L’avocat de feu Michel Mecattaf, Me Alexandre Najjar, a révélé que son client avait été blanchi en février dernier par le Procureur financier Ali Ibrahim, ce qui a " démonté les allégations des magistrats politisés de Baabda ", réfutant ainsi les accusations portées contre lui par la procureure Ghada Aoun. Michel Mecattaf est, de ce fait, parti comme il a vécu, en homme intègre.

D’émouvantes et impressionnantes obsèques ont été réservées à feu Michel Mecattaf, dimanche après-midi, à l’archevêché grec-catholique de Beyrouth en présence d’une foule dense de personnalités de la mouvance du 14 Mars. Le décès prématuré de l’homme d’affaires, foudroyé à la fleur de l’âge, à 53 ans, par une crise cardiaque a ému tous ceux qui étaient, comme lui, partisans d’un Liban libre, souverain et indépendant. Selon son entourage, et comme rappelé dans Ici Beyrouth, le PDG de la société Mecattaf avait cessé de vivre depuis des mois, précisément depuis que Ghada Aoun, procureure générale près la Cour d’appel du Mont-Liban, avait lancé une cabale judiciaire interminable contre l’entreprise familiale spécialisée dans le transfert de fonds, lui reprochant notamment d’avoir effectué durant le dernier trimestre de 2019… des transferts de fonds vers l’étranger, ce qui est précisément l’objet social de la société !

Dans une démocratie libérale, la justice répare, rétablit, dédommage. C’est ce que tente de faire le juge Tarek Bitar, à titre d’exemple, depuis des mois dans le dossier de l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, malgré le nombre sans précédent dans l’histoire judiciaire de recours en dessaisissements, dépourvus de fondements, et autres manœuvres destinées à entraver le cours de la justice.

En parallèle, dans ce même pays et dans un autre dossier, la justice semble avoir au contraire harassé, sali, achevé un homme dont l’innocence aura finalement triomphé. En effet, l’avocat de Michel Mecattaf, Me Alexandre Najjar, a publié sur sa page Facebook une photo de la décision du parquet financier classant sans suite les poursuites contre Mecattaf. Il l’a légendée: "Preuve de l’innocence de Michel Mecattaf". Commentant la décision, l’avocat a rédigé la phrase suivante: "Le procureur financier, qui est l’autorité pénale compétente dans les affaires bancaires et financières, a [par sa décision] démonté les fausses allégations des magistrats politisés de Baabda qui ont malgré tout maintenu la fermeture sous scellé de sa société pendant une année entière sans aucun fondement légal. Telle est la Justice de mon pays".

La réputation irréprochable de l’homme d’affaires conserve donc tout son éclat en dépit de la paralysie provoquée (et totalement injustifiée) de son entreprise pendant une durée d’un an, à une période particulièrement sensible pour le Liban et son économie. La justice libanaise aura en définitive innocenté Mecattaf de tous les chefs d’accusation portés contre lui, mais à quel prix?

À cet égard, il convient de rappeler que le harcèlement judiciaire du défunt ne se limitait pas uniquement à sa société; il s’était répété au point de dépasser le cadre de l’entreprise familiale de renommée internationale, aux 80 années d’expérience, pour passer vainement au jeune journal créé par l’homme d’affaires, Nida’ el-Watan. Michel Mecattaf était effectivement plus qu’un dirigeant d’entreprise à succès, il était un citoyen engagé, attaché à l’importance de la liberté de la presse qui a longtemps distingué le pays du cèdre des autres pays voisins. En fait, ce qui aux yeux d’un magistrat politisé et ses partisans (terme qui devrait être une absolue hérésie en matière judiciaire) était prétendument une quête de justice, s’est rapidement transformé en une chasse à l’homme, qui s’est manifestée au sein des deux institutions de Michel Mecattaf.

