“La non-application de la résolution 1559 est devenue un facteur de déstabilisation pour l’ensemble du monde arabe”, souligne l’ancien député, qui appelle le patriarche maronite à prendre le contre-pied de la position officielle.

Le fondateur du Rassemblement de Saydet el-Jabal, l’ancien député Farès Souhaid, a invité mardi l’Église maronite à rallier l’initiative de salut pour le Liban proposée par le Koweït au nom des pays-membres du Conseil de coopération du Golfe et de leurs partenaires internationaux.

M. Souhaid, qui a été reçu à Bkerké par le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a indiqué avoir évoqué au cours de l’entretien “les résolutions internationales, notamment la 1559, la 1680 et la 1701, ainsi que la nécessité pour les Libanais d’aller à la rencontre de l’initiative arabe”.

“Y a-t-il mieux que le patriarcat maronite, garant de l’idée libanaise, pour mener une initiative complémentaire à la démarche koweïtienne, d’autant que cette dernière retrouve celle que le patriarche Raï avait lui-même formulée (en février 2021) ?”, s’est-il interrogé.

L’initiative lancée par Bkerké l’an dernier réclamait notamment l’application des résolutions internationales et un statut de neutralité pour le Liban, loin de la politique des axes.

Farès Souhaid a expliqué à Ici Beyrouth le sens de la proposition faite à Bkerké. Selon lui, les revendications des pays du Golfe, et plus largement du monde arabe et de la communauté internationale, portent sur “la nécessité d’appliquer des éléments de bases, des fondamentaux”.

L’initiative koweïtienne réclame ainsi l’application de la Constitution libanaise et des accords de Taëf, de la légalité arabe et des résolutions internationales, dit-il. “Lorsqu’il est question de respect de la légalité arabe signifie que le Liban ne devrait pas s’ingérer dans les affaires intérieures de ces pays. Réclamer la neutralité à l’heure où d’autres Libanais, pour le compte de l’Iran, se battent au Yémen, en Syrie et en Irak, est paradoxal. Or il faut faire preuve de cohérence.

" Au service d’une puissance étrangère, une partie des Libanais est donc en train de pousser le pays à s’imbriquer dans les clivages de la région, ce qui n’est pas sans avoir des retombées majeures sur l’ensemble du peuple libanais”, indique M. Souhaid.

Selon lui, lorsque l’initiative décide de prendre à sa charge la question de l’application de la 1559 et que Beyrouth élude ses responsabilités, cela signifie que cette résolution et la nécessité que  ses dispositions se matérialisent sur le terrain, sont devenues une question stratégique arabe.

“La non-application de la 1559 représente désormais lui facteur de déstabilisation du monde arabe, pas seulement du Liban. Au-delà du Proche-Orient, Abou Dhabi et ARAMCO sont désormais menacés par l’Iran. À travers l’initiative koweïtienne, le monde arabe nous place ainsi face à une responsabilité énorme, celle de sa propre sécurité, affirme-t-il. D’autant que le Liban officiel est incapable de faire face au Hezbollah et de réclamer l’application de la 1559”.

“C’est pourquoi, face à ce développement, il m’est d’avis que l’Église maronite devrait rallier cette initiative à l’heure où le Liban officiel s’en éloigne”, ajoute Farès Souhaid précisant également avoir invité le patriarche maronite à “réfléchir sur la possibilité d’effectuer une visite à la Ligue arabe et au Conseil de coopération du Golfe dans ce sens”.

Amine Gemayel

Mgr Raï a par ailleurs accordé audience à l’ancien président de la République, Amine Gemayel, qui a appelé à une unité des rangs dans le cadre du vide politique actuel, inédit dans l’histoire du Liban, mettant en exergue l’absence de sens de responsabilité des leaders.

“J’aurais souhaité que nous nous entendions sur les points communs dans le cadre de cet embrouillamini politique, sur les constantes à même de préserver le Liban. C’est ce qui est attendu à l’heure actuelle, un sursaut de conscience face aux dangers et une entente à minima pour sauver le pays”, a-t-il ajouté.

“Les gens sont fatigués des paroles. Ils veulent juste vivre dignement, dans la stabilité, et assurer celle de leurs enfants. Une prise de conscience est nécessaire et un sursaut impératif face aux souffrances des gens et du vide national et politique auquel nous sommes confrontés et qui est étouffant pour le pays”, a conclu l’ancien chef de l’État.

Signalons en outre que Mgr Raï s’est également entretenu mardi avec les anciens députés Nabil de Freige et Salah Honein.

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