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De retour à Beyrouth, le virtuose libano-français Billy Eidi, auréolé des plus élogieuses distinctions, éclairera, ce samedi 7 octobre à 20 heures à l’Assembly Hall, une fois de plus la scène musicale contemporaine de sa brillante sonorité et de sa remarquable virtuosité. Mais ce concert rime avant tout avec générosité, car il vise à soutenir l’éducation de nouvelles générations de l’école International College en finançant des bourses d’études. Tout en explorant les subtilités de Jean-Sébastien Bach et Frédéric Chopin, Billy Eidi créera une expérience musicale qui promet d’émouvoir et de ravir.

Dans l’illustre panthéon des virtuoses pianistes, une étoile filante constelle l’horizon musical contemporain, déployant son jeu aiguisé, sa sonorité lumineuse, son phrasé moelleux et incisif, et son incandescence extatique, pour faire ressortir le caractère épuré de chaque œuvre musicale. Telle une brise matinale caressant les pétales d’une rose, sa sensibilité à fleur de peau emporte tout auditeur attentif dans un voyage à travers les dédales mélodiques de son piano. Il s’agit indéniablement du pianiste libano-français, Billy Eidi. Auréolé d’une pléiade de distinctions élogieuses, il se voit adoubé par feu le virtuose Henri Goraïeb (1935-2021), comme l’un des " princes du piano ", un titre aussi illustre que mérité. Lorsqu’il égrène les notes, Billy Eidi semble, en effet, convoquer des émotions enfouies dans les tréfonds de la partition, exhumant, avec une virtuosité technique et expressive, les subtilités inhérentes de la musique. On pourrait ainsi presque voir les premières lueurs de l’aube se refléter dans les arabesques de ses harmonies impressionnistes, tandis que la nuit trouve consolation dans les mélodies apaisantes de son répertoire romantique qu’il chérit particulièrement. Tel un enfant prodigue renouant avec ses racines, il revient, ce samedi 7 octobre, à l’Assembly Hall de l’Université américaine de Beyrouth. Après son mémorable concert en 2018, auprès de l’éminent Abdel Rahman el-Bacha, en hommage à Diana Takieddine (1933-2018), les murs de cette salle historique s’apprêtent à vibrer de nouveau au son de ses prestations.

Entre musique et générosité

Ce récital s’inscrit dans le cadre d’une noble initiative portée par la promotion 1973 de l’école International College (IC), où la musique se mêle harmonieusement à la générosité. Toutes les recettes engendrées par ce concert seront, en fait, consacrées au financement de bourses d’études dédiées aux nouvelles générations. En cette soirée d’élégance musicale, l’art se fera donc mécène de l’éducation, et les harmonies universelles deviendront le pinceau qui esquissera un avenir lumineux à une pléthore d’étudiants. " Je suis libanais avant tout, je ne peux pas oublier cela. Les plus beaux moments de ma vie ont eu lieu dans ce pays. Ces souvenirs nostalgiques continuent de dessiner un sourire sur mon visage. Par conséquent, je ressens la responsabilité de contribuer à l’avenir de ce pays et des nouvelles générations ", affirme le pianiste sexagénaire dans un entretien accordé de Paris à Ici Beyrouth. Cela dit, la majestueuse architecture contrapunctique baroque de Jean-Sébastien Bach (1685-1750), imbibée d’une rigueur technique rare et d’une profondeur expressive avant-gardiste, dialoguera, ce samedi à 20 heures, avec les couleurs crépusculaires d’une sélection de chefs-d’œuvre romantiques de Frédéric Chopin (1810-1849). Ce pot-pourri mettra, de ce fait, en exergue de splendides jeux d’ombre et de lumière, tissant des liens étroits entre ces deux époques.

Contrapuntiste romantique

" Ce concert réunira le compositeur le plus romantique du XVIIIe siècle avec le compositeur le plus classique du XIXe siècle ", explique Billy Eidi en faisant référence au pianiste et écrivain américain, Charles Rosen, qui aurait affirmé que Frédéric Chopin est " le plus grand contrapuntiste du XIXe siècle ". Concernant la disposition du répertoire de la soirée, elle révèle une alternance judicieuse entre les œuvres musicales, à savoir un prélude et une fugue du Cantor de Leipzig, suivis par une pièce romantique de Chopin. Cette séquence musicale évoque la nature profonde du compositeur polonais, qui se plaisait à interpréter religieusement les pièces (presque) sacrées du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, considérées comme la " Bible des pianistes ", avant d’entrer en scène. Le concert débutera ainsi par le prélude et la fugue no. 9 en mi majeur BWV 878, de Jean-Sébastien Bach, issus du second livre du Clavier bien tempéré : si le prélude offre une danse joyeuse et légère, la fugue démontre aussitôt l’ingéniosité du compositeur allemand dans la composition contrapuntique.

Diptyque Bach-Chopin

Cette première pièce sera suivie par le prélude en do dièse mineur, op. 45, de Frédéric Chopin, l’une des œuvres les plus mystérieuses et expressives de ce dernier, caractérisée par des contrastes dynamiques, allant du pianissimo au fortissimo, et par ses passages techniques exigeants, tels que des arpèges rapides et des octaves. La pièce culmine avec une section passionnée et puissante, avant de se conclure de manière calme et introspective, laissant l’auditeur dans une atmosphère de contemplation. Suite à ce diptyque Bach-Chopin, Billy Eidi enchaînera avec le prélude et la fugue no. 13 en fa dièse majeur BWV 858, issus du premier livre du Clavier bien tempéré, mettant en lumière un prélude vif et enjoué, caractérisé par des motifs rapides et une atmosphère lumineuse, suivi par une fugue d’une grande richesse harmonique. Les trois mazurkas op. 56 de Chopin viendront, par la suite, conclure la première partie du concert. Alors que la mazurka no. 1 en si majeur se distingue par son écriture raffinée, la mazurka no. 2 en ut majeur déborde d’énergie créative folklorique, et la mazurka no. 3 en ut mineur frôle toute une gamme d’émotions, allant de la fierté à un profond spleen.

Le " la " de la seconde partie du concert sera donné avec les Trois nouvelles études (dites op. posth) : no. 1 en fa mineur, no. 2 en la bémol majeur et no. 3 en ré bémol majeur. Très différentes des 24 études (op. 10 et op. 25), et nettement moins virtuoses que ces dernières, les trois études, dites posthumes, se distinguent par leurs harmonies originales et leurs structures typiquement chopiniennes. Ces morceaux romantiques seront suivis par le prélude et la fugue no. 22 en si bémol mineur BWV 867, issus du premier livre du Clavier bien tempéré, considérés comme l’une des cimes de la Bible bachienne, qui requièrent aussi bien une virtuosité technique qu’une éloquence expressive. Le récital sera finalement clôturé par la Ballade no. 4 en fa mineur, op. 52, de Frédéric Chopin. Considérée comme l’une des œuvres les plus exigeantes et les plus émotionnelles du répertoire pianistique de Chopin, elle se caractérise par ses passages méditatifs, introspectifs puis dramatiques, son lyrisme passionné et sa structure narrative.

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