Face au réchauffement climatique qui s’amplifie, le monde est au pied du mur et doit prendre ses responsabilités a affirmé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres devant près de 100 chefs d’Etat réunis en Égypte pour la COP27.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

 

Le monde va droit au " suicide collectif " si vous n’agissez pas vite et fort face à la crise climatique qui s’accélère, a lancé lundi le patron de l’ONU aux grands de ce monde venus s’exprimer devant la conférence climat en Egypte.

" L’humanité a un choix : coopérer ou périr. C’est soit un Pacte de solidarité climatique, soit un Pacte de suicide collectif ", a lancé Antonio Guterres auprès de

100 chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Charm el-Cheikh au début de la COP27, qui durera jusqu’au 18 novembre.

 

" Nous sommes sur l’autoroute vers l’enfer climatique avec le pied toujours sur l’accélérateur ", a encore lancé, paraphrasant le groupe de hard rock australien AC/DC, le secrétaire général, dont les avertissements sur la gravité de la crise climatique deviennent de plus en plus stridents.

Car face à l’urgence, il s’agit de mettre le maximum de pression sur les pays pour qu’ils renforcent la lutte contre le réchauffement, malgré la " polycrise " qui accapare leur attention: guerre en Ukraine, crises énergétique et alimentaire, retour de l’inflation, récession qui menace…

Question déterminante

Si les autres crises passeront, le climat est " la question déterminante de notre temps ", qu’il serait " inacceptable, scandaleux et autodestructeur " de reléguer " au second plan ", a martelé M. Guterres.

Comme le montrent déjà ses impacts catastrophiques qui se multiplient : inondations dévastatrices, canicules, sécheresses mettant à mal les récoltes.

 

Les engagements actuels des pays sont pourtant loin d’être à la hauteur des objectifs de l’accord de Paris de 2015, pierre angulaire de la diplomatie climatique. À savoir contenir le réchauffement de la planète " nettement " sous +2°C par rapport à l’ère préindustrielle, et de préférence, +1,5°C.

Les dernières " contributions nationales ", si elles étaient pour une fois pleinement respectées, laisseraient au mieux le monde sur une trajectoire de +2,4°C d’ici à la fin du siècle, selon l’ONU.

 

Et avec les politiques menées actuellement, c’est même un catastrophique +2,8°C qui se profile.

Une des hypothèques pesant sur la lutte climatique est le regain de tension entre les deux plus grands pollueurs mondiaux, la Chine et les États-Unis. Leurs présidents ne se croiseront pas à Charm el-Cheikh, mais devraient se voir la semaine prochaine à Bali, au G20.

 

Le patron de l’ONU les a appelés à assumer leur " responsabilité particulière ".

" Payer leur part "

Tout comme le président français Emmanuel Macron, qui a lancé en marge de la COP : " Il faut qu’on ait les Etats-Unis et la Chine qui soient vraiment au rendez-vous ", en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de solidarité financière. Il a également appelé les pays riches non-européens à " payer leur part ".

 

Ce volet des finances, notamment l’aide des pays riches aux plus pauvres, les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement, mais souvent les plus exposés aux impacts, est un des dossiers les plus épineux à la COP27.

Pour la première fois, la question du financement des dommages déjà causés par le réchauffement sera ainsi à l’agenda officiel d’une COP.

 

Ils se comptent déjà en dizaines de milliards de dollars – plus de 30 par exemple, pour les récentes inondations qui ont mis sous l’eau un tiers du Pakistan – et devraient fortement croître.

Les pays vulnérables réclament un mécanisme de financement spécifique, auquel rechignent les plus riches, qui craignent de voir leur responsabilité mise en cause et arguent que le financement climat est déjà suffisamment complexe.

 

La COP27 ne débouchera pas sur une décision, les discussions devant se poursuivre à horizon 2024, ce qui exaspère certains militants, qui réclamaient une décision dès la COP27.

Car la confiance sur ces dossiers est au plus bas entre pays du Nord et du Sud, les riches n’ayant toujours pas tenu leur engagement de fournir en 2020 aux plus pauvres 100 milliards de dollars par an d’aide pour la réduction des émissions et l’adaptation aux effets du changement climatique.

 

Le président brésilien élu Lula, dont la victoire a redonné espoir aux défenseurs de l’Amazone, un des " poumons " de la planète, pourrait de son côté faire un passage à Charm el-Cheikh avant la fin de la conférence le 18 novembre.

Le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak s’exprimera également lundi pour plaider en faveur de la transition énergétique et défendre le bilan de son pays, qui avait présidé la dernière COP, où les objectifs de l’accord de Paris avaient été réaffirmés.

 

Il a assuré qu’il évoquerait par ailleurs lors de son déplacement le cas du détenu politique britannico-égyptien Alaa Abdel Fattah, en grève de la faim et qui a, selon sa famille, cessé de boire dimanche.

Selon l’ONG Human Rights Watch, les autorités égyptiennes ont interpellé des dizaines de personnes appelant à manifester en marge de la COP et restreint la possibilité pour les militants climatiques de s’exprimer ou manifester.

Avec AFP