Il ne nous reste plus que tout à découvrir.

Il est des verbes poétiques que l’on ne se lasse pas de redécouvrir, que l’on ne se lasse pas de mettre en valeur, par besoin et au nom de l’importance de la transmission d’un legs inestimable.

S’il est d’usage d’associer presque de manière automatique la poésie à un Hugo, un Baudelaire, un Verlaine, un Rimbaud, un Prévert ou un Char et tant d’autres, il nous revient de citer également Nadia Tuéni, Georges Schéhadé ou Gabriel Naffah. Ce n’est nullement anodin.

Citer, c’est faire exister. C’est faire en sorte que résonnent des voix parfois condamnées à l’oubli, à tort. La voix de Nadia Tuéni en fait partie.

Écoutons-là. Elle dit: Je me déplace sur le silence comme une note sur le clavier. Emparons-nous de cette note dont la prouesse est exceptionnelle. Suivons-là tandis qu’elle s’élève, rythmant tour à tour l’Âge d’écume, Liban: 20 poèmes pour un amour ou encore Archives sentimentales d’une guerre au Liban, Les Textes blonds, Le Rêveur de terre

Suivons la voix; suivons la voie. Découvrons; redécouvrons son verbe. Un verbe à l’image du Liban, nourri de toutes les richesses et de toutes les contradictions qui ont forgé le Pays du Cèdre. C’est la voix d’une patrie qui n’aspire qu’à se faire entendre. Car le mot ne devient parole que lorsqu’il est capté.

Il est des voix que nul ne pourra dompter. Ni les réduire à néant. Elles sont vouées à résister aux assauts des années. Elles n’ont que faire des frontières.

La voix de Nadia Tuéni en est une. C’est la voix d’une femme. C’est la voix d’une femme-poète qui sème à tout vent des parfums de mots qui distillent dans l’air des effluves qui s’expriment et disent en susurrant:

Je planterai de fleurs la Méditerranée.

À nous de récolter les fleurs…

[1] Nadia Tuéni in Oeuvres Complètes, Dar Annahar, 1987.

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