La Charte de salut national, fruit du travail d’un collectif de militants et d’intellectuels libanais, a publié un communiqué dénonçant le fait que le projet de budget fait assumer aux citoyens les pertes dues à la crise.

La Charte dénonce les intentions du système au pouvoir de faire porter les pertes de la crise économique et financière à l’ensemble des Libanais " afin de défendre les intérêts du cercle restreint de l’alliance mafieuse et milicienne " et de s’abstenir de prendre toute mesure de réforme qui contribuera à sortir le pays de la crise et d’empêcher l’adoption de la loi sur le contrôle des capitaux.

La Charte de salut national estime que " le danger du projet de budget réside dans l’absence de tout plan intégré de relance, et par conséquent le projet de loi est venu pérenniser l’approche des années précédentes, considérant le budget comme un outil purement comptable, et non comme un outil de base pour déterminer les grandes options économiques de l’État ". " Il restreint le pouvoir d’achat de la plus grande partie des Libanais par la mise en place d’impôts et de redevances au lieu de plonger dans la révision de la politique fiscale et d’évoluer vers des impôts directs progressifs qui aident le processus de production. Il touche au gagne-pain des employés du secteur public et des militaires en enlevant leur droit et le droit des retraités de rééchelonner leurs salaires et les contente de quelques subventions. Il fait fi de toute action sérieuse pour reconsidérer les dépenses, notamment en termes d’arrêt du gaspillage excessif. Enfin, la chose la plus dangereuse qui se trouve dans le projet de budget, c’est la facilité de violer la constitution et les lois et de donner des pouvoirs exceptionnels aux ministres ou au gouvernement ", poursuit la Charte.

" D’où la nécessité, ajoute-t-elle, de formuler un nouveau projet économique qui constituera un levier pour le Liban prospère que nous voulons ".

Le projet, rappelle-t-on, a pour objectif de renforcer le principe de responsabilité en procédant par la voie légale internationale en vue de récupérer les fonds transférés à l’étranger après le 17 octobre 2019 et l’argent pillé à la suite de la corruption financière et politique, ainsi que la récupération des profits illégaux tirés de l’ingénierie et des intérêts fictifs qui ont faussement gonflé les dépôts en dollars.

" Déterminer les responsabilités des pertes puis les répartir équitablement entre les trois parties que sont les banques, l’État et les déposants, ainsi que restructurer le secteur bancaire pour qu’il soit une locomotive de la croissance, de l’investissement et de la production et un soutien de l’économie réelle. Enfin, activer les secteurs productifs pour créer des opportunités de travail, améliorer les conditions de vie de la population, adopter une stratégie nationale de protection sociale et reconstruire les systèmes de santé et d’éducation, qui constituent une caractéristique qui a longtemps distingué le Liban des autres pays de la région ", conclut la Charte de salut national.

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