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Dans le contexte actuel où le cinéma se fait l’écho de problématiques sociales cruciales, deux films se démarquent: Io capitano (Moi capitaine) de Matteo Garrone et Green Border d’Agnieszka Holland. Ces œuvres transcendent les débats politiques habituels, plongeant le spectateur au cœur des défis et des drames humains liés à la migration.

Au sein d’un paysage cinématographique de plus en plus sensible aux problématiques sociales, le film Io capitano (Moi capitaine) du réalisateur italien Matteo Garrone, présenté en France et en Espagne, s’impose comme une œuvre phare. En s’éloignant des discussions politiques conventionnelles, ce film met en scène le périple des migrants, un thème devenant central dans le cinéma contemporain.

Par ailleurs, Green Border de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland, dont la sortie est prévue pour le 7 février, abordera également les difficultés des migrants à la frontière polono-biélorusse.

Dans un contexte similaire, le cinéma français se distingue avec La Tête froide, réalisé par Stéphane Marchetti, qui explore la vie des passeurs dans les Alpes et sortira le 17 janvier.

Matteo Garrone, connu pour son film Gomorra sur la mafia napolitaine, dépeint dans Io capitano le voyage épique de deux jeunes cousins sénégalais à travers l’Afrique et la Méditerranée. Récompensé à la Mostra de Venise, ce film a été choisi par l’Italie pour concourir à l’Oscar du meilleur film étranger – un choix symbolique dans un pays actuellement gouverné par l’extrême droite et qui fait face aux défis de l’immigration.

Le film suit l’odyssée des adolescents sénégalais, Seydou (Seydou Sarr) et Moussa (Moustapha Fall), qui quittent leur famille pour tenter leur chance en Europe. À seulement 19 ans, Seydou Sarr, voit sa vie transformée par ce rôle, remportant le prix du meilleur espoir masculin à Venise. Tourné au Sénégal et au Maroc, Io capitano apporte un éclairage sur la réalité des migrants bloqués, une perspective que Sarr espère sensibilisera l’Europe à leur sort. Garrone évite le misérabilisme tout en exposant les dangers mortels auxquels sont confrontés les migrants: traversées du Sahara, tortures en Libye, esclavage, et la dangereuse traversée maritime vers l’Italie.Garrone, 55 ans, souligne que ces personnages incarnent une épopée contemporaine, s’inspirant de grands récits d’aventures. Il souhaite offrir au public une perspective différente sur ces migrations, mettant en avant les rêves et les réalités humaines derrière les statistiques.

Io capitano et Green Border interrogent tous deux la responsabilité européenne face à cette crise migratoire. La Méditerranée reste la route maritime migratoire la plus périlleuse au monde, avec plus de 2.571 décès en 2023, selon l’ONU. En Italie, Io capitano a été diffusé dans de nombreuses écoles – une initiative saluée par Garrone.

Cependant, ces films ne sont pas exempts de controverses. Les Engagés, un film français sur les migrants dans les Alpes a suscité une campagne de haine contre sa réalisatrice, Émilie Frèche, en 2022. Agnieszka Holland, quant à elle, a fait face à des attaques violentes de la part des nationalistes polonais, avant leur perte de pouvoir à Varsovie cet automne, et a même reçu des menaces de mort.

Avec AFP

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