Derrière l’homme dont la mémoire est honorée par la création du trophée qui porte son nom, se trouve un autre homme, tout aussi brillant, tout aussi passionné, grand défenseur des nobles causes, empathique comme personne. Cet homme, c’est Sélim Mouzannar, le "golden boy" stricto sensu qui a conçu, avec le perfectionnisme qu’on lui connaît, les trophées qui seront décernés jeudi 3 février lors de la cérémonie commémorative de l’assassinat de Lokman Slim.

Sélim Mouzannar. Cette signature apposée sur les sublimes créations en joaillerie disséminées dans les capitales les plus prestigieuses du monde est celle d’un self-made man, d’un releveur de défis qui a osé faire un pas de géant là où d’autres auraient beaucoup hésité tant l’enjeu était (et est toujours) important. Rappelons que le Liban est un pays instable, et y investir son temps et son argent est souvent insensé. Pourtant Sélim l’a fait. Il l’a fait pour s’ouvrir au monde à partir de ce pays-même qui est l’incarnation du joug de l’injustice, démontrant ainsi au monde entier que le Liban est également distillateur de pépites, de joyaux, de créations et d’émerveillements.

Sélim Mouzannar est un perfectionniste. Un jusqu’au-boutiste, mais pas une tête brûlée, loin de là. Derrière le côté boute-en-train se cache une personnalité complexe, faite de profondeur, de relativisme, mais surtout d’idéalisme. Sélim est un rêveur, mais un rêveur qui réalise ses rêves sans attendre qu’une force surnaturelle les lui serve sur un plateau d’argent (ou de pierres précieuses!). Son destin, il le forge, incessamment, voyant toujours plus grand, mais avec une rigueur inégalée.

Alors, lorsque ce défenseur forcené des droits de l’homme et de la scène culturelle est chargé d’une mission, le résultat ne peut être qu’à la hauteur des attentes, voire au-delà.

S’il a connu Lokman Slim "sur le tard", et n’a partagé que "quelques déjeuners" avec lui, Sélim et Lokman ont été "moulés" dans les mêmes valeurs de vie ; ces valeurs inculquées de part et d’autre par des mères hors-pair et pivots incontournables.

C’est Rasha el-Ameer, la sœur de Lokman Slim, qui approchera Sélim pour concevoir ces trophées qui sont au nombre de cinq, histoire de perpétuer le souvenir d’un homme injustement ravi aux siens. Le hashtag #zéropeur – leitmotiv de Lokman – lancé le jour-même de son assassinat, figure sur le trophée, mais pas comme une épitaphe. Gravé comme une promesse d’éternité. D’une revanche sur la mort.