Conakry n’a pas tardé à réagir à la décision du département américain du Trésor d’imposer des sanctions à deux Libanais installés en Guinée, qu’il accuse de financer le Hezbollah.

Le parquet général guinéen a requis lundi l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre de deux hommes d’affaires libanais résidant en Guinée, Ali Saadé et Ibrahim Taher, financiers présumés du parti libanais pro-iranien.

Le procureur général de la cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, a annoncé lundi au cours d’une conférence de presse avoir demandé au parquet de Kaloum, une commune de Conakry, " d’engager ou de faire engager des poursuites judiciaires sans délai, par voie d’information judiciaire ", contre les deux hommes d’affaires, en raison de " présomptions graves de blanchiment de capitaux et financement du terrorisme ". Par ailleurs, M. Wright a requis " la saisie des biens, le gel des avoirs et toutes autres mesures conservatoires à l’encontre des personnes physiques ou morales contre lesquelles l’information judiciaire sera ouverte ".

Cette communication intervient peu après l’annonce vendredi par le Trésor américain de sanctions à l’encontre des deux hommes pour leur soutien financier présumé au Hezbollah. " Cette action vise à perturber le réseau d’affaires du Hezbollah en Afrique de l’Ouest, qui repose sur la corruption et l’influence pour contourner l’État de droit ", avait affirmé le Trésor US dans un communiqué publié vendredi. Concrètement, le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département américain du Trésor a gelé leurs éventuels avoirs aux États-Unis, pendant que l’accès au système financier américain leur était barré.

Ali Saadé, 79 ans, possède des passeports libanais, français et guinéen. Ibrahim Taher, 58 ans, est détenteur de passeports libanais, britannique et guinéen. Les deux hommes possèdent des " connexions directes avec le Hezbollah ", selon le Trésor. M. Saadé " effectue des transferts de fonds de la Guinée vers le Hezbollah, à travers des représentants du parti en Guinée ou au Liban ", selon le Trésor US. M. Taher a été " identifié comme l’un des plus importants soutiens financiers du Hezbollah en Guinée. Il est soupçonné d’employer un certain nombre de personnes affiliées au parti dans le pays ".