Un nouveau projet artistique a été lancé par l’infatigable Dr Tony Karam, en collaboration avec le président du département de design de la faculté d’architecture, d’art et de design de l’université Notre-Dame (NDU), Dr Salim Akl et la doyenne de la même faculté, Dr Karen Abou Jaoudé, sous le patronage du président de la NDU, le révérend père Béchara Khoury.

Pour inaugurer un nouveau cycle d’expositions qui se tiendra dans cette faculté d’art, le Dr Tony Karam, pianiste de renommée internationale, a donné un concert de piano caritatif. L’intégralité des bénéfices de cet événement musical a été versée en aide financière aux étudiants de la NDU dans le besoin.

C’est dans l’amphithéâtre Issam Farès que le concert intitulé "Musical Fantasies" a ravi plus de 300 spectateurs. Le Dr Tony Karam a su transmettre avec brio les émotions complexes présentes dans l’œuvre de Scriabine. À travers son interprétation, le public a été transporté dans un tourbillon de sentiments, allant de la tristesse à la colère en passant par la rage, magnifiquement rendus par le jeu du pianiste.

Après avoir transporté l’auditoire dans un monde onirique, où toutes les réalités prennent vie, avec un morceau de Schumann écrit pour sa fille de quatre ans, le Dr Karam a interprété une pièce de sa propre composition, intitulée Dualité. Selon lui, il suffit parfois d’un instant pour réaliser que l’on n’est vraiment en sécurité que dans l’univers des rêves, un monde qu’aucun sentiment négatif ne peut atteindre. Ainsi, la douleur de l’artiste, magnifiquement mise en musique à travers des notes jouées sur le clavier des émotions en duel, se transforme en beauté.

C’est à travers ces fantaisies musicales que le pianiste-poète a fait rêver son public, notamment avec la Valse éphémère du grand Abdelrahmane el-Bacha, après un exercice époustouflant sur deux préludes de Rachmaninoff.

Les spectateurs ont été émerveillés par la force de l’art déployée par le pianiste sur ce piano à queue qui prenait vie au centre de l’amphithéâtre. Les notes de musique s’élevaient tandis que les mains de l’artiste dansaient dans une cadence effrénée.

La Campanella de Liszt, morceau reconnu comme étant le plus difficile à interpréter, a ému l’auditoire. On s’est levé, on a applaudi, pleuré. Le piano semblait s’envoler, la musique perçant les esprits.

Le concert s’est achevé sur la Rhapsodie espagnole de Liszt, réinterprétée par Karam, une mélodie aux multiples couches où l’intensité des cordes et des octaves se bousculaient comme des émotions en pleine furie, sous une pluie d’applaudissements.

Transportés par la féerie des sensations musicales, les visiteurs se sont ensuite dirigés vers la salle d’exposition de la faculté d’architecture, d’art et de design pour assister au vernissage de Wissam Melhem.

Intitulée Fables, cette dernière exposition marque un tournant dans la carrière de l’artiste. "Wissam est un artiste qui transcrit une histoire sur toile sous une forme élégante, simple, mais complexe", souligne le Dr Antoine Karam, commissaire de l’exposition.

Architecte de profession, Wissam Melhem est également peintre et sculpteur. Son art se caractérise par la représentation de cinq éléments principaux: l’humain, la ville, la couronne, l’oiseau, le nuage. Dans cette exposition, il transcrit les fables de la vie quotidienne sur ses toiles, représentant douze moments peints comme des messages de vie.

L’artiste explique: "Je dessine ce que mon cerveau ne digère pas. Nous sommes rappelés à l’éternelle danse entre l’individu et le collectif, le soi et l’autre, le connu et l’inconnu. En fin de compte, le travail du projet sert de miroir à notre propre existence, nous invitant à explorer le vaste et énigmatique paysage de l’expérience humaine".

Dans ses allégories colorées sur des toiles de lin et de jute, Wissam Melhem crée des œuvres où l’abstraction des formes se mêle à la fantaisie (proche de la musique du Dr Karam) pour exprimer ses messages fabuleux, perçus différemment par chaque visiteur. L’artiste réalise ainsi un projet d’une profondeur émotionnelle, ressentie à travers les techniques mixtes utilisées et la puissance de l’abstraction poétique.

"L’art est une fantaisie, une conciliation poétique, une possibilité de réaliser une vision utopique pour l’avenir", affirme-t-il. Et c’est ainsi qu’il nous transporte dans cette multitude d’histoires et de fables que l’on aura le plaisir d’admirer à la NDU jusqu’au 16 avril.

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