Le fameux petit bonhomme moustachu, héros des années 80, était connu pour être un plombier quelconque, parmi tous les autres personnages de ce monde. Pixelisé et basique, l’illustre inconnu deviendra la mascotte Nintendo. Ce personnage en salopette, signé Shigeru Miyamoto, aura même un accent italien irréprochable. Mais le chemin de la célébrité ne s’arrêtera pas là. En effet, il sera reconnu 40 ans après pour être le héros le plus célèbre de l’histoire du jeu vidéo. En 2023, il s’affiche au cinéma avec Super Mario Bros., le film.

Super Mario est une histoire à succès, celle d’un illustre inconnu qui accède au rang de célébrité internationale; une place que même son créateur Shigeru Miyamoto, le créateur innovateur de jeux vidéo, n’aurait pas imaginée. Pour lui, c’est un rêve devenu réalité, avant même d’avoir osé le visualiser…

"C’est comme voir une illustration en 2D prendre vie sous la forme d’une marionnette en 3D, puis cette marionnette prendre vie et devenir un être humain. J’ai l’impression que nous y sommes parvenus. J’espère que nous y sommes parvenus", affirme-t-il, toujours ébahi par la dimension humaine que revêt Super Mario.

En axant davantage ses jeux sur les personnages, la nouvelle stratégie adoptée par Nintendo ouvre la porte à la conception d’un film qui universaliserait ses héros, bien au-delà du cercle des adeptes des jeux vidéo.

Cette réalisation-là n’a rien à voir avec l’adaptation cinématographique de Mario, en 1993, dans une dimension apocalyptique peuplée de dinosaures. Nintendo avait accordé – mais pas gracieusement ! – à Hollywood le nom de son héros, sans pour autant participer à la réalisation du film.

Voulant éviter un nouvel échec, Nintendo confie cette fois le film au créateur japonais de Mario, Shigeru Miyamoto, qui coproduit le film avec Chris Meledandri, fondateur d’Illumination, le studio d’animation parisien auteur des titres Moi, Moche et Méchant et Les Minions. En parallèle, des parcs d’attractions dédiés à Mario voient le jour à Osaka et Los Angeles.

Plutôt que d’accorder une licence d’exploitation, le créateur de 70 ans prend la décision irrévocable de développer le film lui-même en s’impliquant à fond dans tout le processus, depuis la création jusqu’à l’exécution. "J’étais certain que nous devions nous impliquer, sinon cela ne pouvait pas se faire", dit-il. À son avis, aux "Wahoo!" et "Let’s-a-go" (Allons-y) du fameux Mario, les développeurs n’avaient à ajouter "rien d’extra ou d’inutile" pour créer une panoplie de jeux.

De ces constatations, et grâce à des idées innovatrices, résulte, après six ans de collaboration, un long-métrage d’action de 90 minutes tout en couleurs, au rythme exalté de ses petits fans, qui n’omet pas les clins d’œil aux anciennes générations, celles des gamers. Entre nostalgie et anticipation, Super Mario crève le grand écran.

Ainsi, l’audience hétérogène est transportée sur le tapis volant des rêves, vers New York, où elle assiste au retour aux sources des deux frères: Mario et Luigi. De quelles ressources disposeront-ils pour lancer leur entreprise de plomberie? En proie à des questionnements sans réponse, ils sont soudain aspirés par un tuyau vert. L’aventure commence et Mario se retrouve au Royaume Champignon, où il a pour mission de sauver Luigi des griffes de l’abominable Bowser, mi-dragon mi-tortue.

"J’aime les films", atteste Miyamoto. "Je ne suis pas un expert en cinéma", reconnaît pourtant le Steven Spielberg du jeu vidéo. "Tant de personnes créatives étaient impliquées (…) et la direction de ce seul personnage principal a permis d’obtenir une structure cohérente", dit-il. "En tant que concepteur de jeux vidéo, je me suis dit: "Je veux développer des jeux comme ça!"

Chris Pratt – à l’accent non pas italien, mais super américain – sera la voix de Mario en VO.

Miamoto et Nintendo envisagent-ils également une adaptation de Zelda sur grand écran? "Il y a toujours des possibilités", répond le créateur, énigmatique.

Seul l’avenir nous le dira.

Marie-Christine Tayah avec AFP.

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