Le Hezbollah a critiqué de façon virulente tout au long du week-end, l’approbation faite jeudi du projet de budget, qu’il a jugée " anticonstitutionnelle ". Cela ne devrait pas toutefois avoir d’effet sur la prochaine séance du Conseil des ministres, mardi.  

L’approbation à la va vite du projet de budget, jeudi, par le gouvernement et l’aval de trois nominations administratives demandées par le président de la République Michel Aoun, ont suscité la colère du tandem chiite Amal-Hezbollah.

Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, avait ainsi estimé, samedi, que l’aval accordé au budget par le Conseil des ministres est "anticonstitutionnel". Selon lui, la mouture définitive du projet n’a pas été présentée aux ministres et certains points n’ont pas été réglés ou sont restés sans réponses et nécessitent un vote, ce qui n’a pas été fait. Les questions ont été débattues sans plus, a-t-il dit, et c’est là que le Premier ministre s’est retiré pour annoncer que le budget avait été adopté.

Jeudi dernier déjà, le ministre du Travail, Moustapha Bayram, proche du Hezbollah, avait décrété que le projet du budget "n’a pas été voté légalement".

La tension pulvérisera-t-elle la relation du Hezb avec M. Mikati, comme le titrait le quotidien al Akhbar ?

Un problème de nominations plus que de budget

Une source proche du gouvernement estime que cette tension n’est pas due à l’approbation du budget, mais plutôt aux nominations qui ont été faites en dehors de l’ordre du jour du Conseil des ministres. Pour le tandem Amal-Hezbollah, les nominations devraient bénéficier au préalable de leur approbation.  En effet, le budget a été discuté pendant plusieurs jours en présence des ministres chiites, sans problème aucun. De même, il semblerait que le ministre des Finances Youssef Khalil n’apposera pas son contreseing au décret relatif à ces nominations, un refus qui risque d’être houleux.

Pour certains spécialistes, ce tableau serait en fait rien de plus que de la surenchère politique, puisqu’aucun parti ne souhaite assumer la responsabilité de ce budget, qui fait couler beaucoup d’encre.

Michel Aoun a pour sa part qualifié de " honteuses " les réactions du Hezbollah et d’Amal sur ce plan.

Un ministre, pour le moins optimiste, estime pour sa part que tout rentrera dans l’ordre, le Liban étant familier de ce genre de situations. De fait, le Premier ministre a tenu une réunion loin des feux de la rampe avec les conseillers du président de la Chambre, Nabih Berri, et Hassan Nasrallah, respectivement Ali Hassan Khalil et Hussein Khalil. Cette réunion aurait largement contribué à détendre l’atmosphère, de sorte que le Conseil des ministres prévu aujourd’hui devrait se tenir, en principe, sans accrocs. La campagne menée par le Hezbollah ne serait ainsi qu’une tempête dans un verre d’eau.

Amal rejette les nouveaux impôts et taxes

Le mouvement Amal a de son côté assuré lundi qu’il étudiera " sérieusement " le projet de budget au Parlement, tout en réitérant son refus de l’application de nouveaux impôts et de toute hausse de taxes, bien que le projet de budget ait été élaboré par le ministre Khalil, proche du parti. À l’issue d’une réunion de son bureau politique, le mouvement chiite a dénoncé le chaos et la confusion qui ont régné lors du dernier Conseil des ministres, où les principes et usages constitutionnels ont été complètement méprisés. Amal a assuré que cela n’était pas en rapport avec les nominations.