Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a accusé les États-Unis d’ingérence dans les affaires intérieures libanaises et d’immixtion dans les législatives. Il a en outre estimé que le retrait du Courant du futur du scrutin 2022 " ouvrira la voie à l’extrémisme sunnite ".

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a lancé mardi soir une virulente attaque contre les États-Unis, accusant Washington de s’ingérer dans les affaires intérieures libanaises. " Les Américains n’ont pas de bases militaires au Liban, mais ils ont des officiers au sein de l’armée libanaise ", a-t-il déclaré lors d’une intervention sur la chaîne télévisée pro-iranienne al-Alam. " L’ambassadrice US (Dorothy Shea) se mêle des législatives " prévues le 15 mai 2022, a-t-il martelé, soulignant que " les États-Unis n’occupent pas le Liban, mais ils y ont une influence politique, financière et militaire ". Il a révélé en outre que Washington " avait essayé à plusieurs reprises avant l’an 2000 et durant de longues années d’initier des pourparlers " avec le parti chiite. " Récemment, les USA ont tenté d’ouvrir des canaux de communication " avec le Hezbollah, a-t-il ajouté.
" Les ambassades commencent à réaliser que l’influence des organisations de la société civile est illusoire ", a ajouté Hassan Nastrallah, affirmant à ce sujet que l’ambassadrice US " a tancé des responsables de ces organisations ".
Concernant les législatives, il a estimé que la décision du chef du Courant du futur, Saad Hariri, de suspendre sa participation à la vie parlementaire et politique était " regrettable ". " L’absence du Courant du futur a un grand impact sur le cours des élections ", a-t-il dit, estimant que le retrait du parti haririen " ouvrira la voie à l’extrémisme sunnite ". " Les chances de collaboration avec le Courant du futur restent possibles ", a-t-il cependant souligné.
Se penchant sur le dossier des frontières maritimes, le chef du Hezbollah a affirmé que son parti " ne se mêle pas " du tracé de ces frontières parce qu’il ne reconnaît pas l’existence de l’État hébreu. " Le tracé des frontières maritimes relève des prérogatives de l’État libanais ", a-t-il insisté, notant que son parti " se conforme aux décisions du gouvernement, mais en tant que citoyen j’aimerais que la superficie (maritime, aux frontières avec Israël) contrôlée par le Liban soit plus large ". " Nous sommes contre toute normalisation, collaboration ou coordination avec l’ennemi. Il s’agit d’ailleurs de la position officielle du Liban ", a-t-il poursuivi.

Activation de la défense aérienne
Hassan Nasrallah s’est en outre attardé sur son arsenal militaire. Il a déclaré dans ce cadre que " la résistance considère qu’elle doit posséder tout type d’arme lui permettant de défendre son peuple et son pays et faire face aux menaces israéliennes ". " Il y a eu un changement au niveau de la confrontation aérienne avec l’ennemi, a-t-il annoncé. Pour la première fois, nous avons activé la défense aérienne au sein de la Résistance. "
Notant que " le Hezbollah fait primer les intérêts du Liban ", le leader chiite a invité " les autres parties à nous dire ce qu’elles ont offert au pays ". Et d’ajouter : " La décision du Hezbollah est libanaise. C’est la libanité de certaines parties assujetties aux ambassades étrangères qui doit être discutée. Nous refusons tout ce qui porte atteinte à la Résistance puisqu’elle constitue la seule garantie pour protéger le Liban. "
Sur le plan régional, Hassan Nasrallah a affirmé que " l’Iran est une grande force régionale qu’on ne peut ignorer ni combattre facilement ". " Il est peu probable que l’administration américaine déclare la guerre à l’Iran, a-t-il estimé. Une telle guerre mènera à un conflit à l’échelle de la région. " Concernant les négociations de Vienne, le secrétaire général du parti pro iranien a noté que " les États-Unis ne pourront pas empêcher le développement du programme nucléaire iranien ". " La République islamique ne compte pas recourir aux armes nucléaires ", a-t-il assuré.
Interrogé sur les attaques des Houthis contre les Émirats arabes unis, Hassan Nasrallah a expliqué que ceux-ci " ont sollicité dès les premiers affrontements avec Ansar Allah la protection américaine, européenne et israélienne ". " Ce qui protègerait les Émirats arabes unis, c’est leur retrait de la guerre du Yémen et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, a-t-il martelé. Nous n’intervenons pas dans les affaires des pays du Golfe, mais nous soutenons le peuple yéménite attaqué par l’Arabie saoudite. "
Et Hassan Nasrallah de conclure que " la présence américaine à l’est de l’Euphrate vise à piller les richesses pétrolières et gazières " dans la région et que " certaines positions attaquées en Syrie relèvent " de son parti.