La réunion de concertation des blocs parlementaires (Kataëb, Changement, Renouveau et Rassemblement parlementaire indépendant) et députés indépendants de l’opposition, qui s’est tenue mardi après-midi dans la bibliothèque du Parlement, a été axée sur la nécessité de mettre fin à l’impasse au niveau de l’élection présidentielle.

Dans ce cadre, une large faction des 19 participants à la réunion a estimé qu’il ne fallait pas prendre part aux éventuelles séances législatives auxquelles les députés pourraient être bientôt conviés, a souligné un député présent à Ici Beyrouth. Un tel boycott, selon les partisans de cette démarche, pourrait exercer une pression sur les parties locales qui bloquent la présidentielle. Il pourrait également encourager les puissances internationales –  qui insistent sur l’approbation de réformes en vue d’un accord avec le Fonds Monétaire International – à jouer un plus grand rôle au niveau de la présidentielle.

Alors que la plupart des blocs représentés ont appuyé l’idée du boycott, la Rencontre parlementaire indépendante (un groupe de parlementaires indépendants) a mis en garde contre les conséquences d’une telle démarche sur le bon fonctionnement des institutions, surtout si la vacance présidentielle venait à se prolonger. La Rencontre a relevé à ce propos que ce boycott viendrait s’ajouter à celui qui est exercé par les "blocs du bulletin blanc" et pourrait aggraver la situation au Liban.

Il convient de noter que les participants à la réunion de mardi n’ont pas discuté de noms de candidats à la présidentielle.

Le communiqué

Dans le communiqué publié à l’issue de la réunion, les participants ont indiqué avoir "discuté du mécanisme de sortie de la crise politique insoluble qui a plongé le pays dans une vacance présidentielle". Ils ont estimé que cela intervient "en pleine crise socio-économique, accompagnée d’un blocage total des différentes institutions et des administrations de l’État".

Les parlementaires ont affirmé que "la priorité absolue est de briser le mur de l’obstruction et se diriger immédiatement vers l’élection d’un président de la République qui constitue un premier pas vers la relance du fonctionnement des institutions, en application de la Constitution et pour sauver le Liban".

Les députés ont également mis en garde contre "le danger de s’engager dans des sessions législatives qui consacreraient la vacance présidentielle". Les participants ont par ailleurs décidé de former un comité de suivi " pour élever le niveau de coordination et préparer l’étape suivante ".

Les participants

La rencontre a regroupé 19 députés qui, selon le communiqué, "représentent 32 députés indépendants, du Changement, et membres des blocs du parti Kataëb, du Renouveau, de la Patrie de l’homme (bloc Nehmat Frem) et de la Rencontre parlementaire indépendante".

Étaient présents à cette réunion Samy Gemayel et Sélim Sayegh (Kataëb), Michel Moawad, Ashraf Rifi et Fouad Makhzoumi (Renouveau), Najat Saliba, Mark Daou, Rami Finge, Yassine Yassine et Elias Jradé (Changement), Waddah Sadek et Michel Doueihy (anciens membres du bloc du Changement), Charbel Massaad (Saïda-Jezzine), Nehmat Frem, Bilal Hchaimi (représentant la Rencontre parlementaire indépendante), ainsi qu’Ahmed Rustom (membre de la Modération nationale), Jean Talouzian, Ghassan Skaff et Michel Daher.

Comité de suivi

Les participants ont formé un comité de suivi, composé des députés Waddah Sadek, Sélim Sayegh, Bilal Hchaimi, Adib Abdelmassih et Ghassan Skaff.

À son arrivée à la bibliothèque du Parlement, M. Skaff a indiqué à Ici Beyrouth que la réunion visait notamment à aboutir à l’élection d’un président dans les prochaines semaines.

Pour sa part, M. Douaihy a souligné qu’il "faut être courageux et trouver un candidat, ou une candidate, susceptible d’être élu".

Les Kataëb

Il convient de noter que le parti Kataëb a exprimé la même position à l’issue de la réunion de son bureau politique mardi, sous la présidence du député Samy Gemayel.

Il a noté que toute séance législative avant l’élection d’un nouveau chef de l’État, " est un acte anticonstitutionnel condamnable qui vise à prolonger la vacance présidentielle. "

Le bureau politique a souligné son " attachement à la Constitution libanaise qui organise la vie démocratique et qui stipule clairement la nécessité d’élire un président sans blocage et sans le prétexte du quorum ". Le parti a insisté sur " la nécessité de maintenir les séances parlementaires ouvertes jusqu’à l’élection d’un président", ajoutant que "les séances hebdomadaires, de la façon dont elles sont gérées actuellement, constituent une perte de temps ".