Producteur, réalisateur et scénariste britannique, Guy Ritchie amasse les oscars et les prix. Ayant débuté par des clips et des spots publicitaires, il diversifie ses genres et s’adonne au cinéma. L’ex-époux de Madonna l’a également dirigée dans À la dérive en 2002. Guy Richie est pratiquant de jiu-jitsu brésilien. C’est probablement des arts martiaux qu’il détient sa présence, sa sérénité mêlée d’assertivité et sa façon de regarder les gens dans les yeux. C’est autour d’une table ronde réduite, à la seconde édition du Festival international du film à Jeddah, qu’il répond aux questions d’Ici Beyrouth.

Pourriez-vous élaborer votre opinion en ce qui concerne les écoles de cinéma?

En fait, tout a changé dans mon industrie et l’une des choses qui changent de nos jours est que l’univers cinématographique est encore plus vaste qu’avant. Considérant les shows de talents, on pourrait voir des gens avec des talents et des voix merveilleuses; ils dansent, chantent… mais on n’entendra plus jamais parler d’eux. Combien de ces personnes ont-elles forgé leur voie depuis? La réalisation de films est très similaire à cet exemple-là, dans le sens où vous pourriez apprendre à faire un film, mais survivre est une histoire complètement différente. Je pense que l’école de cinéma ne vous apprend pas comment survivre dans l’industrie et comment rester motivé, tenace et trouver la capacité de jouer avec différents genres de rôles.

Il est difficile, pour un cinéaste, de s’établir dans un genre précis et de s’y sentir à l’aise. Ensuite, il est difficile de se distinguer au sein de ce genre. Je pense que ce qui est propre au cinéma ne relève pas de l’aspect typique de la technique du cinéma, mais plutôt de la capacité à survivre dans  ce monde si particulier.

Justement, qu’ avez-vous fait pour survivre?

Il y a une expression qu’on utilise: il y a une différence entre un lion de Madagascar, un lion du zoo et un lion de la jungle. Dans Madagascar II, les animaux ressemblent en apparence à des lions; ils mangent comme des lions, rugissent comme des lions, mais ont trois repas par jour et vivent dans un zoo. Ils n’ont aucune idée de la technique de la chasse ni des moyens de survie en dehors du zoo. Lorsqu’ils sont jetés dans la jungle, ils meurent de faim. Le cinéma est très similaire à cet exemple. Vous êtes retiré du zoo et jeté dans une jungle. Vous n’avez aucun manuel de survie. Alors, vous attendez vos trois repas par jour… et personne ne vous les donnera. Vous mangez ce que vous tuez. Voilà la situation dans mon industrie; cette différence entre un lion de Madagascar qui ressemble à un lion, mais s’avère ne pas être un lion. Je pense que l’éducation est une question de survie,  dans la jungle plutôt que dans un zoo. Je crois que c’est probablement pareil dans n’importe quelle autre métier. C’est la même chose dans le vôtre, n’est-ce pas?

Ce mode de survie, vous pouvez le transformer en rythme de vie. Une fois que vous réalisez que le secret de la vie consiste à survivre, c’est là que tout commence. Vous partez du principe que tout le monde essaie de vous tuer. Le plus dangereux c’est que vous ne vous confrontez pas tout à fait à un adversaire évident… on vous mangera d’une manière différente. Tout d’un coup, vous vous retrouvez affamé et vous ne savez pas comment ça s’est passé, parce que l’ennemi est plus sophistiqué que vous ne le croyez.

Il en est de même pour les personnages de vos films; ce sont des survivants.

C’est plus ou moins un sous-thème dans les films. L’essence du récit se trouve dans ce schéma. Vous trouverez une répétition dans toutes les histoires. C’est là où se trouve l’ennemi. Il s’avère généralement que l’ennemi est en soi. On devrait alors transcender cela et aller de l’avant.

Marie-Christine Tayah
Instagram: @mariechristine.tayah

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