Lors d’une réunion récente de la Commission parlementaire des Finances et du budget qui statuait sur le projet du budget 2022, un membre de la commission, et du Hezbollah, a suggéré de ne pas inclure dans les dépenses les intérêts sur les bons du Trésor que l’État doit verser aux banques et à la Banque centrale (BDL) en 2022. Il s’agit de la coquette somme de 4 trillions de livres libanaises. Du coup, cet article n’a pas été tranché, mais devrait être examiné plus tard.

Il y a quelques semaines, le président de la République avait présenté la même proposition, sur un montant de 6 trillions de livres libanaises.

L’objectif déclaré de l’un et l’autre de ces deux alliés (le président et le Hezbollah) est de pouvoir financer les filets de sécurité sociale ou encore l’électricité. Pour le Hezbollah, un objectif non déclaré est d’affaiblir encore plus les banques.

Or, cette proposition présente plusieurs risques, d’autant que le Liban a fait défaut sur sa dette en devises en mars 2020. Étendre ce défaut de paiement à la dette en livres libanaises ne fera que ternir encore plus la réputation du pays, considéré comme un mauvais payeur. Cesser de payer ces intérêts, c’est priver les banques d’une source de revenus. "Les intérêts que le gouvernement doit payer aux banques commerciales sont leur principale source de revenus puisque les crédits bancaires au secteur privé ont diminué de 32 milliards de dollars depuis début 2019", souligne Nassib Ghobril, directeur du département d’études et d’analyses économiques à la Banque Byblos.

La valeur de ces bons du Trésor est de 93 trillions de livres libanaises. La BDL en détient près de 62%, les banques commerciales 24% et le reste est détenu par des institutions publiques, des sociétés financières et le public.

Selon Nassib Ghobril, "le ministère des Finances a décidé d’étaler les paiements d’intérêts dus à la BDL à hauteur de 50% cette année et le reste échelonné sur les deux à trois années à venir". Mais, a-t-il ajouté, "ils n’ont pas encore pris de décision concernant les intérêts sur les bons du Trésor que détiennent les banques commerciales."

Mais, en gros, si une telle décision est prise, elle aura des conséquences graves sur l’équilibre financier des banques, déjà très difficile à atteindre. Il faudrait rappeler à ce propos que les créditeurs privés (hors sociétés) sont encore en train de régler leur dette aux banques au taux de 1.500 LL, ce qui représente une perte sèche pour celles-ci qui livrent à leurs clients les dollars au taux de 8.000 LL.