Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a estimé lundi que "le travail de mémoire et la purification des consciences sont la condition principale pour mener un dialogue franc et constructif entre les chrétiens et les musulmans d’une part, les partis et les blocs parlementaires d’autre part". Et ce, "pour assainir le vivre-ensemble, conformément au texte de la Constitution qui constitue le fondement du pacte national de 1943 que les Libanais ont renouvelé dans l’accord de Taëf en 1989, et qui accorde la légitimité au pouvoir politique", a-t-il poursuivi lors de l’ouverture des travaux du Conseil des patriarches et évêques catholiques.

"Mais en nous penchant sur la réalité libanaise, nous constatons, malheureusement, que ceux qui ont fait la guerre continuent de gouverner notre pays, a ajouté Mgr Raï. Ce qui paralyse l’État en raison des différends et sème le doute au niveau de l’opinion publique internationale, puisque celui qui a fait la guerre ne peut pas faire la paix."

Mgr Raï a fait remarquer à cet égard que "c’est la raison pour laquelle les dirigeants n’ont pas pu faire un travail de mémoire". "Nous les écoutons, à chaque occasion, s’échanger des propos blessants sur les différents réseaux sociaux, a-t-il dénoncé. C’est pourquoi, au terme de six ans du mandat de (l’ancien président) Michel Aoun, ils n’ont pas pu, voire, ils n’ont pas voulu, élire un nouveau chef de l’État. Leur plus grande réalisation a été de mettre le drapeau en berne, fermer le palais présidentiel et transmettre les prérogatives du président de la République à un gouvernement démissionnaire depuis cinq mois (au lendemain des législatives de mai 2022, NDLR), alors que le Liban se trouve dans la phase la plus dangereuse de son histoire politique, économique, financière et sociale".

"S’ils écoutaient (les dirigeants) l’appel lancé par le pape François" dimanche, a-t-il conclu. Lors d’une conférence de presse qui le ramenait d’une visite qu’il a effectuée à Bahreïn, le souverain pontife a appelé "les politiciens libanais à laisser de côté leurs intérêts personnels". "Regardez le pays et mettez-vous d’accord", a-t-il lancé à l’intention des dirigeants libanais.