Si le président Biden conserve le contrôle de la politique étrangère, il devra probablement composer avec le parti républicain, qui devrait prendre le contrôle de la Chambre des représentants. Sur la question ukrainien, les leaders républicains ont affirmé ne pas vouloir signer de " chèque en blanc " à l’Ukraine, et ont annoncé leur volonté de lancer plusieurs enquêtes sur les agissements de l’administration Biden. 

Joe Biden aura moins les mains libres pour imposer son agenda, dans la lutte contre le changement climatique par exemple, ou encore pour poursuivre l’aide massive des États-Unis à l’Ukraine. (AFP)

 

 

Plus compliqué sans doute mais pas un obstacle majeur: le président américain Joe Biden devra probablement composer avec l’opposition républicaine à l’issue des élections de mi-mandat de mardi mais restera maître du jeu.

Les résultats définitifs des élections se faisaient toujours attendre jeudi mais le président démocrate fait face à la perspective d’une Chambre des représentants aux mains des républicains. Le contrôle du Sénat, lui, était encore incertain.

Joe Biden aura du coup moins les mains libres pour imposer son agenda, dans la lutte contre le changement climatique par exemple, ou encore pour poursuivre l’aide massive des États-Unis à l’Ukraine.

Le chef de l’opposition républicaine à la chambre basse, Kevin McCarthy, pressenti au perchoir en cas de victoire confirmée, a averti qu’il ne signerait pas de " chèque en blanc " sur l’Ukraine.

Et son parti est traditionnellement hostile à la lutte contre le changement climatique, l’une des priorités majeures du président démocrate qui se rend justement jeudi en Égypte pour participer à la COP27.

Mais les républicains ont globalement apporté leur soutien à l’aide à l’Ukraine et la frange la plus extrémiste du parti ne s’est pas imposée aux élections de mardi.

Lors d’une conférence de presse mercredi, le président Biden a dit " espérer continuer cette approche approuvée par les deux partis pour confronter l’agression russe contre l’Ukraine " et indiqué qu’il réunirait les chefs de partis à son retour d’une intense tournée diplomatique.

" C’est ce à quoi je m’attends et, au fait, on ne signe pas de chèque en blanc à l’Ukraine ", a-t-il affirmé citant par exemple son refus de livrer certaines armes à Kiev.

La politique étrangère de Biden dans le viseur des républicains 
Républicains et démocrates s’accordent pour désigner Pékin comme la principale menace sécuritaire et économique pour les États-Unis. (AFP)

 

 

Outre l’Égypte, le chef de l’État se rend au Cambodge pour un sommet des pays de l’Asean ce weekend, puis à Bali, en Indonésie, pour un sommet du G20 la semaine prochaine.

Pour les experts, les républicains auront avant tout comme priorité d’ouvrir des enquêtes sur la présidence Biden, ce qui pourrait compliquer la tâche de l’appareil diplomatique américain.

" Ils n’auront pas les voix pour outrepasser un veto du président. Ils n’auront pas le pouvoir pour faire avancer fondamentalement leurs causes ", souligne Brian Finucane, un ancien diplomate ayant rejoint l’organisation International Crisis Group.

" Mais là où ils peuvent user de leur pouvoir, c’est en s’opposant à des initiatives du gouvernement ou en menant des enquêtes ", ajoute-t-il.

Tout particulièrement dans le viseur des républicains, le fiasco du retrait américain d’Afghanistan en août 2021, les origines et la gestion de la Covid-19 ou encore les activités du fils Hunter Biden.

" Tout ça, ça ressemble presque à une comédie ", a raillé le président mercredi.

En privé cependant, des diplomates américains redoutent que ces enquêtes n’accaparent " du temps et des ressources en plus ".

Convergence sur le rival chinois

 

 

Parmi les grands désaccords entre démocrates et républicains figure l’Iran, les conservateurs étant farouchement opposés à l’idée de ressusciter l’accord nucléaire de 2015 négocié par Barack Obama, et que le président Biden juge comme le seul moyen à terme de faire en sorte que l’Iran ne possède jamais une arme nucléaire.

En dépit d’un regain d’activité cet été, la diplomatie autour de cet accord est toutefois au point mort au moment où l’Iran réprime durement des manifestations de rue.

Les républicains devraient trouver en outre un allié de poids avec le retour au pouvoir en Israël de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Mais l’attention se focalise surtout sur la Chine et là, républicains et démocrates s’accordent pour désigner Pékin comme la principale menace sécuritaire et économique pour les États-Unis.

" Il n’y a pas beaucoup d’écart entre les républicains et l’administration Biden dès lors qu’il s’agit de la politique vis-à-vis de la Chine ", assure Anna Ashton, de l’Eurasia Group.

" Quoique fasse l’administration Biden pour se montrer ferme vis-à-vis de la Chine, les républicains diront probablement qu’il faut en faire plus ", ajoute-t-elle cependant.

Les tensions avec Pékin ont été à leur comble pendant la visite à Taïwan l’été dernier de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, mais le camp républicain ne s’y est pas opposé, au contraire.

Et d’influents parlementaires des deux partis prônent l’envoi d’une aide militaire directe à Taïwan, ce qui romprait avec des décennies de politique américaine.

Tous les regards seront tournés vers Bali lundi pour le premier face-à-face entre le président américain et son homologue chinois Xi Jinping.

Avec AFP