Pas moins de quatre grandes banques libanaises ont arrêté mercredi les opérations sur la plateforme de change de la Banque du Liban (BDL), Sayrafa. Un phénomène, qui a créé un vent de panique auprès de leurs clientèles.

Contactées par Ici Beyrouth, des sources bancaires concordantes ont affirmé que les transactions ont été suspendues pour la journée de mercredi, à la demande de la Banque centrale afin de permettre à celle-ci d’effectuer une réconciliation bancaire. Tout devrait rentrer dans l’ordre jeudi.

Le volume des billets de banques en livres libanaises convoyés par ces banques vers la BDL au cours des derniers jours a été relativement plus important que la normale, nécessitant un jour de suspension de Sayrafa pour remettre les pendules à l’heure. D’ailleurs, d’après les mêmes sources bancaires, la mise en œuvre de la circulaire 161 est tributaire du volume de dollars fournis par la BDL, seule entité à pouvoir alimenter le secteur bancaire en billets verts pour un taux de change d’un dollar à 20.200 LL.

La circulaire 161 impose aux banques de verser des dollars " frais ", et non pas des livres libanaises, aux clients qui désirent effectuer des retraits de leur compte.

Avant l’horaire de fermeture habituelle des établissements de crédit, la BDL a publié un communiqué dans lequel elle a démenti catégoriquement les informations qui ont circulé dans certains médias faisant état d’un arrêt définitif des opérations sur la plateforme Sayrafa.

La Banque centrale a réaffirmé son engagement à poursuivre la mise en œuvre de la circulaire 161. Elle a fait savoir qu’elle est toujours prête à livrer des volumes sans plafond de billets verts en contrepartie d’un apport en pièces de livres libanaises selon le taux de change Sayrafa. Ce taux est sujet à une mise à jour au quotidien, rappelle-t-on.

Les effets de la circulaire 161 sont en vigueur jusqu’au 31 mars. Ce délai pourrait être prorogé par décision de la BDL.

Le marché libre

Dans le même temps, la valeur du dollar sur le marché libre a enregistré un flottement, le premier relativement important depuis la stabilisation du taux de change grâce à la mise en œuvre de la circulaire 161 en décembre 2021. Le dollar s’est échangé mercredi dans la matinée à un peu plus de 23.000 LL pour perdre un peu de terrain dans l’après-midi. La valeur des transactions effectuées mercredi sur la plateforme de Sayrafa a représenté 70.000.000 de dollars sur base d’un dollar à 20.550 LL.

En réponse à une question, l’expert Jassem Ajjaka a considéré que la légère hausse du taux de change du dollar est dictée entre autres raisons par une pression accrue de la demande sur le billet vert provenant des commerçants, qui ont vu les prix de leurs importations augmenter suite aux retombées économiques de l’offensive russe contre l’Ukraine. Il a également évoqué l’incapacité avérée des autorités à satisfaire les besoins des Libanais en termes de blé, de farine, d’essence et de dérivés pétroliers en général. Le fonctionnement des rouages de l’économie du pays nécessite davantage de liquidités en billets verts. Des liquidités qui ne seront disponibles qu’en vertu d’un accord entre le Liban et le FMI, un accord plus que jamais pressant, relève M.Ajjaka