Israël a activé son système anti-aérien face à un nouveau drone lancé vendredi par le Hezbollah à partir du Liban et effectué un raid fictif sur Beyrouth.

Le Hezbollah est passé maître dans l’art de la provocation et de la surenchère, surtout lorsqu’il s’agit pour lui de démontrer qu’il est seul maître à bord au Liban et que ce sont ses quatre volontés qui doivent être exécutés. Son insistance depuis deux jours à lancer des drones en territoire israélien ne peut être situé que dans le cadre d’une provocation, à travers laquelle il essaie d’adresser des messages dans plusieurs directions, au risque de pousser les Israéliens à riposter violemment, comme cela s’était produit en 2006. On se souvient que Tel Aviv avait déclenché la guerre dévastatrice de juillet de la même année contre le Liban, après le rapt, par le Hezbollah, de deux soldats israéliens à la frontière.

Aujourd’hui, il joue à lancer des drones dans l’espace aérien israélien après avoir pompeusement annoncé, par la voix de son chef, Hassan Nasrallah, mercredi, une importante production locale de drones, cet avion sans pilote qui peut être utilisé aussi bien pour espionner que pour tuer. Hassan Nasrallah avait affirmé lors d’une interview à une chaîne iranienne que son mouvement avait " commencé à fabriquer des drones depuis longtemps (…), l’ennemi israélien voulant l’empêcher d’acheminer des drones depuis l’Iran (…) ". " Ce n’est pas un secret pour les Israéliens (…), nous possédons la capacité de transformer nos missiles en missiles de précision ", avait-il aussi averti.

Vendredi la tension était vive en Galilée, dont les habitants se sont précipités dans les abris lorsque la défense aérienne israélienne a activé son système de défense anti-aérien et dépêché des avions de chasse après qu’un drone, lancé à partir du Liban, a pénétré dans son espace aérien.

Dans l’après-midi, le Hezbollah a confirmé dans un communiqué avoir " lancé un drone " Hassane " à l’intérieur des territoires occupés ", précisant que l’appareil était " en mission de reconnaissance sur 70 kilomètres au nord " d’Israël, qu’il a " accompli sa mission avec succès durant 40 minutes, en dépit des tentatives répétées de l’ennemi israélien de l’abattre ". Le Hezbollah précise que le drone est retourné " intact au Liban, une fois sa mission remplie ".

" Des intercepteurs du Dome de fer ont été lancés (…) et des avions de chasse (…) ont patrouillé la zone ", ajoute le texte en référence au système de défense anti-aérien. " Quelques minutes plus tard, le contact radar a été perdu avec le drone ", a expliqué le porte-parole de l’armée israélienne, le général Avichay Adraee, laissant entendre que l’appareil n ‘a pas été intercepté.

Dans l’après-midi, l’aviation israélienne devait mener un raid fictif au Liban, en survolant à très basse altitude Beyrouth et sa banlieue, semant la panique parmi la population.

Le timing de cette provocation du Hezbollah n’a rien d’anodin puisqu’elle intervient à un moment où le problème que ses armes posent est de nouveau remis sur le tapis, que ce soit au niveau du discours local ou de celui des pays arabes, pris à partie régulièrement par la formation pro-iranienne.

Le lancement des drones qui a immédiatement suivi les propos de Hassan Nasrallah sur le développement de l’arsenal militaire de son parti, représente ainsi un défi aux tenants des deux discours, le Hezbollah voulant montrer qu’il fait peu de cas de tous les appels à l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, prévoyant le désarmement des milices au Liban.
Il s’agit surtout du deuxième volet de la réponse hezbollahi à l’initiative koweitienne, soumise en janvier dernier aux autorités libanaises dans la perspective d’un rétablissement de relations normales entre Beyrouth et les monarchies du golfe, le premier volet étant l’organisation, dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth, de congrès d’opposants à Bahrein et à l’Arabie saoudite. Ces congrès sont en contradiction avec un autre point de l’initiative koweitienne dans laquelle il est demandé à Beyrouth de mettre fin aux attaques verbales régulières du Hezbollah contre les pays arabes.

Par ses agissements qui ont entraîné une réaction immédiate des Israéliens avec le raid fictif au-dessus de Beyrouth, le Hezb essaie de montrer que son arsenal demeure utile tant que ce qu’il appelle la menace israélienne persiste. Des agissements qui vont à l’encontre de la logique même de l’Etat de droit, avec une milice armée qui hypothèque en fonction de ses intérêts la décision de guerre et de paix au Liban.

Jeudi, l’armée israélienne avait annoncé avoir abattu un drone du Hezbollah ayant pénétré dans son espace aérien, à partir du Liban. En janvier, des sources sécuritaires israéliennes avaient déclaré à l’AFP que la capture récente d’un drone du Hezbollah par Israël avait permis à l’armée d’accéder pour la première fois à des données montrant la manière dont le mouvement pro-iranien opérait ces engins volants.