Deux pièces ont été jouée en une journée, au Cinéma Royal. Là, un nouveau théâtre ouvrira bientôt ses portes au public, au coeur de Bourj Hammoud à Beyrouth. Il faut du cran pour jouer dans deux pièces en une même journée. Il faut de l’investissement, de la discipline, de l’envie et surtout de la passion. Katy Younes, jeune actrice bouillonnante d’énergie, ayant récemment tenu le rôle d’une patiente dans Toc Toc, entre autres projets perpétuels qu’elle accomplit, fait l’expérience intensive de la scène, alternant des rôles différents. Elle nous en parle.

Les deux pièces se sont déroulées en une journée. Katy Younes nous parle de son expérience personnelle en tant qu’actrice capable de changer aussi rapidement de rôle et de s’investir dans des personnages différents.

"J’ai eu la chance – et je tiens à remercier Julien Boutros, Karl Hadifé ainsi que le British Council au Liban pour leur confiance – de jouer dans deux pièces de théâtre, Fled et Farha, en une seule journée à l’occasion du festival In Between. Sincèrement, c’était complètement insensé. Cependant, je pense que se mettre au drame n’est pas vraiment difficile ou dur. C’est plutôt un moyen d’apprentissage de la vie et une manière de comprendre le ‘soi-niché’ à travers des situations dramatiques.

Nous, en tant que diplômés de la faculté des beaux-arts de l’Université libanaise, nous sommes déjà bien formés à la maîtrise des outils fondamentaux de la performance. Il suffisait donc de vivre pleinement le moment présent pour pouvoir jouer ces personnages féminins qui nous ressemblent au cours de cette journée. Je crois personnellement que ce n’est pas une question de talent mais de caractère. Mon caractère à moi, au théâtre, tout comme dans la vie, c’est de surprendre et de vivre tout en profondeur. La passion, l’honnêteté et la curiosité sont mes vrais outils. Je suis un petit moteur qui est toujours en marche!"

Quant à la préparation pour ses rôles respectifs dans les deux pièces, Katy Younes affirme: "La préparation est essentielle. Farha est une pièce de théâtre interactive et immersive qui invite le public à visiter différents appartements d’un immeuble de quatre étages des années 1930 du quartier de Bourj Hammoud tout en explorant la vie des habitants. Pour Farha, c’était simple pour moi en tant qu’actrice, car il s’agissait d’une pièce immersive interactive. Nous étions bien dirigés par deux jeunes metteurs en scène distingués, et encadrés par une équipe d’acteurs professionnels. Je faisais la paix avec mon homme, un professeur de tango excentrique, durant la fête, après avoir été détruite moralement par lui." En effet, le professeur de tango n’est en réalité que le fameux Mazen Kiwan, connu en tant que danseur et professeur de tango, et d’organisateur du Festival international de tango au Liban.

 

En ce qui concerne Fled, c’est un monodrame commémoratif hybride basé sur Fuir, une représentation théâtrale, et la projection d’une pièce dans une pièce, qui met en lumière deux acteurs en herbe répétant et coréalisant Faim et Soif de Ionesco. L’actrice poursuit: " Pour Fled, tout était différent vu que c’est un monodrame ayant nécessité une préparation de trois ans, où j’ai été actrice, cometteuse en scène et codramaturge. Cette pièce grandissait avec moi. Le point commun entre Farha et Fled, c’est la plongée dans la vie intime du personnage que je jouais. Dans Fled, j’étais sur scène et cela était pour moi une forme de dénuement à vivre, afin de canaliser mes pensées, mes émotions sincères et de les faire passer sans explications."

Partageant les défis personnels que les acteurs ont actuellement à relever, elle ajoute: "Être un artiste n’a jamais été une carrière facile. Le véritable défi actuel, c’est de ne jamais céder au pessimisme ambiant. Être artiste est un travail à plein temps, un travail de lutte et de recherche. C’est un vrai engagement."

Katy Younes présentera Fled le vendredi 2 décembre dans le cadre de Sidewalks, une biennale organisée par la compagnie de théâtre Zoukak. Elle est aussi engagée dans Zaman Dark, un film indépendant, réalisé par Christophe Karabache.