Invectives et noms d’oiseaux entre la Corée du Nord et l’ONU. À quelques heures d’une nouvelle réunion du Conseil de sécurité sur le sujet, Pyongyang a traité de " marionnette des États-Unis " le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Ce dernier avait eu l’audace de condamner le tir d’un missile balistique intercontinental par le régime de Pyongyang en passant sous silence les manœuvres militaires conjointes entre Séoul et Washington.

La Corée du Nord a traité de " marionnette des États-Unis " le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres pour avoir condamné le tir d’un missile balistique intercontinental (ICBM) par Pyongyang. Des critiques intervenant quelques heures avant une nouvelle réunion du Conseil de sécurité sur le sujet lundi.

" J’exprime mon profond regret du fait que le secrétaire général de l’ONU observe une attitude vraiment déplorable, oublieuse de l’objectif et des principes de la Charte des Nations unies et de sa mission même qui est de maintenir l’impartialité, l’objectivité et l’équité sur tous les sujets ", a déclaré la ministre des Affaires étrangères nord-coréenne Choe Son Hui, dans un communiqué cité dimanche soir par l’agence officielle KCNA.

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Antonio Guterres est la nouvelle cible des critiques nord-coréennes (AFP)

 

 

Vendredi, M. Guterres avait appelé la Corée du Nord à " renoncer immédiatement à tout nouvel acte provocateur " et à " respecter complètement ses obligations internationales découlant des résolutions du Conseil de sécurité " après le tir, le même jour, d’un ICBM qui est tombé au large du Japon.

Mme Choe s’est plainte du fait que le chef de l’ONU ait qualifié de " provocations " les essais de missiles par la Corée du Nord, et non les manœuvres militaires conjointes que mènent régulièrement dans la région les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon et qui, selon elle, " ont conduit à la situation actuelle de confrontation sur la péninsule " coréenne.

" Cela prouve clairement qu’il est une marionnette des États-Unis ", a-t-elle affirmé.

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La Corée du Nord multiplie les tirs de missiles balistiques ces dernières semaines. (AFP)

 

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir lundi pour discuter de la situation dans la péninsule coréenne, au moment où la Corée du Nord multiplie les tirs de missiles et est soupçonnée par Séoul à Washington de préparer un essai nucléaire.

KCNA a affirmé que le missile tiré vendredi était un ICBM de type Hwasong-17, surnommé " missile monstre " par les experts militaires. Des images diffusées par l’agence d’État nord-coréenne ont montré le dirigeant Kim Jong Un assistant en personne aux préparatifs du lancement, accompagné de sa fille dont l’existence a ainsi été confirmée pour la première fois.

Appelant le Conseil de sécurité de l’ONU à " répondre de manière appropriée " à ce tir, l’Union européenne a condamné " une action dangereuse, illégale et irresponsable ". Dénonçant également une action " irresponsable ", les ministres des Affaires étrangères du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) ont appelé à " une réponse unie et robuste de la part de la communauté internationale, y compris la nécessité pour le Conseil de sécurité de l’ONU de prendre des mesures significatives supplémentaires ".

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Après des tirs nord-coréens le 18 novembre, les États-Unis, le Canada, la Thaïlande, le Japon et la Nouvelle-Zélande ont tenu une réunion d’urgence, lors du sommet du G20 à Bali. (AFP)

 

 

Le Conseil de sécurité a adopté près d’une douzaine de résolutions imposant des sanctions à la Corée du Nord en raison de son activité nucléaire et de tirs de missiles depuis 2006.

Mais toute nouvelle sanction est improbable: la Russie et la Chine, qui critiquent aussi les manœuvres militaires de Washington dans la région, opposent leur véto à toute initiative en ce sens.

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Kim Jong-Un sur une piste de tir avec sa fille (AFP)

 

Séoul, Washington et Tokyo ont intensifié leur coopération militaire depuis que la Corée du Nord a proclamé, en septembre, que son statut de puissance nucléaire était " irréversible ", mettant fin à toute possibilité de dialogue sur son désarmement.

Les États-Unis et la Corée du Sud ont notamment mené fin octobre et début novembre leurs plus grandes manœuvres aériennes conjointes de leur histoire, déployant des avions furtifs et des bombardiers stratégiques.

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Un tir de missile nord-coréen (AFP)

 

La Corée du Nord, qui considère ce type de manœuvre comme des répétitions générales à une invasion de son territoire ou à une tentative de renversement de son régime, a répliqué en tirant durant les semaines qui ont suivi une copieuse salve de missiles balistiques, dont l’ICBM de vendredi.

Kim Jong Un a qualifié les manœuvres américano-sud-coréennes d' "exercices de guerre d’agression hystérique " et a promis de réagir " résolument aux armes nucléaires par des armes nucléaires et à un affrontement total par un affrontement sans merci ", selon des propos rapportés samedi par KCNA.

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Avec AFP