Dimanche, quatre des seize candidats au poste de membre du conseil de l’Ordre des avocats de Beyrouth seront élus. Un processus qui se tient le troisième dimanche de novembre de chaque année, mais qui, cette fois-ci, est marqué par une prise de position inédite.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le bâtonnier Nader Gaspard a publiquement déclaré son soutien à quatre candidats. "Au lieu d’être équidistant des seize candidatures, M. Gaspard s’arroge le droit de prôner une liste bloquée de quatre candidats, à savoir Maya Zaghrini, Saadeddine Khatib, Mayssam Younès et Samer Baalbaki", s’indigne une source judiciaire interrogée par Ici Beyrouth. "Il est inhabituel qu’un bâtonnier en exercice déclare ouvertement son appui à une liste", poursuit la source en question qui a préféré garder l’anonymat. Un point de vue que partagent bon nombre d’avocats.

Quoi qu’il en soit, selon des sources sûres, des seize candidats qui se présentent pour les élections de dimanche, six s’avèrent être favoris. Il s’agit de Saadeddine Khatib, Maya Zaghrini, Nadim Hamadeh, Mayssam Younès, Arlette Bejjani et Georges Yazbeck. Qui sont-ils et comment les alliances se sont-elles constituées ?

Majoritairement indépendants, les candidats entendent être appuyés par les partis politiques. Un soutien qui pourrait entacher leur mission? "Non", affirment unanimement les avocats ainsi que les membres actuels de l’Ordre. "Même les candidats partisans ou militants, une fois qu’ils accèdent au conseil de l’Ordre, se comportent en tant que représentants de l’Ordre et non de leur parti ", assurent les membres du Conseil, Elie Bazerli et Imad Martinos.

Si le parti Kataëb n’a avancé, jusqu’à présent, le nom d’aucun candidat, il n’en demeure pas moins qu’il tend vers une alliance avec le Courant du Futur qui appuie la candidature de Saadeddine Khatib, secrétaire général du conseil de l’Ordre, non affilié au parti bleu et qui se présente pour la deuxième fois consécutive. Les Kataëb semblent aussi vouloir voter pour Mayssam Younès (indépendante), qui bénéficiera des voix du Courant du Futur, du mouvement Amal et du Parti socialiste progressiste (PSP).

Les Forces libanaises (FL) soutiennent la candidature de Maya Zaghrini, également membre du conseil de l’Ordre et avançant sa candidature pour la seconde fois. Des négociations ont lieu également avec le PSP, dont le principal candidat est Nadim Hamadeh, et le Courant du Futur pour un échange de voix en faveur de Mme Zaghrini. En contrepartie, les FL se seraient engagés à voter aussi pour Nadim Hamadeh.

Côté Courant patriotique libre (CPL), bien qu’aucun candidat ne lui soit directement affilié, il a choisi de soutenir les avocats Arlette Bejjani, Farouk Hammoud, également appuyé par le Hezbollah, et Maya Chéhab. Cette dernière, dont le père a marqué l’histoire de l’Ordre des avocats du fait de son engagement solide, est soutenue par les indépendants. Le mouvement Amal, quant à lui, propose le nom de Samer Baalbaki. Les anciens bâtonniers, dont Nohad Jabre, André Chidiac, Boutros Doumet et Sélim Osta, penchent plutôt pour la candidature de Maya Chéhab et Georges Yazbeck, qui bénéficie de l’appui du Bloc national (BN) et des indépendants.

À titre indicatif, les avocats qui briguent le poste de membre du conseil de l’Ordre, pour un mandat de trois ans, sont les suivants : Georges Yazbeck, Laurna Felfli, Mayssam Younes, Nadim Hamadeh, Maha Zalaket. S’ajoutent à eux les avocats Imad Roumouz, Maya Chéhab, Toni Hourani, Saadeddine Khatib, Samer Baalbaki, Mariam Hamdane, Maya Zaghrini, Mirna Traboulsi, Hadi Francis, Farouk Hammoud et Arlette Bejjani. Ils remplaceront (ou se succéderont à eux-mêmes, dans les cas de Saadeddine Khatib et Maya Zaghrini) les membres suivants : Melhem Khalaf, Pierre Hanna.

Le programme électoral de la totalité des candidats s’appuie principalement sur la nécessité d’améliorer les conditions professionnelles des avocats, touchés eux aussi par la crise que traverse le pays et les grèves qui se multiplient. Rappelons que bon nombre de fonctionnaires et de magistrats ont procédé à un arrêt de travail, alors que d’autres ont tout simplement quitté le pays, ce qui a rendu encore plus difficile le bon fonctionnement du secteur judiciaire. Composé de 12 membres et se renouvelant par tiers chaque année, le conseil de l’Ordre des avocats a toujours réussi à regrouper des adhérents qui, en dépit des affiliations politiques d’une partie d’entre eux, œuvrent pour le bien de cette " communauté " professionnelle.