Meta, la maison mère du géant des réseaux sociaux, va supprimer 11.000 postes, soit environ 13% de ses effectifs. Les embauches sont en outre gelées jusqu’à fin mars 2023. Ces coupes s’inscrivent dans le contexte plus large de départs massifs dans le secteur de la tech, aux États-Unis et dans le monde : Twitter a annoncé le licenciement de la moitié de ses 7,500 employés. 

Mark Zuckerberg a annoncé un plan de licenciements massif, suite à des résultats financiers décevants pour Meta. (AFP)

 

 

Pour la première fois depuis la création de Facebook, Mark Zuckerberg a dû annoncer mercredi à ses salariés un plan social: Meta, la maison mère du géant des réseaux sociaux, va supprimer 11.000 postes, soit environ 13% de ses effectifs.

" Aujourd’hui, je partage certains des changements les plus difficiles que nous ayons faits dans l’histoire de Meta ", a annoncé le fondateur de Facebook et dirigeant de Meta, Mark Zuckerberg, dans un message adressé aux salariés.

" J’ai décidé de réduire la taille de notre équipe d’environ 13% et de me séparer de 11.000 de nos employés talentueux. "

Les licenciements concernent toutes les divisions, qu’il s’agisse des réseaux Facebook et Instagram, du service de messagerie WhatsApp ou des employés développant le métavers, cet univers parallèle censé être l’avenir d’internet.

Les embauches sont en outre gelées jusqu’à fin mars 2023.

Ces coupes s’inscrivent dans le contexte plus large de départs massifs dans le secteur de la tech, aux États-Unis et dans le monde.

" Je veux assumer la responsabilité de ces décisions et de la façon dont nous en sommes arrivés là. Je sais que c’est difficile pour tout le monde, et je suis particulièrement désolé pour ceux qui sont touchés ", a écrit Mark Zuckerberg.

Meta n’a pas précisé dans l’immédiat la répartition géographique ou sectorielle des suppressions d’emplois.

Le groupe, qui comptait quelque 87.000 employés dans le monde fin septembre, a fait état de performances financières décevantes au troisième trimestre, marqué par une baisse de son chiffre d’affaires et une chute de ses bénéfices.

La dure réalité post-pandémie 

 

 

Aussi bien les analystes que le marché ont salué le plan social comme nécessaire. À Wall Street, où l’annonce de Meta était largement anticipée, l’action du groupe a pris plus de 5% mercredi.

" Meta fait face à la dure réalité post-pandémie, comme de nombreuses autres entreprises. Elle pensait que la croissance du commerce en ligne continuerait dans la durée (…), donc elle a embauché et s’est lancée dans de nouveaux projets en croyant que les recettes publicitaires resteraient élevées ", a commenté Debra Aho Williamson d’Insider Intelligence.

Avec la dégradation de la situation économique, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, les marques ont réduit leur budget publicitaire. Et avec la concurrence d’autres plateformes, à commencer par TikTok, le nombre d’utilisateurs de Facebook a stagné.

La direction de Meta peine également à convaincre les investisseurs du bien-fondé du virage stratégique qu’il a pris en voulant bâtir le métavers.

" Ils se sont auto-infligés des blessures (…) en gaspillant des milliards de dollars dans la construction de cette vision du futur, et ce n’est pas fini. Et du coup, ils n’ont pas vu ce qui se passait sur leurs plateformes ", a asséné Debra Aho Williamson.

" Meta est en pleine crise d’identité. L’entreprise a un pied dans un pari risqué à long terme sur le métavers et l’autre pied dans l’incapacité de concurrencer TikTok ", a abondé Mike Proulx, directeur de recherche chez Forrester.

Les géants de la tech licencient 

 

 

Le piètre bilan de santé a accéléré la dégringolade de l’action de l’entreprise, qui a perdu au total plus de 70% depuis le début de l’année sur le Nasdaq.

" Les investisseurs aiment les licenciements, donc cela devrait aider à ralentir le déclin de sa valorisation, mais l’entreprise se retrouve estropiée, donc le répit sera de courte durée ", a réagi l’expert indépendant Rob Enderle, qui blâme les décisions de Mark Zuckerberg.

Plusieurs grandes entreprises technologiques ont pris des décisions similaires face à la crise économique.

Fin août, Snapchat a supprimé environ 20% de ses effectifs, soit plus de 1.200 employés. La semaine dernière, Stripe (paiements en ligne) et Lyft (réservations de voitures avec chauffeur) ont fait part de licenciements de grande ampleur tandis qu’Amazon a gelé les embauches dans ses bureaux.

Twitter, fraîchement racheté par Elon Musk, vient pour sa part de congédier environ la moitié de ses 7.500 salariés, tellement rapidement que certains ont été rappelés.

Aux États-Unis, les employés licenciés de Meta recevront 16 semaines de salaire de base, deux semaines supplémentaires de salaire pour chaque année de service, et ils garderont leur assurance-santé pendant six mois.

L’entreprise s’est également engagée à aider les employés non-américains dans leurs démarches liées à leur visa de travail.

" C’est un triste moment et il n’y a pas moyen de contourner cela ", a écrit M. Zuckerberg. " A ceux qui partent, je tiens à vous remercier encore une fois pour l’ensemble de vos contributions ", a-t-il ajouté.

Avec AFP