Love Actually est sorti en novembre 2003. Avant que le monde ne devienne fou. Avant la pandémie du Covid-19, avant la double explosion du 4 août à Beyrouth, avant la guerre en Ukraine, avant le réchauffement climatique, avant la crise économique et existentielle au Liban, avant les multiples crises qui secouent le monde. Ce film est sorti quand la vie ne se vivait pas encore sous serre. Sous terre. Sous anxiolytiques et antidépresseurs pour supporter le poids des épreuves. S’il y a un film dont la magie demeure inaltérée, c’est bien Love Actually, le film culte que beaucoup de personnes – dont moi- revoient après chaque réveillon de Noël.

Ce film met en scène plusieurs histoires de personnes dont le destin bascule pour le meilleur ou le moins pire, précisément à Noël. Ce film rend nos rêves si palpables, qu’il nous suffirait presque de toucher l’écran pour y croire. Doté d’une belle brochette d’acteurs célèbres, il nous propose de faire intrusion dans l’intimité de plusieurs personnes : celle d’un écrivain trahi par sa compagne qui tombe amoureux de la femme de ménage portugaise venue l’aider dans sa maison de campagne ; celle d’un petit garçon qui vient de perdre sa mère, mais qui est amoureux d’une camarade de classe et fait de tout pour se faire remarquer ; celle d’un Premier ministre qui a le coup de foudre pour les rondeurs de " Madame café " et assume leur histoire publiquement ; celle d’un chanteur has been désabusé qui propose de chanter son dernier tube tout nu, en public, si son single bat les records de vente ; et bien d’autres histoires aussi touchantes. On y retrouve les grands thèmes de la vie abordés avec légèreté. L’infidélité qui ne brise pas un couple, l’amour secret d’un homme pour la femme de son meilleur ami qui’il osera lui déclarer avec pudeur…On y retrouve aussi un looser de la drague qui ne réussit pas à se faire apprécier par les femmes britanniques, mais fait un tabac dès son arrivée aux USA au point de ramener une Américaine pour son meilleur ami…

Alors que nous avons pris de l’âge, le film, lui, n’a pas pris une seule ride. 19 ans à le revoir inlassablement Noël après Noël et éprouver la même euphorie de croire en tous les possibles. Non, notre vie n’est pas un tracé linéaire déjà établi. Il nous appartient de la baliser au gré de nos envies. Y croire très fort pour que la magie opère, pour que les rencontres se fassent, pour que les murs de nos prisons intérieures tombent, qu’une téléportation advienne pour nous emmener sans douleur dans un monde que l’on se choisit soi-même. Il n’est jamais trop tard pour être heureux, il n’y a pas de date de péremption à cela. À l’image des alchimistes, chacun de nous est un faiseur de destins en puissance. Il suffit simplement de se regarder avec d’autres yeux, de se dire que l’on mérite d’être heureux, quel que soit le prix à payer, parce que la vie passe et son compte à rebours est impitoyable. Alors qu’attendons-nous ? Comme dans Love Actually, il suffit de décider d’aller vers son bonheur ; ce bonheur qui rime avec Amour avec un grand A. Celui qui ancre une existence à jamais.
Parce qu’à un moment donné, et ceci est valable pour chacun d’entre nous, il y aura forcément un Noël qui passera sans la possibilité de visionner Love Actually.
Parce que le film demeurera éternellement, mais nous autres pas.