Pour de nombreux républicains, le nom de Trump n’est plus synonyme de victoire électorale: après trois défaites d’affilée, une part croissante du parti républicain affiche désormais noir sur blanc son aversion pour Donald Trump, et semble moins disposé à accepter ses scandales et outrances. Ron DeSantis, gouverneur de Floride, apparaît de plus en plus comme le rival du magnat de l’immobilier pour la primaire républicaine de 2024. 

La sous-performance républicaine aux élections de mi-mandat, largement attribuée à l’influence de M. Trump, pousse des figures de la droite américaine à sortir du bois. (AFP)

 

 

Il y avait ceux qui n’avaient jamais voulu le soutenir, il y a aujourd’hui les ex-fidèles devenus ses détracteurs: une part croissante du parti républicain affiche désormais noir sur blanc son aversion pour Donald Trump, vu comme l’artisan de défaites électorales à répétition.

Ces républicains fermaient les yeux sur ses outrances tant qu’il réduisait les impôts, nommait des juges conservateurs et, surtout, tant qu’il gagnait.

Mais la sous-performance républicaine aux élections de mi-mandat, largement attribuée à l’influence de M. Trump, pousse des figures de la droite américaine à sortir du bois.

" Je suis fier de ce qui a été fait – réforme fiscale, dérégulation, réforme de la justice ", a reconnu sur ABC Paul Ryan, figure républicaine et ancien président de la Chambre des représentants (2015-2019).

" Mais je fais partie de ceux qui disent +Plus jamais Trump+. Pourquoi? Parce que je veux gagner (lors des élections) et qu’avec Trump, nous perdons. Ça nous est apparu très clairement en 2018, 2020 et maintenant en 2022. "

Des conservateurs anti-Trump ont joué un rôle important dans les victoires démocrates de 2018, lors des élections de mi-mandat, et surtout de 2020, avec l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche.

Mais ils étaient vus comme des apostats par la direction d’un parti qui avait embrassé la veine tempétueuse et populiste de son leader, Donald Trump.

Des voix dissidentes au sein du parti républicain 

 

 

Les nouveaux critiques du trumpisme ne sont pas de simples électrons libres, mais bien des voix influentes, à même de dessiner l’avenir du " Grand Old Party "( GOP).

On y compte une poignée de gouverneurs, des anciens ministres et hauts responsables sous M. Trump et – inévitablement – de potentiels rivaux.

Ron DeSantis, réélu gouverneur de Floride le 8 novembre et vu comme son opposant le plus sérieux pour la primaire de 2024, se fait particulièrement discret sur Donald Trump à mesure qu’il se rapproche de sa popularité dans les sondages.

Une étude d’opinion Harvard CAPS-Harris place l’ancien président première victime des élections de mi-mandat, tout à l’inverse d’un Ron DeSantis triomphant.

" S’ils sont tous les deux candidats, ce sera un sacré match, et Trump pourrait bien perdre ", a estimé auprès du journal The Hill Mark Penn, l’un des auteurs du sondage.

Les regards se tournent désormais vers la Géorgie, où un candidat soutenu par l’ancien magnat de l’immobilier fait face au démocrate sortant lors d’un second tour pour un siège crucial au Sénat.

La définition de la folie 
Récemment de retour sur Twitter, le milliardaire a repris ses outrances habituelles sur les réseaux sociaux. (AFP)

 

 

Nommés par M. Trump quand il était au pouvoir, Mike Pompeo (CIA, secrétariat d’État) et Nikki Haley (représentation à l’ONU) se sont récemment éloignés de leur ancien patron. Chris Christie, lieutenant de la campagne victorieuse de 2016, a déclaré que le GOP " ne fait que perdre " en raison de la personnalité de Donald Trump.

Et avec la popularité croissante de Ron DeSantis, nombreux sont ceux qui craignent la création, par l’ancien président, d’un parti politique autonome en cas de défaite à la primaire républicaine pour 2024 – une virtualité effrayante pour le camp conservateur.

" La menace est simple: si l’ensemble du parti ne marche pas dans ses pas, il va brûler la maison toute entière en attirant ses troupes en dehors du GOP ", a déclaré Bill Barr, son ancien ministre de la Justice, au New York Post.

La prudence impose cependant de rappeler qu’à chaque cahot de sa présidence – deux procédures en destitution, enquêtes multiples, etc. – des républicains l’ont abandonné avant qu’il ne renaisse de ses cendres, plus populaire que jamais.

Mais à la différence d’hier, son nom ne sonne plus comme une promesse de victoire électorale.

" Cela fait, en gros, trois élections d’affilée qu’on perd à cause de Donald Trump, donc au troisième avertissement, dehors! ", s’exclamait sur CNN le gouverneur républicain sortant du Maryland, Larry Hogan.

" C’est la définition de la folie: faire la même chose, encore et encore, et espérer un résultat différent ", a-t-il ajouté. " Donald Trump a continué à dire: +Nous allons tellement gagner que nous serons fatigués de gagner+. Je suis fatigué de perdre. C’est tout ce qu’il a fait. "

Avec AFP