite de ce concert et comment évaluez-vous la performance de l’interprète et de l’orchestre qui ont soulevé l’admiration de tous?

J’ai toujours considéré que c’était la mission et même le devoir d’un artiste de tendre sans relâche vers la perfection, par respect pour les œuvres qu’il approche et bien sûr par respect pour son public. Un chef d’orchestre ou un interprète peut et doit bien évidemment apporter sa propre sensibilité à une œuvre pour échapper à l’imitation, mais il n’a pas le droit de la malmener, la dénaturer pour des visées de divertissement commercial, notamment en ce qui concerne les œuvres classiques mythiques.

C’est ce que je fais et que j’ai fait en me rapprochant au plus près de la texture originale chatoyante de la musique orientale, mettant en valeur chaque instrument et le rôle qu’il joue dans la palette de sentiments qu’il suscite, en créant aussi un environnement scénographique en harmonie, convergeant vers l’avènement de l’émotion. C’est aussi ce qu’a fait Soumaya Baalbaki avec sa classe, son élégance et sa voix exceptionnelles. Tout en brillant sur scène, elle a laissé la place à la musique et à la richesse de sa voix. Elle a mis sa beauté au service de cette musique et de cette voix et non le contraire. Et c’est le propre des grands interprètes d’entrer en osmose avec les œuvres pour rester authentiques dans leur interprétation et fidèles à l’intention artistique du créateur de l’œuvre.

Cette collaboration avec le Casino du Liban et le Festival de Jounieh a permis à ces spectacles d’exception de voir le jour. Le public attend aujourd’hui avec ferveur le prochain rendez-vous. Que nous préparez-vous?

En effet ce partenariat a permis de convertir ce concept en réalité puisque, comme nous le savons tous, le financement est le nerf de la guerre. Des sponsors nous ont également accompagnés dans l’aventure, comme la fondation Saadallah et Loubna el-Khalil ou la CMA CGM; certains dons en nature ou participations privés sont également venus compléter les budgets. J’espère que le succès des numéros précédents des Fabulous Series va convaincre de plus en plus de sponsors de se joindre à l’aventure pour nous permettre de réaliser les fabuleux projets dans nos bagages, dont un concert de Noël, de l’opéra italien, des légendes du Rock, ainsi que des collaborations inattendues entre des registres différents; et bien sûr, j’aimerais pouvoir diriger de nouveau de grands orchestres classiques pour offrir au public libanais des expériences d’émotions démultipliées.