Du 1er au 24 février, le théâtre Monnot présente la célèbre pièce Boeing Boeing, une comédie en trois actes de Marc Camelotti, créée le 10 décembre 1960 à Paris à la Comédie Gaumartin. Elle connaît très vite un énorme succès et l’on estime à 25.000 ses représentations à nos jours, s’inscrivant au livre Guinness des records comme la pièce française la plus jouée dans le monde dans toutes les langues. En 1965, elle est adaptée au cinéma avec les célèbres acteurs Tony Curtis et Jerry Lewis.

Ce vaudeville raconte les aventures d’un journaliste playboy qui vit à Paris et qui s’est arrangé pour avoir simultanément trois petites amies, des hôtesses de l’air de nationalités différentes, de sorte qu’elles ne se rencontrent pas dans son appartement parisien. Il jongle avec les horaires des vols et tout se passe bien. Mais arrive alors un vieil ami de classe qui veut résider dans l’appartement et des changements surviennent dans les horaires des vols.

Se détendre en ces temps moroses  

"J’aime beaucoup cette pièce", me confie Bruno Geara, le metteur en scène. "Elle est sympa, amusante, agréable à voir et nous détend en ces temps moroses que nous vivons. Je l’avais déjà mise en scène il y a vingt ans avec feu Pierre Chamoun dans le rôle principal, et là je la reprends avec plaisir dans une mise en scène adaptée au Liban et à nos jours. Une pièce culte."

"Son importance réside dans le choix et le jeu des acteurs, leur expérience de la scène et du théâtre comique où il faut savoir être à l’écoute du public. Le décor est le même, pas de changements à faire d’une scène à l’autre puisque tout se passe dans un même lieu. Mais ce sont les portes qui claquent qui ponctuent les séquences." La pièce se joue en libanais et le metteur en scène nous confie que cela a pris un mois de préparation. "En arrivant aux premières répétitions, les acteurs connaissaient déjà en grande partie le texte et cela est essentiel."

Le système grince  

Le rideau s’ouvre sur une scène entourée de portes. Au milieu, un large canapé de couleur bleu pétrole, une table en chrome avec des bouteilles de bière Almaza, deux tableaux, quelques livres sur une étagère moderne. Tout semble se dérouler parfaitement pour le playboy, "le jagal" Bernard qui explique à son ami Robert arrivé à l’improviste pour s’installer chez lui pour quelques jours: "Flirter avec trois femmes c’est le chiffre parfait, une femme c’est trop peu et plus de trois cela devient encombrant." Il lui montre comment il note méticuleusement sur un carnet les heures de vols des départs et arrivées des trois hôtesses de l’air qu’il reçoit à tour de rôle dans son appartement libanais sans qu’elles ne se croisent: une Américaine, une Française et une Allemande, se considérant chacune comme sa fiancée.  Mais brusquement, les choses se gâtent, un avion qui ne décolle pas à cause du mauvais temps, un autre qui arrive plus tôt que prévu, etc., et Bernard est pris au piège et de la belle façon. Les choses grincent de plus en plus et les situations les plus rocambolesques se suivent…

Sur les planches, quatre actrices et deux acteurs déjà bien confirmés dans leur profession. Les trois hôtesses de l’air sont jouées par Katy Youness, Sara Atallah et Nay Abou Fayad. Elles ont une bonne présence sur les planches, du caractère et de l’audace. Sany Abdel Baki est l’ami qui débarque à l’improviste du village de Ain Ebel au sud du Liban. Choqué au départ par l’attitude de son ami Bernard, il finit par se laisser dévergonder par les hôtesses et y prend goût. Il remplit bien la scène par son dynamisme, son agilité et ses réactions amusantes.

Le rôle de Bernard est interprété par Rodrigue Sleiman, un homme de théâtre et de cinéma qui a une solide expérience scénique à son actif. Placide, relaxe et satisfait de son plan, il devient nerveux, agité, tendu, perdu quand tout se gâte et son jeu l’exprime au point qu’on se dit qu’il va avoir un arrêt du cœur face aux imbroglios inattendus.

Josyane Boulos, exceptionnelle dans son rôle de Wadad, la housekeeper, est au cœur même de la pièce. Elle la fait rebondir à chaque instant par son jeu, ses répliques pertinentes et amusantes, et cherche à sauver son employeur, chez qui elle travaille depuis de longues années, des pièges dans lesquels il s’est laissé prendre. Elle est en même temps un puits profond qui sait tout mais ne dit rien. Elle doit préparer les repas adéquats pour chaque hôtesse en fonction de sa nationalité, nettoyer les chambres, laver le linge. Elle ne cache pas sa frustration de vieille fille et cherche à draguer l’ami venu du village.

Sous les directives du metteur en scène Bruno Geara, le rythme du jeu est rapide. Cela bouge sans cesse sur scène et les portes n’en finissent pas de claquer. La tension monte et grimpe face à des situations embarrassantes mais en même temps hilarantes. On passe une heure trente de détente, à rire de bon cœur.

Pour vous changer les idées, oublier un instant notre triste quotidien, allez donc voir Rayhin Jayin au Monnot. Rire fait du bien.

Nelly Hélou

Pour en savoir plus, cliquez ici.
(Photos Joe el-Khoury)

" RAYHIN JAYIN " AU MONNOT : UNE PIÈCE CULTE À VOIR

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