Auteur, compositeur, poète, metteur en scène et peintre, Gérard Avedissian a incarné le rôle d’un troubadour moderne, parcourant les scènes pour apporter la beauté de l’art dans la vie des gens. C’est un véritable amoureux de l’art qui nous a quittés jeudi soir, à l’âge de 95 ans, après quatre mois de lutte contre la maladie. Retour sur le parcours familial et artistique d’un esthète de la vie qui trouvait la beauté dans les choses simples.

Gerard Avedissian était un artiste libanais aux talents multiples. Il a apporté une contribution significative au théâtre, à la littérature et à la peinture. La carrière théâtrale d’Avedissian au Liban a commencé dans les années 1970 lorsqu’il y est retourné après avoir étudié le théâtre en Russie.
L’histoire familiale de Gerard Avedissian a été profondément marquée par le génocide arménien, une tragédie à laquelle ses parents, alors enfants, ont cruellement vécu en devenant orphelins. Leur périple les a conduits au Liban, jusqu’à Birth-Nest, à Ghazir. La mère de Gerard fut adoptée par un éminent gynécologue, qui lui offrit une éducation en obstétrique. Elle rencontra l’amour de sa vie, un musicien et poète professionnel se produisant fréquemment au Saint-Georges. Ce fut le père de Gérard qui enseigna la notation musicale à Fayrouz et à Warda al-Jazaïria. Il grandit donc dans une famille de musiciens et de poètes.

C’est à l’âge de 50 ans, et après 15 ans de travail dans le monde de la pub au Liban, qu’il décida de renouer avec le théâtre, dans les années 1970, animé par un désir de revanche, et réalisa de nombreuses adaptations théâtrales d’œuvres littéraires. Il dirigea plusieurs pièces de théâtre, dont Sakhrat Tanios, une adaptation du roman éponyme d’Amin Maalouf, et Safrit al-Ahlam avec Madonna. Avedissian a également été cadre publicitaire pendant 30 ans, mais il considérait le théâtre comme son grand amour. L’artiste était également peintre, entamant une sa carrière artistique à succès quelque 10 ans avant avant sa disparition.

Avedissian, reconnu pour son talent dans la direction des actrices en particulier, estimait que le choix des acteurs était primordial, car un rôle est conçu sur mesure pour un comédien ou ne l’est pas. Il évitait ainsi les mauvais castings qui pourraient conduire à des échecs. Son attention lors des répétitions était portée sur la justesse du jeu. Une fois la pièce achevée, il tournait la page. S’il fallait citer une actrice qui le comprenait véritablement, c’était Nada Bou Farhat, avec laquelle il avait collaboré sur plusieurs projets.

Sa passion pour le théâtre a toujours prédominé sur sa vie amoureuse. Bien qu’il ait connu des romances, il les percevait toujours comme étant périphériques, voire secondaires. Pour lui, il était crucial que quiconque partageant sa vie adhère également à ses passions pour la musique, le théâtre, la poésie et la littérature.

Gerard Avedissian vouait un respect profond pour la temporalité. Tout ce qui relevait de l’ère moderne en matière de technologie le révulsait, car il avait l’impression que les gens ne vivaient plus pleinement leur vie. Sa passion pour l’art était palpable dans chacune de ses créations, traduisant une compréhension profonde de la beauté qui se niche dans les instants de la vie. En tant que metteur en scène, il parvenait à saisir l’éphémère des moments pour les retranscrire sur scène, donnant ainsi naissance à des œuvres intemporelles qui résistent aux ravages du temps.

Il laisse derrière lui un immense héritage artistique, que ce soient ses peintures, ses pièces de théâtre et autres projets menés avec maestria et poésie. Sa contribution à la culture libanaise perdurera pour de longues années.