Le pavillon du Liban à la 60e Exposition internationale d’art – La Biennale de Venise 2024, présenté sous l’égide du ministère de la Culture et organisé par la Lebanese Visual Art Association (LVAA), propose une exploration artistique et multidimensionnelle à travers l’installation Danser avec son mythe de Mounira Al Solh. 

Une conférence de presse au Musée national de Beyrouth a révélé les détails de cette participation notable, en présence du ministre sortant du Tourisme, Walid Nassar, de l’écrivain et journaliste Roni Alpha, représentant le ministre sortant de la Culture, le juge Mohammad Wissam al-Mortada, ainsi que de figures marquantes de la scène artistique et culturelle libanaise. Nada Ghandour, commissaire et curatrice, a souligné l’importance de ce pavillon dans le contexte actuel, le considérant comme un témoignage de persévérance, d’espoir et de vitalité de la scène artistique libanaise sur la scène internationale.

L’installation de Mounira Al Solh, Danser avec son mythe, est une composition multimédia englobant 41 pièces – dessins, peintures, sculptures, broderies, vidéo – étendue sur 180 m2 dans l’espace de l’Arsenal. En reprenant le mythe de l’enlèvement d’Europe, l’artiste libanaise engage une réflexion sur le sort des femmes, leur résilience et leur lutte pour l’émancipation à travers une approche qui mêle le récit allégorique à l’approche documentaire.

Ce voyage artistique débute avec le récit de l’histoire de Tyr et des Phéniciens, une civilisation qui, malgré son rôle crucial dans l’histoire de l’écriture, reste mystérieuse. L’œuvre se transforme en un plaidoyer pour la libération des femmes, dépeignant un voyage à bord d’un navire phénicien symbolisant l’émancipation féminine et la rébellion contre une société patriarcale oppressante.

Dans cette exploration, Al Solh redéfinit le mythe de l’enlèvement d’Europe non comme un récit de domination, mais comme une histoire de coopération et d’émancipation, où Europe, loin d’être une simple victime, prend un rôle actif dans son destin. Cette réinterprétation audacieuse invite à une lecture alternative du mythe, proposant un discours sur l’égalité des genres et la déconstruction des stéréotypes.

La scénographie, conçue par l’architecte Karim Bekdache, favorise une immersion totale du visiteur dans l’univers de l’artiste. Sans réaménagement ni cloisonnement de l’espace, elle conduit le spectateur à travers un parcours sinueux évoquant un ponton en bois, reliant symboliquement la terre à la mer, et peint dans les tons bleu-gris de la mer et du ciel de Tyr. Cette approche architecturale soutient l’engagement de l’œuvre avec son public, facilitant une expérience de déambulation où l’interaction entre les œuvres et le visiteur devient centrale.

L’installation se pose comme un espace de dialogue entre le passé et le présent, entre le mythe et la réalité contemporaine, où les figures archétypales de la culture phénicienne et de la mythologie sont revisitées avec humour et esprit critique. La présence du bateau, structure inachevée au centre de l’exposition, symbolise un voyage d’émancipation et d’égalité des genres qui reste en cours, soulignant ainsi la pertinence et l’urgence des questions soulevées par l’artiste.

Danser avec son mythe est plus qu’une simple exposition; c’est une invitation à reconsidérer les récits fondateurs et leur impact sur notre compréhension des rôles de genre et du pouvoir dans la société contemporaine. Mounira Al Solh, à travers son œuvre, offre une perspective unique sur la capacité de l’art à remettre en question, à subvertir et à transformer notre rapport au monde et à nous-mêmes.

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