" Ne cédez pas votre temps en vain. Ne vendez pas votre force à vil prix. Ne donnez pas votre sommeil à ceux qui le muent en or. Réservez-vous le plus possible pour la joie. Vous n’avez qu’une vie, défendez-la ". Ces mots ont servi de clôture à un texte sur la vie, saisissant comme une décharge électrique, que l’auteur Nicolas Matthieu a délivré à l’auditoire de l’émission La Grande Librairie, nourrissant ainsi l’inspiration de ce billet.

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La vie est une trame complexe tissée d’imprévus et d’incertitudes. Le temps, lui, est un compte à rebours inlassable et inflexible. Un tic-tac incessant qui nous enserre, une horloge fatale qui, un jour, s’arrêtera net, bien avant que nous n’ayons apaisé notre soif de vivre. Avec le temps qui s’écoule inéluctablement, une impérieuse urgence se fait sentir : celle d’embrasser l’immensité de l’univers. Une aspiration ardente à s’y fondre jusqu’à satiété.

Car ce temps n’est plus celui de nos vingt ans, celui d’une insouciante jeunesse nourrie par une pseudo-immortalité en laquelle nous croyions fermement. L’idée d’une vie sans fin, d’un vieillissement improbable, ou du moins, bien lointain de nos préoccupations immédiates. Mais voilà que nos souvenirs s’amoncellent et se mesurent désormais en décennies. Que sommes-nous devenus pendant tout ce temps ? Avons-nous suffisamment aimé, vibré, donné, reçu ? Jamais assez ! Surtout pas pour ceux d’entre nous, assoiffés d’infinis, pour qui grandir ne signifie pas renoncer à la ferveur de la vie ni troquer son âme d’enfant pour endosser celle d’un adulte assagi.

Ces petites étincelles en nous qui ne demandent qu’à brûler sans cesse, nous devons les chérir comme de précieux trésors. Ces flammes vives sont nos guides, projetant une lumière douce sur notre destin. Parfois, elles réapparaissent à la sortie d’un tunnel, après une longue traversée du désert, tel un mirage auquel on avait cessé de croire. Il suffit de refuser l’usure, le frottement du quotidien et de la routine. Le temps, c’est nous. Forgés à la main. Le temps, c’est surtout notre histoire et ce que nous en avons fait. Il ne peut nous trahir que si nous l’avons maltraité.

Que dire alors du temps qui reste sans sombrer dans l’amertume d’un calcul sordide ? Ce qui est sûr, c’est que c’est dans ce sprint final que se trouvent les élans les plus audacieux, enfin libérés de toutes entraves. Le temps qui reste, c’est le lâcher-prise et une dérive exquise vers les plus beaux rivages, ceux où viendront s’échouer nos attentes et nos illusions. Mais aussi, et surtout, nos aspirations assouvies. Car le temps nous exhorte à être heureux, que ce soit pour un jour, une nuit ou un reste de vie. Comme un feu d’artifice éblouissant, s’immoler en symbiose avec l’univers pour un moment qui aura un goût d’éternité. Quant au temps, nous en ferons notre affaire… nous nous amuserons à le rendre à la fois extensible et éphémère, ludique et solennel, précieux et futile. De temps en temps. Tout le temps.

Quid de l’Amour avec un grand A dans tout ça ? L’Amour n’est pas un jeu de cache-cache ni un casse-tête complexe. L’Amour véritable, celui qui transcende le temps et l’espace, est aussi éblouissant qu’un soleil au zénith, aveuglant par son intensité. Il émet une lumière si puissante qu’elle illumine tous les recoins de notre être, révélant nos peurs, nos espoirs, nos rêves et nos vérités les plus profondes. Cette lumière n’est pas seulement éblouissante, elle est aussi chaleureuse, enveloppante et réconfortante. Elle éclaire nos chemins quand tout semble sombre, elle nous guide quand nous sommes perdus, elle nous réchauffe quand le monde semble froid. L’Amour, c’est le courage de se montrer vulnérable, de prendre des risques, de faire confiance. C’est la résilience face à l’adversité, la persévérance malgré les obstacles.

L’Amour n’est pas une contrainte, mais une liberté. L’Amour, c’est la vie elle-même.

Dans notre inlassable quête de bonheur, il est impératif de se souvenir constamment que nous sommes les véritables maîtres de notre vie, que nous détenons le pouvoir de la diriger selon nos propres désirs et aspirations. Souvent, nous nous retrouvons à vivre pour les autres, à agir et à réagir en fonction de leurs attentes et de leurs jugements. Ceci peut nous faire perdre de vue nos propres besoins et désirs et, finalement, nous éloigner de notre véritable moi.

Se réapproprier notre vie implique une forme d’égoïsme sain, celui qui nous autorise à prendre soin de nous-mêmes, à défendre nos propres intérêts, à définir et à respecter nos propres limites. L’amour de soi est une nécessité. Car on ne peut vraiment aimer les autres que lorsque l’on s’aime soi-même. On ne peut vraiment prendre soin des autres que lorsque l’on prend soin de soi-même. On ne peut vraiment respecter les autres que lorsque l’on se respecte soi-même.C’est surtout se donner la permission d’être soi-même, avec tout ce que cela implique. C’est la liberté de choisir, la liberté d’agir, la liberté d’être. Et c’est dans cette liberté que nous pouvons trouver notre véritable bonheur, notre véritable paix, notre véritable amour. C’est dans cette liberté que nous pouvons vraiment vivre.
Parce que nous n’avons qu’une seule vie, et que notre devoir premier est celui de la défendre.