Alors que la démarche d’une partie du parquet consistait à faire croire que le dirigeant libanais était le prédateur, il est apparu au grand jour qu’il était en vérité depuis de très nombreux mois la proie d’une justice qui, lorsqu’elle est névrosée, peut dangereusement abandonner les sentiers du droit pour tomber dans une démagogie animée par une volonté pitoyable de destruction, pouvant dans les faits aboutir à l’irréparable. Mise en cause par de nombreux soutiens et amis du défunt, la procureure Ghada Aoun a rappelé dans un tweet que "le juge intègre qui croit en son message n’a pas d’ennemis et n’accomplit que son devoir, par respect pour son serment d’appliquer la loi et de poursuivre tout auteur d’une infraction pour protéger la société".

Alors par où commencer? Par se demander si l’expression d’un juge sur Twitter est compatible avec le devoir de réserve? Par se demander si un juge intègre n’a pas mieux à faire que de rédiger des tweets dans une République si gangrenée par des crimes et délits si répétés qu’ils font partie du quotidien des Libanais? Ou encore par se demander si le harcèlement injustifié et infondé de feu Michel Mecattaf a bien "protégé la société"?

Des professionnels de la déontologie répondraient que la société n’est protégée que lorsque chacun connaît et respecte les limites de sa profession. Elle est protégée au Liban par des hommes comme Michel Mecattaf qui y font prospérer des entreprises employant des dizaines de personnes, et surtout qui y font vivre les libertés publiques, à la tête desquelles se trouve la liberté d’expression dont découle celle de la presse. L’on pourrait se demander par ailleurs si un juge intègre est en droit de poursuivre l’examen d’un dossier après avoir été pourtant expressément dessaisi par son supérieur hiérarchique – en l’occurrence le procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate. Ou encore s’interroger sur le fait de savoir à qui un juge intègre devrait s’adresser lorsqu’il désire démissionner s’il n’est pas satisfait des nominations judiciaires proposées: le président de la République Michel Aoun comme cela avait été le cas pour Mme Aoun à l’époque, ou le Conseil supérieur de la magistrature comme c’est généralement le cas? Mais trêve de questionnements dans la République de l’irrationnel, et place à une parole qui pourrait éclaircir les choses.

Les observations d’Alexandre Najjar

Mettant en valeur le lien évident entre l’acharnement judiciaire dont Mecattaf a été victime et sa crise cardiaque, son avocat a souligné sur sa page Facebook:

"L’ami Michel Mecattaf est décédé d’une crise cardiaque. Cependant, je sais très bien que la pression morale et psychologique qui a été exercée sur lui par certains juges, qui s’inscrit dans une campagne politique planifiée, s’apparentant à de la persécution, et dans laquelle se sont directement impliquées des personnalités politiques connues pour leur haine, est venue à bout de son cœur."

Répondant aux critiques émises à l’égard du défunt sur le plan judiciaire, Me Najjar a rappelé: "Le parquet financier l’a totalement innocenté de tous les chefs d’accusation qui avaient été présentés contre lui, et ce dans une décision récente (datée du 16 février 2022, NDLR) dont il ressort qu’il a été prouvé que sa société n’a jamais transféré de fonds d’une manière contrevenant à la loi ou au contrôle des douanes, contrairement à ce qui a pu être allégué de façon diffamatoire".

Concernant le cas de Nida’ el-Watan, l’avocat a également clarifié que "la poursuite à laquelle a été confronté le journal pour des raisons politiques s’inscrivait également dans cette série d’intimidations, mais les juges du tribunal des imprimés ont refusé l’injustice et rejeté à deux reprises la demande". Et Me Najjar de conclure: "Adieu mon ami! Viendra un jour où nous témoignerons de la victoire de la justice neutre et indépendante".

Dans son célèbre discours sur l’abolition de la peine de mort, Robert Badinter déclarait: "Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue".

Cette semaine, c’est un innocent qui est mort au Liban, peut-être pas des suites mais en tout cas à la suite d’une prétendue quête de vérité, lancée par une certaine partie de la justice libanaise, et qui s’est révélée en tout point infondée.

Vivement une justice sereine et apaisée, loin des tentacules assassins de certains politiques rongés jusqu’aux os par un mal délirant; et, surtout, que l’âme de Michel Mecattaf repose en paix.