La résilience est l’état de sujets qui parviennent, plus que d’autres, à affronter les tourments, les traumatismes, les tragiques imprévus de l’existence. À condition, toutefois, que leur environnement leur offre le réconfort, le soutien et l’assistance qui leur sont nécessaires.
Il fut un temps où ces conditions se trouvaient réunies pour nombre de citoyens libanais. La structure socio-familiale de notre pays fonctionne souvent de manière solidaire et empathique envers ceux qui se retrouvent dans la précarité. C’est ce que l’on a constaté, par exemple, durant la guerre civile ou avec l’explosion du 4 août 2020 et cela tant que les capacités psychologiques, sociales et matérielles étaient accessibles.
Cependant, il faut savoir que la résilience n’est jamais acquise définitivement. Elle épouse les méandres de l’existence au cours de laquelle peuvent se produire une détérioration des conditions générales de vie, ainsi que des effets traumatiques d’événements susceptibles de la fragiliser, sinon de la rendre impossible.
Il me semble que nous nous trouvons dans cette conjoncture depuis ces dernières années. La population libanaise est soumise de manière permanente à un environnement traumatogène, dû à une entreprise délibérée, programmée par l’oligarchie pervertie actuelle de la réduire au désespoir le plus absolu, au dénuement le plus total, à l’absence de toute possibilité de sortie du désordre institutionnel, socio-économique et politique qui lui est imposée. La nécessité de trouver des raisons d’espérer, de se reconstruire, de renaître, de croire en l’avenir est systématiquement déniée.
Il est vrai que la solidarité exprimée par des individus ou par des associations offre une assistance aux plus démunis des Libanais. C’est un palliatif qui demeure toutefois insuffisant pour ranimer un désir indispensable à un nouveau départ, à une reconstruction de soi suffisamment forte pour susciter de la motivation, pour franchir les obstacles et dépasser un sentiment désespérant de frustration et d’impuissance.