Le plan de réforme du secteur de l’électricité sera discuté dans tous ses détails mercredi lors du Conseil des ministres qui doit également plancher sur un plan de gestion des déchets solides.

Le gouvernement doit tenir une réunion mercredi pour examiner le plan de réforme du secteur de l’électricité, élaboré par le ministre de l’Energie Walid Fayad. Ce dernier espère le voir rapidement adopté et surtout " ne pas être politisé ". Pour lui, c’est " le bon plan " qui permettra au secteur moribond de l’électricité de se remettre sur pieds " sinon il continuera à perdre près de 70 millions de dollars par mois ". En attendant, les Libanais subissent toujours un rationnement drastique et ne voient pas le bout du tunnel. Ils redoutent notamment une hausse des tarifs sans que le courant ne leur soit suffisamment fourni alors qu’ils paient des sommes exorbitantes en mazout pour les générateurs d’immeubles ou en abonnement pour les générateurs de quartiers.

Le plan de Walid Fayad a été discuté une première fois par l’Exécutif lors du Conseil des ministres du 15 février, mais son examen approfondi a été reporté à cette semaine parce que des ministres se sont plaints de ce que le document était rédigé en anglais. Ils voulaient une version en arabe. Mais ce n’était pas tout. Ce jour-là, des divergences sont apparues concernant le plan de réforme proposé, notamment pour ce qui a trait à la tarification et à l’autorité de régulation. Le ministre de l’Energie juge indispensable une hausse progressive des tarifs, en fonction de la consommation, ce que de nombreux ministres rejettent estimant qu’il est inconcevable d’accabler la population de charges supplémentaires avant de lui fournir l’électricité 24 heures sur 24. Or pour M. Fayad, il est indispensable que le secteur commence à s’autofinancer pour réduire progressivement son déficit.

Pour ce qui est de l’autorité de régulation, on sait que le camp présidentiel souhaite qu’elle soit chapeautée par le ministre alors que le camp du Premier ministre et le PSP estiment qu’elle devrait être complètement autonome, donc soustraite à l’autorité de tutelle politique. Dans les milieux du ministre et du chef du gouvernement, on s’abstient de donner des précisions au sujet des divergences de vues entre les deux sur ce plan. Interrogé par ICI Beyrouth, Walid Fayad se contente d’affirmer que l’autorité de régulation " doit être complètement autonome et ne dépendre d’aucun parti politique ". Le Premier ministre voudrait qu’elle soit formée au plus vite, pour répondre aux exigences de la communauté internationale (qui insiste sur une réforme radicale du secteur de l’électricité, entre autres, afin de débloquer des aides au Liban et de soutenir son plan de redressement) alors que la Banque mondiale a donné à l’Exécutif 18 mois pour la mettre en place. Cela fait dire à des observateurs que le gouvernement " tourne dans un cercle vicieux " dans son approche de la réforme du secteur de l’énergie qui semble de plus en plus hypothétique de ce fait.

Selon Ali Darwiche, député du groupe parlementaire de Najib Mikati, les ministres auront entre les mains mercredi, tous les détails du plan de l’électricité. " Le Premier ministre Mikati a assuré que ce plan comporte de très bons points mais certains détails nécessitent une discussion approfondie pour qu’il ne soit pas provisoire ", dit-il, en expliquant sans trop de détails que " le chef du gouvernement préfère une formule durable pour le secteur de l’électricité avec une autorité de régulation autonome, afin que ce secteur soit géré au mieux, en plus de la formule actuelle de gestion ".

" Deuxièmement les sources de financement doivent être claires, que ce soit pour le fuel ou pour le plan à moyen et long terme, concernant notamment les centrales qui vont produire l’électricité. Un autre point important est la collecte des factures. Le Premier ministre veut qu’elle se fasse assidument pour que le secteur puisse subsister parce que le coût est énorme et les ressources sont minimes ", selon le député.

Ali Darwiche estime que les discussions se poursuivront lors d’une autre séance vendredi. Celle-ci devrait être déterminante. " Soit le mécanisme de travail démarre soit la réforme nécessite des discussions supplémentaires ", commente-t-il.

Un plan en trois points

Le plan de réforme comporte trois étapes sur cinq ans. D’abord EDL fournira 8 à 10 heures d’électricité par jour en mars 2022, ensuite l’approvisionnement augmentera à 16 et 18 heures d’ici à fin 2023 et enfin du courant 24 heures sur 24 en 2025-2026.

La tarification est étudiée avec des plages de consommation progressives qui dépendent de la consommation au kilowatt par heure. Plus on consomme plus on paie. Cela permettra aux familles vulnérables de ne pas recevoir de grosses factures. Pour le ministre Fayad, l’équilibre financier sera atteint d’ici 2023, si les tarifs sont augmentés et les factures payées. Entre-temps, le Trésor est appelé à participer la première année au financement du plan de réforme pour ne pas faire porter tout le fardeau financier à la population. Selon ses calculs, l’augmentation de la cotisation est supposée commencer à couvrir les frais engagés après 2022. En d’autres termes, la tarification moyenne de 20 cents par kilowatt va couvrir les frais à partir de 2023.