Les éditions Stock ont créé depuis quelques années une collection de récits intitulée "Ma nuit au musée", laquelle a pour objectif de décrire un musée connu à travers le regard d’un écrivain amené à y passer une nuit.

"Ma nuit au musée" est une idée très originale et la collection des éditions Stock  compte déjà huit livres, huit regards d’écrivains comme, entre autres, Kamel Daoud et Leila Slimani, sur déjà huit musées différents appartenant à des époques diverses, entre Rome, Madrid, Venise et d’autres villes, ainsi que Beyrouth, tout dernièrement avec Le Musée national vu par Diane Mazloum.

Auteure de plusieurs livres autour de son pays auquel elle demeure très attachée, dont Beyrouth la nuit, L’Âge d’or et Une piscine dans le désert, la romancière franco-libanaise décrit dans ce petit récit extrêmement intime et touchant notre musée, celui qui a survécu aux affres de la guerre, qui constitue notre trésor national et qui se situe sur la ligne de démarcation qui fut la frontière visible, meurtrière, dite "la ligne verte".

Tant de choses se sont passées dans la bâtisse qui abrite le musée mais aussi dans le quartier éponyme. "Ici, c’est un franc-tireur qui creusa un trou dans le mur pour y viser le passant dont la tête éclatera. Là, ce sont les soldats israéliens qui se réchauffèrent à un brasier aux pieds noircis du Colosse. Ici, c’est une statuette en équilibre que le souffle de l’explosion du 4 août 2020 a fait dévier de son axe, là, ce sont les 31 statues aux yeux tournés vers l’intérieur qui semblent plus vivantes que les vivants du dehors."

Si Diane Mazloum ne s’attarde pas trop sur les vérités lointaines, elle souligne toutefois que c’est le passé qui fait le présent et que c’est l’ombre des morts qui recouvre l’existence des vivants et l’illumine.

Le récit est celui d’une nuit, que Diane Mazloum divise en différentes parties: le soir, la nuit et la nuit encore. Que peut-on bien voir ou s’imaginer en une seule nuit passée dans les lieux qui recèlent toute l’histoire antique du pays et tant d’objets anciens? Que ressent-on lorsque l’on se retrouve dans un lieu qui dissimule toutes les civilisations anciennes, toute l’Antiquité, grecque, romaine, phénicienne, égyptienne et perse? Que ressent-on par rapport au présent du pays? Tant de questions troublantes et épineuses qui expliquent pourquoi l’on demeure attaché au pays du Cèdre; au nom de l’empreinte historique, au nom du passé et dans l’espoir d’un futur meilleur.

Le Musée national est en vente en librairie depuis le 15 mars. Il bénéficie d’un prix spécial Liban.

Le Musée national de Diane Mazloum, Stock, 2022, 180 p.