Recyclivre, une entreprise spécialisée dans la revente de livres d’occasion, traite toutes sortes de volumes dans son entrepôt de banlieue parisienne: des romans en poche, des mangas, des livres de cuisine, des manuels universitaires et même des volumes de la prestigieuse collection de la Pléiade.

Recyclivre est devenu un géant de la vente de livres d’occasion en France. Créée en 2008 dans la cave de l’appartement de son fondateur, David Lorrain, à Paris, l’entreprise a depuis déménagé dans un entrepôt de banlieue où transitent toutes sortes de livres, du roman en poche à la Pléiade en passant par les manuels universitaires et les mangas. Selon David Lorrain, tous les livres se vendent, du moment que le prix est attractif. S’il vend beaucoup via Amazon.fr, il essaie d’attirer les clients sur son propre site internet, qui représente aujourd’hui 30% de ses ventes.

Dans l’entrepôt, des centaines de milliers de livres d’occasion sont stockés, sans classement spécifique. L’informatique permet de localiser chaque volume sur les rayonnages et d’envoyer les magasiniers au bon endroit pour les retrouver. Chaque jour, des milliers de livres sont expédiés, triés en fonction de leur état de conservation (comme neuf, très bon, bon, moyen, invendable).

Ce jour-là de la fin mars, il faut retrouver quelque 4.000 livres commandés. Ils sont empilés dans deux types de caisses: celles pour les clients qui ont commandé un seul livre et celles pour ceux qui en ont commandé plusieurs.

Recyclivre a atteint 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 et compte grimper à 11,5 ou 12 millions d’euros cette année. "Nos volumes augmentent, mais c’est aussi une croissance portée par une tendance inflationniste", précise le fondateur. "On est rentable depuis l’année 2, en 2010. Ça nous a permis de mettre en place un intéressement, calculé non pas selon le salaire mais selon le temps dans l’entreprise", souligne-t-il.

Le marché de l’occasion représente un concurrent sérieux pour les maisons d’édition, qui voient arriver sur le marché des livres récents vendus à prix réduits. Par exemple, le dernier Virginie Despentes, Cher connard, sorti en août, vaut 22 euros neuf, et 20,3 euros d’occasion sur Recyclivre. Il est encore moins cher chez certains concurrents comme l’Allemand Momox ou La Bourse aux livres.

Les éditeurs ont toutefois réussi à faire passer une loi sur le prix unique du livre pour que les internautes sachent clairement s’ils achètent du neuf ou de l’occasion. Ils ont aussi souhaité que les bibliothèques publiques ne puissent pas revendre les livres dont elles ne veulent plus. Mais dans le cas de Recyclivre la loi n’est pas appliquée parce que c’est une entreprise à caractère solidaire qui recrute via des structures d’insertion.

Avec AFP