Nous abordons l’ultime virage du Festival de Cannes, où deux films attendent encore de se révéler à l’assemblée aujourd’hui vendredi. Parmi eux, l’œuvre du double lauréat Ken Loach, précédant le moment crucial où le jury s’isolera pour désigner, samedi soir, le récipiendaire de la tant convoitée Palme d’Or.

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La 76e édition de ce grand rendez-vous cinématographique a déjà été teintée par le faste des célébrités hollywoodiennes et par une présence féminine sans précédent derrière la caméra. Vendredi, l’attendu Ken Loach, octogénaire britannique et doyen de la compétition, foulera les pavés de la Croisette avec The Old Oak, annoncé comme son dernier chef-d’œuvre. La question suscite de l’anticipation: sera-t-il le premier metteur en scène à décrocher, pour la troisième fois, le Graal du grand événement du septième art mondial?

Indéfectible observateur de son époque, fidèle à ses convictions résolument de gauche, il s’était illustré par sa première victoire en 2006 avec The Wind That Shakes the Barley, puis une seconde fois en 2016 avec I, Daniel Blake. Sorry We Missed You, sa précédente réalisation, avait également concouru à Cannes en 2019.

The Old Oak déroule sa trame dans un hameau abandonné d’ex-mineurs de charbon que des réfugiés syriens s’efforcent de revitaliser. Au cœur de ce village et de l’intrigue, l’avenir précaire du dernier pub, The Old Oak, se dévoile.

Le cinéaste britannique partagera les marches du Palais vendredi avec l’Italienne Alice Rohrwacher. Pour la troisième fois en compétition, elle dévoilera La Chimera, relatant les aventures d’un jeune archéologue impliqué dans une affaire de pillage de tombes dans l’Italie des années 80. Avec trois metteurs en scène italiens en compétition cette année – Marco Bellocchio, Nanni Moretti et elle-même – le cinéma italien démontre sa formidable vivacité.

La course à la succession de Ruben Östlund, lauréat de la Palme d’or l’année précédente avec Triangle of Sadness, se dessine. À ce stade, Aki Kaurismäki domine les débats avec Les feuilles mortes, selon le magazine professionnel Screen qui recueille les critiques de la presse internationale.

L’artiste finlandais, maître de la mélancolie, a reçu des louanges abondantes pour sa romance minimaliste imprégnée de notes baudelairiennes. Il y raconte l’étrange rencontre entre une caissière de supermarché licenciée pour le vol d’un sandwich et un homme aux prises avec l’alcoolisme.

L’autre grand favori est le film de la réalisatrice française Justine Triet, Anatomie d’une chute. Dense et captivant, il dépeint le portrait d’une femme accusée d’avoir assassiné son mari. Diablement castratrice ou victime innocente? Le spectateur est invité à trancher.

Parmi les favoris du festival, on note également May December, du réalisateur américain Todd Haynes. Une œuvre explorant les faux-semblants et le déni autour d’une relation interdite entre un mineur et une adulte, incarnée par Julianne Moore et Natalie Portman.

Au total, la sélection officielle de cette année compte 21 œuvres cinématographiques, parmi lesquelles sept sont l’expression du talent féminin, dont notamment celle de la plus jeune cinéaste en compétition, Ramata-Toulaye Sy, âgée de 36 ans.

Après avoir visionné les dernières projections, le jury se retirera samedi dans un manoir isolé pour délibérer et annoncer, en début de soirée, le palmarès tant attendu. Parfait mélange de talents et d’horizons, le jury compte parmi ses membres le lauréat de la Palme d’or de l’année précédente, Ruben Östlund, l’acteur français de renom Denis Ménochet, la réalisatrice française couronnée en 2021, Julia Ducournau, et le réalisateur argentin, Damian Szifron.

Avec AFP