Ghost Like (comme un fantôme) est le titre de la dernière exposition de l’artiste Wissam Melhem à Rebirth Beirut à Gemmayze, sous la curation de Dr Tony Karam, jusqu’au 29 mai.

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Dans le cadre de Rebirth Beirut, Wissam Melhem nous enchante de nouveau avec ses œuvres d’art, magnifiquement exposées sur les murs blancs d’une ancienne demeure libanaise traditionnelle, transformée en galerie d’art pour le plaisir des aficionados.

Rebirth Beirut est avant tout une ONG dont la vocation est de redonner vie à la ville de Beyrouth et d’insuffler espoir à ses habitants, par le biais de l’art et de ses prodiges.

Wissam Melhem, formé en architecture, soutient ce projet humanitaire à sa manière. Il dessine des maisons et explore la complexité d’une ville, peut-être Beyrouth, à travers ses toiles. Celui qui a déjà introduit ses cinq éléments récurrents (l’oiseau, la maison, l’être humain, le nuage et la couronne) dans son œuvre et ses expositions précédentes, nous émerveille de nouveau avec son art en recréant ses idées avec une émotion renouvelée et un coup de pinceau encore plus précis.

Une autre dimension se révèle alors dans son travail, la troisième. Nous sommes surpris par ses couches de transparence qui se fondent sur ses toiles de jute aux couleurs vives.

C’est en effet sur des arrière-plans monochromes, où le bleu nuit se distingue, que l’artiste dessine avec une précision remarquable les formes et figures, à l’aide d’un pinceau fin, qui dépose une couleur blanche en fines touches et couches superposées.

Ce travail méticuleux démontre la maîtrise du rythme et une créativité poétique. Dans un monde de plus en plus virtuel et translucide, où l’humain se cache derrière une tablette, une question se pose inévitablement. Notre vie est-elle devenue fantomatique? Sommes-nous tellement aliénés à la technologie que nous disparaissions sous les multiples couches de notre humanité?

Ainsi, Wissam Melhem propose ses toiles à travers ces mêmes "couches" qu’il peint en blanc, comme le voile d’un fantôme qui se cache derrière un écran. Des silhouettes se dessinent alors et se disloquent, oscillant de mille façons dans l’espace de ses tableaux.

Quant aux maisons, elles se fondent et se confondent au point de donner l’impression qu’elles se dédoublent en profondeur et en trois dimensions. On dirait qu’elles veulent émerger de la toile pour s’imprimer sur nos rétines étonnées. Tout comme les images qui jaillissent de nos écrans au point de nous stupéfier.

Cette lumière bleue émanant de nos tablettes pourrait bien être ce même fond bleu qui fait ressortir les formes et les courbes dessinées par l’artiste.

Dans cette exposition, on observe une continuité et une progression dans l’art de Melhem. Il révèle à nouveau ses cinq éléments, bien que tous ne soient pas toujours présents dans chaque tableau. Parfois, on peut voir des fleurs apparaître sous forme de nuages, ou des personnages allongés exprimant une multitude d’émotions suspendues et offertes au regard de l’observateur.

En ce qui concerne sa nouvelle approche des maisons et immeubles, on peut discerner les toits de Beyrouth que Wissam Melhem colore en rouge et les mandalouns (des demeures traditionnelles) qui surgissent parfois de manière ludique, dans un déséquilibre délibéré, et qui sont travaillés avec la précision du pinceau d’architecte qui se cache derrière l’artiste.

Cette exposition solo est une découverte plaisante. C’est surtout une invitation à une introspection où chacun pourrait réfléchir à sa propre relation avec le monde virtuel qui avance à une vitesse vertigineuse. On pourrait se demander comment nos émotions trouvent leur place dans ce rythme de vie transparent. Les fantômes peuvent-ils tomber amoureux?

L’exposition est orchestrée par l’infatigable Dr Tony Karam, qui accumule les projets artistiques et musicaux. Elle est également possible grâce à son équipe qui soutient constamment les artistes, notamment Mme Rita Maatouk qui gère toute la logistique avec soin.

L’inauguration a été marquée par une belle performance de danse, réalisée avec la grâce d’un fantôme par la jeune Carly Mouannes, sous les regards des adeptes de l’art qui s’étaient donné rendez-vous à Rebirth Beirut.

Les arts se côtoient de manière éclatante et fantastique sur la scène libanaise, pour le plus grand bonheur d’un public avide de beauté.

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@zeinanader_art

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