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Réalisateur engagé et humaniste, Laurent Cantet a marqué le cinéma français de son empreinte indélébile. Auteur de neuf longs métrages, dont la célèbre Palme d’or Entre les murs, il laisse derrière lui une œuvre profondément ancrée dans les réalités sociales de notre époque.

Le cinéma français est en deuil. Laurent Cantet, l’un de ses plus grands noms, s’est éteint jeudi à Paris à l’âge de 63 ans, emporté par la maladie. Réalisateur discret mais profondément engagé, il aura, tout au long de sa carrière, porté un regard à la fois lucide et bienveillant sur notre société, explorant avec justesse et sensibilité les relations humaines, le monde du travail et les inégalités sociales.

Né en 1961 dans les Deux-Sèvres, Laurent Cantet se passionne très tôt pour le cinéma. Après des études de photographie, il intègre l’Idhec, la prestigieuse école de cinéma où il rencontrera ceux qui deviendront ses plus proches collaborateurs, comme Robin Campillo, son monteur devenu réalisateur. Dès ses premiers films, Ressources humaines (1999), César du meilleur premier film, et L’emploi du temps (2001), inspiré de l’affaire Jean-Claude Romand, il impose son style: un cinéma du réel, à la frontière du documentaire, qui interroge avec finesse notre rapport au travail et à la société.

Mais c’est avec Entre les murs, en 2008, que Laurent Cantet accède à la consécration internationale. Tourné dans un collège de l’est parisien avec de jeunes acteurs non professionnels, ce film mi-documentaire mi-fiction suit le quotidien d’un professeur de français et de ses élèves aux origines diverses. Drôle, émouvant et d’un réalisme saisissant, Entre les murs remporte la Palme d’or à Cannes, attirant plus d’1,6 million de spectateurs en salles et changeant à jamais le regard porté sur l’école. Un succès qui récompense la méthode Cantet, faite d’ateliers d’improvisation et d’un travail au plus près du réel, pour faire émerger une vérité plus forte que celle de la fiction.

Tout au long de sa filmographie, Laurent Cantet n’aura de cesse d’explorer avec humanité les zones d’ombre de notre monde. Du tourisme sexuel au féminin dans Vers le sud à la désillusion cubaine dans Retour à Ithaque, en passant par l’insertion des jeunes dans L’Atelier et la cancel culture dans Arthur Rambo, son dernier film, il porte sur notre société un regard sans concession, mais toujours empreint de bienveillance. Un cinéma social et généreux, qui n’a jamais cessé de questionner notre époque et de chercher la lumière dans la dureté du réel.

Mais Laurent Cantet était aussi un cinéaste engagé en dehors des plateaux. Cofondateur de la plateforme de VOD La Cinetek, il défendait un cinéma d’auteur exigeant, loin des algorithmes et des blockbusters. Il participait également à de nombreuses manifestations pour défendre les migrants, s’opposer à la censure et promouvoir la diversité culturelle. Un engagement sans faille, guidé par une profonde humanité et une foi inébranlable en la puissance du cinéma.

De Ressources humaines à Arthur Rambo, en passant par l’inoubliable Entre les murs, Laurent Cantet nous lègue un héritage précieux, celui d’un cinéma social et humaniste, qui n’a jamais renoncé à éclairer nos consciences et à interroger notre rapport au monde. Et même si le réalisateur nous a quittés trop tôt, son engagement et sa vision perdureront à travers le film L’apprenti, sur lequel il travaillait et qui devait sortir en 2025. Un ultime témoignage de son talent et de son humanité, qui, à n’en pas douter, saura une fois encore nous émouvoir et nous faire réfléchir.

Avec AFP

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