Douze civils ont été blessés jeudi par des fragments de drone tombés sur un aéroport saoudien après une attaque déjouée des rebelles yéménites, au moment où les combats s’intensifient au Yémen voisin.

Les rebelles yéménites Houthis, proches de l’Iran, lancent régulièrement des attaques de drone et de missiles contre le riche royaume saoudien, qui dirige une coalition militaire depuis 2015 au Yémen pour appuyer les forces gouvernementales face à ces insurgés.

" Douze civils de nationalités différentes ont été blessés à l’aéroport d’Abha (après que) la défense saoudienne a détruit un drone lancé dans (sa) direction ", a déclaré la coalition, citée par l’agence de presse officielle du royaume, SPA.

Elle a parlé plus tard " d’un drone chargé d’une bombe " et accusé les rebelles.

Ces derniers ont revendiqué l’attaque, disant avoir visé un " site militaire important ". " Nous réitérons notre avertissement aux citoyens (d’Arabie saoudite) de rester à l’écart des sites militaires ", a tweeté Yahya Saree, le porte-parole militaire des Houthis.

Plus tôt dans la journée, l’agence de presse saoudienne avait indiqué que des fragments du drone étaient " tombés " dans la zone de l’aéroport international.

Il est précisé qu’outre deux Saoudiens, des ressortissants de plusieurs pays asiatiques avaient été blessés.

" Nous prendrons des mesures (…) fermes pour répondre à la menace visant les aéroports civils et les voyageurs ", a assuré la coalition.

" Le trafic aérien s’est arrêté pendant une courte période avant de reprendre ", a indiqué à l’AFP un responsable de l’aéroport ayant requis l’anonymat.

En riposte, la coalition a annoncé qu’elle allait " bombarder " des sites d’où les rebelles lancent des drones dans la capitale yéménite Sanaa, aux mains des Houthis.

" Nous demandons aux civils de Sanaa d’évacuer dans les 72 prochaines heures les sites civils utilisés à des fins militaires ", a prévenu la coalition citée par SPA.

Situé dans le sud-ouest saoudien, près de la frontière avec le nord du Yémen largement contrôlé par les Houthis, l’aéroport d’Abha est souvent pris pour cible par ces derniers, dont les attaques font rarement des victimes.

A Jazane, une région frontalière du Yémen, fréquemment ciblée elle aussi, deux personnes ont péri et sept ont été blessées fin décembre, dans la première attaque meurtrière revendiquée par les Houthis dans le royaume saoudien en plus de trois ans.

Les Etats-Unis condamnent " fermement " l’attaque " terroriste ", a indiqué dans un communiqué le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche Jake Sullivan.

Cette dernière attaque en date des Houthis intervient au moment où le conflit au Yémen connaît une recrudescence des violences ces derniers mois, avec notamment une intensification des raids aériens menés par la coalition.

Depuis janvier, les rebelles de leur côté multiplient les frappes sur les Emirats arabes unis, pilier de la coalition fortement impliqué dans les récentes offensives des forces loyalistes au Yémen. Le 17 janvier, une attaque sur Abou Dhabi avait fait trois morts et six blessés.

Au Yémen, le nombre de civils tués ou blessés a lui " presque doublé " depuis l’éviction controversée en octobre dernier d’experts onusiens chargés d’enquêter sur les violations des droits humains dans ce pays, a dénoncé jeudi l’ONG Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).

Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU avait refusé le 7 octobre 2021 de prolonger le mandat de ces experts, des ONG accusant l’Arabie saoudite d’avoir tout fait pour obtenir ce rejet.

" La suppression de cet organe essentiel d’enquête sur les droits humains nous a ramené à des violations horribles ", a déploré dans un communiqué Erin Hutchinson, directrice de NRC au Yémen.

Créé en 2017, le groupe d’experts onusien avait accusé tous les belligérants d’avoir commis une " multitude de crimes de guerre " au Yémen : raids frappant les populations civiles, utilisation de la famine comme arme de guerre, torture, viols, détentions arbitraires, disparitions forcées, recrutement d’enfants soldats de moins de 15 ans.

Au total, au moins 377.000 personnes ont été tuées en sept ans de conflit selon l’ONU, une grande majorité en raison des conséquences indirectes des combats, comme la faim et les maladies. Le pays le plus pauvre de la péninsule arabique connaît l’une des pires catastrophes humanitaires au monde.

AFP

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