La situation continue de s’aggraver dans de nombreuses grandes villes de Chine mercredi, alors que les autorités ont prévenu, la veille, que la " répression " serait utilisée contre les manifestants. Depuis plusieurs jours, la population proteste contre les mesures sanitaires très strictes dans le pays.

Les tensions persistent en Chine où de nouveaux affrontements ont opposé manifestants et forces de l’ordre dans la nuit de mardi à mercredi malgré l’appel à la " répression " lancé par les autorités pour contenir le mouvement national de colère contre les restrictions sanitaires et pour plus de libertés.
Les autorités du pays sont confrontées au mouvement de contestation le plus étendu depuis les mobilisations pro-démocratie de la place Tiananmen en 1989, réprimées dans le sang.
Dans ce contexte, Charles Michel, le président du Conseil européen –l’institution représentant les États membres de l’Union européenne–, est attendu mercredi à Pékin où il rencontrera jeudi le président Xi Jinping, le Premier ministre Li Keqiang et le président du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire (ANP), Wu Bangguo.
Regular people in #China getting arrested, and their neck being kneeled on. They are left on the floor hands/feet bound while more are arrested#ChinaLockdownThread #chinalockdown #ChinaUprisingThread #China #ChinaProtests pic.twitter.com/W0DJpEHJZb
— Oʂɯαʅԃσ Rσყҽƚƚ (@oswaldosrm) November 30, 2022
Mardi, la Commission des affaires politiques et juridiques du Parti communiste chinois, qui supervise les forces de l’ordre, a estimé qu’il faut " réprimer résolument, conformément à la loi, les actions criminelles visant à briser l’ordre social et protéger avec détermination la stabilité sociale ".
La contestation survient après bientôt trois années de dures restrictions sanitaires contre le Covid et sur fond de frustrations de la population vis-à-vis du système politique chinois, un mois après la reconduction de Xi Jinping pour un troisième mandat inédit à la tête du pays.
À Pékin, Shanghai, mais aussi Wuhan, Canton et d’autres villes du pays, les manifestations ont éclaté ce week-end, prenant au dépourvu le puissant système sécuritaire chinois qui a depuis resserré la vis pour empêcher tout nouveau rassemblement.
#ChinaProtests2022 #ChinaUprisingThread
Shame on Chinese police…. Shame on Xi jinping….
Chinese police are a bunch of goons…. https://t.co/QPknsS9Jfn
— hema kumari (@tatvamsi007) November 30, 2022
Pourtant, de nouveaux heurts ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi entre manifestants et policiers à Canton (Sud), selon des témoins et des vidéos publiées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l’AFP.
Les images montrent des policiers vêtus de combinaisons intégrales blanches et équipés de boucliers anti-émeutes transparents, avançant en rangs serrés dans une rue du district de Haizhu, alors que des objets en verre sont projetés tout autour d’eux.
Sur les vidéos, géolocalisées par l’AFP, des cris sont entendus tandis que des barricades orange et bleues sont renversées par terre.
Protest, but do not commit crimes!
According to the Chinese constitution, demonstrations are not illegitimate, but your right, this should not be mixed with crimes.#CarefulProtesters #ChinaUprisingThread #China #ChinaProtests pic.twitter.com/kORilKpIBj— 247ChinaNews (@247ChinaNews) November 30, 2022
Des personnes sont aussi aperçues en train de lancer des objets sur la police puis, sur un autre extrait, une douzaine d’individus, les mains liées, semblent être arrêtés par les forces de l’ordre.
Un habitant de Canton, qui a seulement donné son nom de famille – Chen -, a raconté à l’AFP avoir vu une centaine d’agents de police converger vers le village de Houjiao, qui fait partie du district de Haizhu, et arrêter au moins trois hommes mardi soir.
Le district de Haizhu à Canton, où vivent plus d’1,8 million de personnes, est l’épicentre d’un nouveau foyer de cas de Covid-19 et placé en confinement depuis fin octobre.
in China, dictatorship is at its highest level
(sound on)#ChinaProtests #China #chinalockdown #ChinaProtest2022 #ChinaUprisingThread #ChinaRevolution #COVID19 #COVID #COVIDisAirborne pic.twitter.com/jzcPrIusXI— Dealer of truth (@Dealeroftruth12) November 30, 2022
L’élément déclencheur de ces mobilisations à travers le pays a été l’incendie d’un immeuble d’habitation à Urumqi, capitale de la région du Xinjiang (Nord-Ouest), qui a fait 10 morts.
Des internautes ont accusé les restrictions sanitaires en vigueur dans la ville d’avoir empêché l’arrivée rapide des secours, un argument balayé par les autorités.
Mais les manifestations ont vite pris une tournure politique, certains demandant le départ de Xi Jinping.
Riots broke out in city of Guangzhou, China last night #Chine #ChinaProtest2022 #China #chinaprotest #ChinaUprising #chinalockdown pic.twitter.com/xcNyP65SDO
— Flash News (@flash_news11) November 30, 2022
Une forte présence policière à Pékin et Shanghai a découragé toute tentative de manifestation dans ces deux villes.
Mais d’autres rassemblements ont pu avoir lieu, lundi et mardi.
Au sein de la plus ancienne université de Hong Kong, plus d’une dizaine de personnes ont entraîné la foule à chanter des slogans comme " donnez-moi la liberté, ou donnez-moi la mort ".
Ce n’est pas un film, ces horreurs sont bien réelles des ordures sont capables de ces atrocités en pleine rue Chine : La police Covid a attrapé la femme, lui a tordu les mains et a fait un sondage anal. Bientôt dans un pays près de chez vous à moins que vous ne résistiez pic.twitter.com/e1AcG4Xkoi
— 🍓Sined Warrior🐭🍓 (@SinedWarrior) November 28, 2022
" Nous ne sommes pas des forces étrangères, nous sommes des citoyens chinois. La Chine devrait permettre des voix différentes ", a lancé une manifestante.
À Hangzhou, à 170 kilomètres au sud-ouest de Shanghai, de petites manifestations ont éclaté lundi soir, malgré le dispositif policier.
Le contrôle strict des autorités sur l’information et les restrictions sanitaires sur les voyages à l’intérieur de la Chine compliquent l’évaluation du nombre total des manifestants à travers le pays.
" So you disagree with the supreme leader’s Zero Covid policy?! " China policy paid a friendly visit to someone talking shit on sns.#Chine #ChinaProtest2022 #ChinaUprising #chinalockdown #chinaprotest #ChinaRevolution pic.twitter.com/Ld716Ifeoz
— Flash News (@flash_news11) November 30, 2022
Mais un soulèvement aussi étendu est rarissime en Chine, compte tenu de la répression contre toute forme d’opposition au gouvernement.
Si Pékin maintient pour l’instant sa stricte politique face au Covid, quelques gestes d’assouplissement sont apparus ces derniers jours, tandis que les autorités ont promis d’accélérer la vaccination des personnes âgées.
Le taux insuffisant de vaccination en Chine, particulièrement chez les plus âgés, est l’un des arguments mis en avant par le gouvernement pour défendre ses mesures.
Y remédier pourrait offrir à la Chine une porte de sortie au " zéro Covid ".
Avec AFP