Tous les dimanches, Ici Beyrouth vous dévoilera une question posée à différent-e-s auteur-e-s, à des années d’intervalles, à laquelle elles/ils avaient répondu spontanément, jouant au jeu d’une quarantaine de questions soumises d’un coup. Nous vous laissons le plaisir (et la curiosité?) de découvrir la deuxième de la série, piquée, à l’instar des réponses des auteur-e-s, dans le désordre.

Jacques Salomé (2011): Il y a deux sortes de fidélité. Fidélité à soi-même, à ses valeurs, à ses sentiments, à ses choix de vie. Fidélité à l’autre, à ce qui vient de lui, à ce qu’il est, à ses sentiments quand ils sont bons pour nous. Quand ces deux fidélités peuvent cohabiter ensemble, la fidélité en amour coule de source, elle nourrit le sentiment que l’on porte en soi et aussi celui qui nous vient de celui ou de celle qui nous aime.

Anna Gavalda (2010): Je l’ignore. Je ne suis pas sociologue, moraliste ou prédicatrice.

Nedim Gürsel (2010): Non. La polygamie est dans mes gènes, mais je peux rester fidèle pour quelque temps.

Catherine Millet (2008): Je suis sceptique quant à la possibilité de n’éprouver du désir que pour une seule personne tout au long de sa vie. Mais j’ai aussi l’esprit ouvert et je veux bien admettre qu’une personne puisse néanmoins trouver son bonheur dans la monogamie.

Éric Emmanuel Schmitt (2009): Qu’est-ce qu’être fidèle? Donner toujours autant à l’autre, pas moins. La fidélité n’a rien à voir avec l’exclusivité. Alors, elle est possible…

Alexandre Jardin (2008): Rien de plus beau, rien de plus invivable, rien de plus nécessaire.

Patrick Poivre d’Arvor (2008): Je ne réponds pas à ce qui touche de loin ou de près à ma vie privée.

Charif Majdalani (2009): Oui, c’est une question d’ordre éthique.

Salah Stétié (2010): Bah!

Yasmine Ghata (2009): C’est un pacte, une alliance. Je suis très entière à ce sujet, et j’attends autant d’intégrité de la part de mon époux. C’est peut-être exagéré de nos jours, mais je ne peux pas me changer à ce niveau-là.

Yves Simon (2008): Si vous m’aviez posé la question il y’a dix ans, j’aurais répondu "pas tellement", ayant été d’un naturel très volage avec beaucoup de femmes autour… Et puis je me suis "fait" à la monogamie par amour. J’ai découvert la vie à deux très tard, il y’a une dizaine d’années. Ces dix ans se sont passés avec deux femmes différentes, mais le résultat est le même: de la fidélité et un mode de vie que je trouve formidable d’autant plus que je n’y croyais pas avant. Là, j’aime bien l’idée d’être tous les matins, tous les soirs, avec une même personne, de découvrir ensemble des choses nouvelles. Je suis ébahi comme un gamin… N’ayant jamais été marié, je suis un véritable "novice" du couple!

Marc Levy (2008): Oui, pourquoi pas pour vous?

Alexandre Najjar (2014) : Oui, si on aime vraiment.

David Foenkinos (2010) : Fidélité à quoi? Fidélité physique, cela paraît une impasse au bout d’un moment. Fidélité morale, d’affection, de tendresse… oh oui.

Jean-Paul Enthoven (2010): Biologiquement, la fidélité n’a pas de sens. Moralement, elle peut être une volupté supplémentaire… De toutes façons, cette affaire est insoluble… Il faudra donc naviguer à vue et changer de conviction selon les circonstances.

Éric Fottorino (2010): Je crois aux fidélités successives; qui peut garantir une vie de fidélité?

Hyam Yared (2010): La fidélité que je défends becs et ongles est celle que l’on doit avoir envers soi-même. Si cette fidélité-là existe alors forcément qu’elle existe envers son prochain et notamment en amour. Je ne comprendrai jamais les couples qui restent ensemble par "infidélité" et convenance. Dans ces cas-là, je prône les départs précipités, non pas tant pour éviter au conjoint de subir une infidélité, mais pour ne pas s’infliger à soi d’être infidèle. Pour moi la fidélité n’est pas un acte, c’est un état d’esprit. Il s’agit tout simplement d’être vrai. C’est le mot fidélité qui me dérange. Il n’existe pas dans mon champ lexical, en tout cas pas tel qu’il nous a été enseigné, lié à la notion d’adultère. Seule la vérité m’intéresse. Dans ce cas-là, bien sûr que la fidélité devient viable, car elle est analogique à une sincérité que l’on se doit pour soi. Tout le reste n’est que détail, mensonge et convenance.

Richard Millet (2009): On ne peut être fidèle qu’à une idée de l’amour et à son désir. Mais j’aime l’idée de fidélité.

Salim Bachi (2010): La fidélité est un sujet aussi vaste que l’amour. Il n’y a pas de loi fixe en ces deux matières. Tout ce qui est de l’ordre du choix individuel, ou à deux, est bien entendu viable.