Le patriarche maronite met en garde contre des tentatives de reporter les législatives. 

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a répondu indirectement dimanche au secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, qui avait récemment évoqué une influence américaine sur l’armée libanaise, mettant en garde contre " une méfiance infondée " à l’égard des forces régulières. Il a par ailleurs appelé à la tenue des élections législatives à la date constitutionnelle fixée au 15 mai prochain, et à " la participation massive des électeurs au Liban et dans les pays d’émigration ".

"Les défis auxquels le pays est confronté commandent un ralliement autour des principales institutions de l’État et non une méfiance infondée à leur égard, à commencer par l’armée libanaise. L’armée est le garant de la souveraineté et de la sécurité du pays et veille sur la paix nationale ", a-t-il affirmé dans son homélie dominicale, avant d’ajouter: " Nous devons remercier tous les pays qui fournissent des aides et équipements à l’institution militaire pour qu’elle puisse continuer à jouer son rôle, en particulier lors des deux prochaines élections ".

Mgr Raï faisait ainsi référence à une interview, mardi soir, de Hassan Nasrallah qui a dénoncé " une influence américaine sur le Liban ", indiquant que des officiers américains se trouvent à Yarzé qui n’échappe pas selon lui, au contrôle des États-Unis.

Concernant les législatives, Mgr Raï a rappelé que l’objectif du scrutin " est de créer dans le pays, une nouvelle situation susceptible d’apporter un changement dans la bonne direction ". " Nous disons cela à un moment où apparaissent de nombreux indicateurs ouvrant la voie à un report des élections, au lieu de préparatifs intensifs pour garantir leur déroulement. Cela a inquiété les amis du Liban qui ont rapidement publié des déclarations sévères appelant les responsables libanais, et d’autres, à ne pas modifier les dates du scrutin ", a ajouté le patriarche.

Il a cité dans ce cadre " la déclaration de Djeddah, l’initiative koweïtienne et la conférence des ministres arabes des Affaires étrangères " ainsi que " les Nations unies, le Conseil de sécurité de l’ONU, le Vatican, l’Union européenne et le Groupe international de soutien au Liban ".

Mgr Raï a indiqué que " tous ces pays et autorités savent que les élections, qu’elles soient législatives ou présidentielles, sont un passage obligé pour que le Liban redevienne un pays respectable ".

Il a souhaité que " les projets électoraux des candidats s’articulent autour de la résolution des problèmes sociaux et économiques, la neutralité du Liban, la convocation d’une conférence internationale en faveur du pays, la décentralisation élargie, le monopole des armes par l’armée et la mise en œuvre des résolutions internationales ". " Ces éléments constituent sans aucun doute une feuille de route pour sauver le Liban, revitaliser son État, redonner sa dignité au peuple, protéger l’unité libanaise et préserver les relations du Liban avec lui-même et avec les pays arabes et internationaux ", a-t-il ajouté.

La situation actuelle nécessite " des positions audacieuses et avancées " et non "des marchandages et des deals quotidiens ", a précisé Mgr Raï qui a appelé l’État libanais à donner une suite favorable à l’initiative koweïtienne, sans la nommer. Il s’est ainsi félicité " des positions publiques montrant l’intérêt des pays frères et amis à régler la crise libanaise dans le cadre de la légitimité libanaise et internationale ", avant d’appeler l’État libanais à " répondre sérieusement aux propositions constructives, et à ne pas les contourner ou gâcher des opportunités ".