La restructuration des banques est au menu d’une séance de travail qui réunira durant deux heures vendredi, à partir de 8h30, la délégation du Fonds monétaire internationale (FMI) en visite au Liban et les représentants de l’association des banques au Liban (ABL). Les banques souhaitent connaître l’approche qu’a le FMI d’une restructuration du secteur bancaire, les idées des acteurs du secteur étant encore dans le flou.

Il est pressant de restructurer le secteur bancaire, de lui donner un nouvel élan pour un nouveau départ, car les banques représentent l’élément moteur de l’activité économique et le vecteur de la croissance espérée. Il ne s’agit pas de réinventer le métier de la banque, mais de rendre aux banques libanaises leur vitalité, c’est-à-dire les rendre " liquides "  de manière à leur permettre de verser l’argent aux déposants et d’avancer des fonds pour financer la reprise économique.

Correction financière

Interrogée par Ici Beyrouth, une source bancaire a indiqué qu' "il est encore possible de reconstruire une richesse". En effet, l’obstacle majeur au lancement du processus de restructuration bancaire a été durant deux ans l’absence d’un consensus sur l’ampleur réelle des pertes et sur la manière de les répartir, ce à quoi fait référence l’expression " correction financière ".

Cette question de la stratégie de correction financière a été au centre d’un communiqué publié par le bureau du vice-président du Conseil des ministres, Saadé Chami, qui préside la délégation libanaise dans le cadre des négociations avec le FMI. Le communiqué souligne "la contribution de chacun pour  assumer la responsabilité des pertes du secteur, avec la nécessité d’adhérer aux normes internationales pour résoudre cette crise ". " A cette fin, un projet de loi portant sur la restructuration du secteur bancaire doit être élaboré après s’être entendu sur une correction financière ", ajoute le communiqué.

Dans cet esprit, une séance de travail réunira durant deux heures vendredi à partir de 8h30, la délégation du FMI en visite au Liban et les représentants de l’association des banques au Liban (ABL). Les banques souhaitent connaître l’approche qu’a le FMI d’une restructuration du secteur bancaire, les idées des acteurs du secteur étant encore dans le flou. Il reste qu’un tel chantier restera limité, quant à son impact durable, s’il ne s’accompagne pas de réformes structurelles sérieuses que réclame la communauté internationale depuis la conférence de Paris d’aide internationale au Liban, en 2018 (CEDRE).

Une fois le mécanisme de la correction financière approuvé, le gouvernement désignera un comité technique – qui peut être composé de représentants de la BDL, de la Commission de contrôle bancaire et du ministère des Finances – qui s’attèlera à étudier l’état de chaque banque séparément. Il reviendra à ce comité la tâche de prendre une décision de liquider certains établissements de crédit si nécessaire, d’en fusionner d’autres ou de réformer leurs bilans par des opérations de Bail-in, tout comme de décider un changement au niveau de leur gestion. Il garantira aussi une poursuite de leurs activités, pendant qu’il s’acquitte, lui, de sa mission. En d’autres termes, sa tâche consistera à désigner les " mauvaises banques " (Bad Banks) et les " bonnes banques " (Good Banks), explique une source bancaire. Celle-ci ne manque pas de relever que le processus de restructuration des banques et la formation du comité technique qui s’en occupe nécessitent a priori l’élaboration et l’adoption d’une loi spéciale.

Recapitalisation des banques

Une source bancaire a estimé que la recapitalisation des banques libanaises selon les normes internationales (les accords de Bâle III) est possible. Plusieurs grandes banques libanaises ont entamé une reconstitution de leurs avoirs extérieurs en vendant leurs entités à l’étranger et seraient ouvertes à un actionnariat international. Quant à la Banque centrale, celle-ci possède des actifs qui génèrent d’importants revenus, allusion au transporteur aérien national, la MEA, et au Casino du Liban. Pour ce qui est de l’État libanais, il est le plus grand propriétaire foncier et pourrait faciliter l’exploitation d’immenses terrains au Akkar et dans la Békaa ouest par des multinationales pour la production d’énergie éolienne. La grande difficulté qui apparaît sur ce plan est d’obtenir les garanties nécessaires pour que les nouveaux revenus engendrés par l’État ne soient pas rapidement engloutis par la corruption galopante d’une partie de la classe au pouvoir, d’autant que la cause véritable de l’effondrement actuel est de nature fondamentalement politique – en l’occurrence la ligne de conduite du Hezbollah.

Les précédents dans le monde

Il convient d’indiquer, enfin, que pour les déposants, dans le cadre d’un  bail-in, les dépôts peuvent être considérés comme des fonds propres. Mais seules les grandes fortunes seront ponctionnées pour rétablir la situation de certaines banques. La définition de grands déposants est laissée aux dispositions de la loi sur la restructuration du secteur bancaire.

Le bail-in a été activé lors de crises financières majeures. Il a été employé notamment à Chypre en 2013 pour rétablir la situation financière de la Bank of Cyprus et en Italie en 2015 pour sauver la Banca Romagna Cooperativa.

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